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Published on Feb 25,2016
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On ne vous avait jamais parlé d’art comme ça…www.artsmagazine.fr Mars-Avril 2016 - N°101EXPOSSélection L’ŒIL EN COIN L 16009 - 101 - F: 7,50 - RDdu printemps Comment les Bel/Lux : 7,90€ - Dom/s : 7,90€ - Cal/s : 950 CFP - Port.Cont : 7,90€ - Mar : 70 Mad - Can/s : 11,99 $CAD avant-gardes ont disparu La chronique de Frédéric TADDEÏ Sur les traces de LUCKY LUKE MODIGLIANI portraitiste de la bohème parisienneL’EXPRESSIONNISMEétait-il un «art dégénéré»?VISITE ENTRETIEN VOYAGE TALENT La 3èmeLe Temps des Daniel Buren MOSCOUCollections, carrefour Dimensionà Rouen, par «Mes œuvres sont de l’artAgnès Jaoui contemporain de Della la réponse à Giustina une invitation»

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La création 6 mars >5 juin 2016 artistique coréenne Bignan (56) www.kerguehennec.fr s’invite en MorbihanHA Chong Hyun, Conjunction 09-004, 2009, huile sur chanvre, 180 x 120 cm. Courtesy Kukje Gallery

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ÉDITO www.artsmagazine.fr «L’art est ce qui rend la vie plus intéressanteADMINISTRATION que l’art…»a célèbre phrase de RobertDirecteur de la rédaction :Frédéric Benoit Filliou, ce «génie [email protected] talent» comme il se défi-Directeur commercial :Bruno Renout L nissait lui-même, se révè[email protected] une vérité qui va au-delàCOURRIER DES LECTEURS des époques et des modes. Avant [email protected] / s’imposer, chaque nouveau courantRÉDACTION artistique doit d’abord faire face à15, rue Girard - 93100 Montreuil l’incompréhension, voir à l’hostilitéTél. : 01.77.56.77.00 de ses contemporains. Ainsi, les ex-Rédactrice en chef pressionnistes, s’ils ont eu le soutienIsabelle Goubier : [email protected] de quelques galeries d’avant-garde,Conseiller de la rédaction sont restés longtemps inconnus etPascal Rosier : [email protected] leurs œuvres ont même été qualifiéesChroniqueur «d’art dégénéré», par le régime naziFrédéric Taddeï : [email protected] il est vrai. Aujourd’hui, tout le mondeJournalistes est bouleversé par la capacité de dire Mais pour recevoir ce que l’art aÉlise Forestier : [email protected] tant avec si peu, comme Van Gogh qui à offrir, il faut aussi que le spectateurSéverine Germain-Guéroult : [email protected] disait «essayé d’exprimer les terribles conserve sa capacité d’émerveillement.Louise Roumieu : [email protected] passions de l’humanité au moyen du Comme le dit si joliment l’actrice etMarie Simonnetti : [email protected] rouge et du vert». réalisatrice Agnès Jaoui, invitée deLionel Dupré, Thibault Girardet, Margaux Lidon, l’événement «Le Temps des Collec-Diane Zorzi Être incompris est-il le lot de tous tions» qui, à travers de nombreux pro-Secrétaire de rédaction : Jehanne Lghachi les artistes ? Ainsi, Daniel Buren, à qui jets et expositions, permet de découvrirCorrectrice/Assistante de fabrication : Riana Ralijaona le Palais des beaux-arts de Bruxelles autrement la richesse des musées deFABRICATION consacre une impressionnante rétros- Rouen : «J’étais comme une petiteMaquettistes : Christophe Bouillet, Claire Doyhénart pective, a souvent reçu un accueil pour fille qui ouvre la porte d’un châteauCouverture : Christian Della Giustina le moins mitigé, déclarant à l’époque : mystérieux et découvre tel tableauPUBLICITÉ «Souvenez-vous des cris contre Ma- puis tel autre...».MédiaObs lraux quand on a ravalé Paris, villeTél. : 01.44.88.97.70 noire qui est devenue chou à la crème. Au-delà de l’émotion esthétique,e-mail : [email protected] C’était un tollé général, comme main- chaque œuvre nous plonge dans01.44.88 suivi des 4 chiffres entre parenthèses Marianne Rosenstiehl - http://www.marianne-rosenstiehl.com tenant. Les gens qui vomissaient sur l’univers intérieur de l’artiste : avecDirectrice générale : Corinne Rougé (93.70) mes colonnes sont les petits-enfants l’Implorante, Camille Claudel évoqueDirectrice de la clientèle : Pauline Petiot (89.29) de ceux qui crachaient sur Renoir». sa