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Éruption volcanique en Islande: comment les autorités tentent d'arrêter la progression de la lave

Les services de secours construisent des murs de protection en terre pour dévier la coulée de lave en Islande près de Grindavik, le 14 janvier 2024

Les services de secours construisent des murs de protection en terre pour dévier la coulée de lave en Islande près de Grindavik, le 14 janvier 2024 - HALLDOR KOLBEINS / AFP

Les Islandais tentent par tous les moyens de freiner la coulée de lave qui menace la ville de Grindavik et a déjà détruit plusieurs habitations.

Un combat de David contre Goliath. Au sud-ouest de l'Islande, les habitants assistent inquiets à une nouvelle éruption volcanique, la cinquième en trois ans sur l'île.

Sortant par deux fissures, la lave du volcan qui s'est réveillé dimanche a mis le feu à trois habitations du port de pêche de Grindavik, dont les habitants avaient été évacués quelques heures plus tôt.

Dévier la coulée de lave

Pour tenter de limiter les dégâts dans la ville, les autorités comptent sur des "murs de défense" construits il y a déjà plusieurs mois, alors que la menace d'une éruption grandissait.

"Ce sont de grandes mottes de terre et de pierres censées dévier la lave de sa trajectoire. Les Islandais avaient utilisé la même technique lors de l'éruption du Fagradalsfjall en 2021", décrypte pour BFMTV.com le volcanologue Jacques-Marie Bardintzeff, chercheur à l'université Paris-Saclay.

Ces monticules hauts et larges de quelques mètres doivent être suffisamment longs "pour encadrer la coulée, sinon la lave contourne l'obstacle", ajoute le spécialiste. L'efficacité de l'édifice dépend in fine de la puissance de l'éruption.

"Chaque maison sauvée est une victoire"

"Le mur de défense a pu dévier une grande partie de la lave de la fissure la plus au nord, le long de son côté et loin de la ville", indique le média de service public islandais Ruv, estimant que le dispositif avait "prouvé leur utilité".

Toutefois, "une partie de cette fissure et la totalité de la deuxième fissure, plus petite, sont malheureusement entrées en éruption à l'intérieur des murs de défense", poursuit Ruv. S'il est illusoire de croire qu'on peut remporter la bataille contre la nature, "chaque mètre gagné, chaque maison sauvée est déjà une victoire", insiste Jacques-Marie Bardintzeff.

Ce lundi matin, des bulldozers s'activaient encore pour renforcer les murs, selon Ruv. La veille, des ouvriers avaient pris d'importants risques pour évacuer des pelleteuses rattrapées par la lave, comme le montre la télévision islandaise.

Une autre technique, pas encore utilisée par les autorités islandaises, consiste à arroser abondamment le front de la coulée de lave avec de l'eau de mer pour la refroidir et la figer. C'est la méthode qui avait été employée en 1973 lors de l'éruption de l'Eldfell sur l'île islandaise d'Heimaey.

L'éruption volcanique plus calme

L'activité volcanique dans le sud-ouest de l'Islande semblait à la mi-journée s'être calmée, a indiqué lundi la protection civile islandaise. "La nuit s'est déroulée sans incident", a déclaré sa porte-parole Hjördis Gudmunsdóttir. "Nous sommes allés observer (le site de l'éruption, ndlr) et nous pouvons dire" que le flot de lave y est moins important, a-t-elle assuré.

Le déplacement de magma provenant de la deuxième fissure, plus petite, semble s'être arrêté, a-t-elle encore ajouté.

La ville de Grindavik, qui abrite habituellement près de 4.000 habitants, avait été évacuée une première fois le 11 novembre par précaution après des centaines de séismes provoqués par le déplacement du magma sous la croûte terrestre - signe précurseur d'une éruption volcanique.

Ils avaient ensuite pu retourner brièvement chez eux peu après l'éruption du 18 décembre et de façon permanente le 23 décembre, mais seuls quelques dizaines d'habitants avaient choisi de se réinstaller à Grindavik.

Trente-trois systèmes volcaniques sont considérés comme actifs en Islande, région la plus volcanique d'Europe.

François Blanchard