passion tumultueuse avec Rodin ;DIFFUSION Pour faire face à la critique, il faut à l’Autoportrait à l’auréole de GauguinVentes au numéro l’artiste une grande force de caractère met en exergue l’ambivalence duServices des ventes, réassorts, partenariats et la certitude d’avoir quelque chose à peintre, entre sainteté et damnation. EnPagure Presse dire, comme l’affirmait Daniel Buren à peignant la montagne Sainte-Victoire,12, place Henri-Bergson - 75008 Paris l’époque : «Je n’expose pas des bandes Cézanne nous invite à l’accompagnerTél. : 01.44.69.82.82 rayées, mais des bandes rayées dans dans ses souvenirs d’enfance. Déci-Bernard Lhermite : [email protected] un certain contexte». L’avenir lui aura dément, l’art rend bien la vie plusÉric Boscher : [email protected] donné raison. intéressante...N° de commission paritaire : 0318 K 86775N°ISSN : 1765-3711 Directeur de la rédactionDépôt légal à parutionABONNEMENTS [email protected] press SAS19, rue de l’Industrie - BP 90 053 - 67400 IllkirchTél. : 03.88.66.86.10e-mail : [email protected] à la nouvelle formule de 6 numéros : 32,50 e Pour cela, envoyez-nous vos coordonnées, sur papier libre, avec votre règlement à : ARTS MAGAZINE - Abopress - 19, rue de l’Industrie - 67400 Illkirch Tél. : 03.88.66.86.10 - e-mail : [email protected]. COURRIER DES LECTEURS p112 ARTS MAGAZINE est édité par Millenium Media LTD Units 15&16, 7 wenlock road, N17SL London, UKCe numéro comprend un encart d’abonnement.Ce numéro comporte 116 pages foliotées de 1 à 116 et a ététiré à 103.380 exemplaires. ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 3

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N°101 - MARS - AVRIL 2016 SOMMAIRE 48 26 ©RMN-Grand Palais / Gérard Blot70 72 14 © Metropolitan Museum of Art, New York ©DB-Adagp Paris La vie de l’art, L’actualité L’INVITÉ 40. Jorge Colomina, le soleil dans la tête 14. Daniel Buren6. Événements, chiffres, succès… … ou l’impossible rétrospective 44. Émilie Ménard, lumière sur la féminité L’art chez vous Dans les galeries INCOLLABLE SUR… 48. L’expressionnisme, d’intenses 34. Balibart. 16. Le «Monde du ticqueur» selon émotions Tirages d’art en Christian Fogarolli - Gainsbourg, 25 ans… édition limitée. déjà ! - L’étonnant bestiaire de Nicolas Portfolio Marang - Un super-héros dans le Marais 46. Artistics. 56. Ceramix, de Rodin à Schütte En quelques clics, Rencontre découvrez PARLONS-EN le travail des artistes 24. François Tajan, Artcurial 60. Le Temps des Collections contemporains sélectionnés Événement DÉCODER par le galerie d’art en 66. Paul Gauguin, Autoportrait ligne Artistics… et 26. Les expos du printemps à l’auréole achetez les œuvres en toute confiance. Parlons-en ! 68. William Turner, Pluie, vapeur, vitesse 36. Christian Della Giustina, une autre dimension4 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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Raphaële Kriege 40© Xavier Eeckhout 56 86Lucky Comics 2015 78 70. Camille Claudel, L’implorante Arts & Business 16 72. Paul Cézanne, Mont Sainte-Victoire 92. Faux, escroqueries, manipulations… Prochain numéro et viaduc de la Vallée de l’Arc L‘arnaque de l’art en kiosque le 21 avril 2016 Tout Savoir sur… Agenda 74. Modigliani, portraitiste de la bohème 97. Nord, Sud, Est, Ouest… parisienne Région par région, en France et au-delà des frontières L’art dans la vie Shopping 78. Sur les traces de Lucky Luke 108. Ça, c’est Paris ! Rendez-vous au… 110. Géométrie variable 82. Caumont Centre d’Art, Courrier des lecteurs un hôtel si particulier 112. Vous nous avez écrit… L’art en voyage L’œil en coin 86. Moscou, carrefour européen DE FRÉDÉRIC TADDEÏ de l’art contemporain 114. Comment les avant-gardes ont disparu ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 5

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L’actualité ©Géraldine DanonFESTIVAL Photo de MerDu 1er avril au 1er mai, le les mers qui nous entourent, et tellement universelle. La du port notamment avec, une Festival Photo de Mer à travers des centaines de belle idée de ce Festival est fois encore, la promesse de de Vannes revient pour clichés pris des quatre coins de rassembler ces différences belles surprises, notammentune 12ème édition. Depuis 12 ans, du monde. Chacun aborde la pour en faire des rencontres l’exposition «Fleur Australe»plus de 170 photographes mer à sa manière : en loisir, entre le photographe et le du navigateur français Philippedu monde entier ont livré par passion, comme lieu de public. En 2016, le Festival Poupon et de la comédienneleurs regards sur la planète travail, de souffrance parfois. revient aux grands formats Géraldine Danon, tous deuxbleue, montré la mer, toutes Elle est d’une richesse inouïe sur les remparts et l’esplanade amoureux de la mer. BATAILLE LE CHIFFRE À QUI APPARTIENT LE BUSTE 1,5 MILLION de visites… DE FEMME DE PICASSO ? … au MuCEM L’Américain Larry Gagosian, le marchand d’art le plus puissant au monde, et le Qatar, l’un des collectionneurs En 2015, le MuCEM a accueilli les plus actifs, réclament tous deux la propriété de la 1,5 million de visiteurs, dont sculpture réalisée par Picasso en 1931 Buste de femme 539.000 dans ses espaces (Marie-Thérèse). Les seconds affirment avoir acheté payants. Après l’effet d’ouverture, la sculpture en 2014 pour 38 M€ par l’entremise des le MuCEM atteint aujourd’hui courtiers Connery Pissarro Seydoux. En avril 2015, son rythme de fréquentation «de l’avocate de Maya Widmaier-Picasso a fait annuler croisière». Cette fréquentation, en dépit de la baisse qui a suivi le contrat invoquant la santé mentale de sa cliente. Le les dramatiques événements du 13 novembre, reste au-dessus premier a acheté l’œuvre 106 M$ en octobre 2015. des objectifs estimés à 350.000 visites par an avant l’ouverture du musée et place le MuCEM parmi les musées français les plus Résultat ? Le Qatar a lancé une procédure contre fréquentés. Preuve que le MuCEM a su réellement se faire une Maya Picasso en France et Connery Pissarro place au cœur du territoire et dans celui de ses habitants, 30% des Seydoux en Suisse… et Gagosian contre la société visiteurs sont des habitants des Bouches-du-Rhône. 86% des visiteurs britannique Pelham, bras armé du Qatar. À ce résident en France. Hors région Provence-Alpes-Côte d’Azur, les différend commercial que va devoir dénouer visiteurs parisiens, franciliens et rhônalpins sont les plus présents. la justice s’ajoute l’histoire familiale difficile 14% sont des visiteurs étrangers. Deux nouvelles programmations à démêler. Comment une œuvre a-t-elle pu ont attiré un public jeune : «Plan B», une manifestation du 24 juillet être vendue 2 fois, à des prix aussi différents, au 2 août offrant au public une alternative aux loisirs habituels par 2 membres d’une même famille, Olivier des vacances avec une palette d’activités culturelles ouvertes à Widmaier-Picasso, fils de Maya, avec le Qatar tous ; les «Nuits vernies», un concept de soirée organisée jusqu’à et Diana, sa fille, avec Gagosian ? 1 heure du matin autour de la découverte d’une exposition.6 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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PARTENARIAT RÉOUVERTURE Start-up et musée, LE MUSÉE UNTERLINDEN une belle association DE COLMAR ROUVRE SES PORTESPendant 6 mois, l’équipe de la jeune accessible, plus innovante… Désormais, start-up Artips s’est transformée en les visiteurs peuvent découvrir 20 secrets Créé en 1853, Sherlock Holmes pour enquêter sur les captivants et originaux sur les œuvres du le muséemeilleures histoires du palais des Beaux-Arts musée, son architecture, son histoire. Une Unterlinden,de Lille pour envisager la médiation culturelle narration à même d’emporter l’adhésion et rénové, a rouvert sessous un angle nouveau, celui du storytelling, de donner envie de découvrir les œuvres, de portes le 23 janvieret proposer au public une nouvelle façon partager, d’en parler… À découvrir sur le dernier, après 3 ans dede découvrir le musée, plus intuitive, plus site Internet du palais depuis fin janvier. travaux. Le projet a été mené par les architectes Herzog & de Meuron. Le lieu est notamment connu pour abriter le Retable d’Issenheim, du nom du village alsacien pour lequel le peintre allemand Matthias Grünewald l’a créé, au début du XVIème siècle. Situé dans un couvent du XIIIème siècle, il a été étendu jusqu’à un 2ème édifice, les anciens bains municipaux. 9ÈME ART LES BD AUX ENCHÈRES NOMINATION Nouvelle tête au musée RodinChristine Lancestremère, conservatrice en chef au musée des Monuments français, responsable dela galerie des moulages, prend la tête des collections du musée Rodin, en remplacement d’AlineMagnien, désormais directrice du laboratoire de recherche des monuments historiques. ChristineLancestremère est une spécialiste de la conservation du plâtre. Diplômée de l’École du Louvre etde l’École nationale du patrimoine, elle a commencé sa carrière en 1996 comme conservatriceau Musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau, puis comme conseillère scientifiqueà l’association de préfiguration de l’INHA avant de rejoindre le Centre de recherche et derestauration des musées de France. Elle a participé au commissariat de plusieurs expositions etpublié de nombreux articles scientifiques.CHUTE LE MARCHÉ DE L’ART EN PÉRIL ? La BD a toujours couverture de Gaston la cote, comme Lagaffe, Gala de gaffesPour la première fois depuis 5 ans, soudaine alors que, depuis 5 ans, les prix n’ont en témoignent les (estimée entre 100.000le marché de l’art chute. En effet, fin pas arrêté de s’envoler ? Nul doute que les nombreuses ventes aux et 120.000 €), unejanvier, dans un communiqué, la maison experts auront tous un avis… parfois contraire ? enchères du printemps planche des Lauriersde ventes aux enchères Christie’s a organisées par les de César, 18ème albumannoncé que les ventes des œuvres d’art célèbres maisons. d’Astérix (estiméeen 2015 ont chuté. Les revenus de la Artcurial ouvre le bal le entre 100.000 etmaison britannique ont ainsi baissé de 30 avril en proposant 110.000 €…).5% par rapport à 2014, passant de 5,1 à la vente des dessins Comme chaqueà 4,8 Mds£. Après les ventes record en de Hergé, dont certains année, Millon devrait2015, notamment le tableau de Picasso pourraient dépasser organiser une vente deLes Femmes d’Alger adjugé à 179 M$ 1 M€. Sotheby’s planches de BD avantet le Modigliani Nu couché vendu à poursuit le 14 mai, l’été avec des auteurs170,4 M$, cette annonce soulève suivie par Christie’s franco-belges. Enfin, lequelques interrogations : la bulle des le 21 mai qui met en 16 juin, ce sera au tourprix est-elle en train d’éclater ? Sommes- vente à Paris 150 de FauveParis avec unenous véritablement face à un ralentissement du pièces réunies par partie de la collectionmarché de l’art ? Comment expliquer cette chute le galeriste Daniel personnelle de l’éditeur Maghen, dont la Jacques Glénat. ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 7

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L’actualitéINVITÉOlafur Eliasson à VersaillesDepuis 2008, le château de les astres peuvent se rencontrer, Versailles organise chaque année une exposition consacrée à un l’horizon se dérober, et toutesartiste français ou étranger. Jeff Koons en2008, Xavier Veilhan en 2009, Takashi nos perceptions se brouiller.Murakami en 2010, Bernar Venet en2011, Joana Vasconcelos en 2012, L’homme des lumières va faireGiuseppe Penone en 2013, Lee Ufan en2014 et Anish Kapoor en 2015, tous danser les lignes chez le Roiont établi un dialogue original entre leursœuvres et le château et les jardins de Soleil», a déclaré Catherine Olafur EliassOn.Versailles. Cette année, c’est l’artiste danois Pégard, présidente du châteauOlafur Eliasson, connu pour ses installationsspectaculaires comme la très populaire The de Versailles. Le travail d’Olafur Eliassonweather project (2003) dans le Turbine Hallde la Tate Modern, à Londres, ou The New sonde la perception, le mouvement,York City Waterfalls (2008), 4 grandescascades artificielles installées sur les l’expérience physique et le sentiment deberges de Manhattan et Brooklyn, qui seral’invité du château. «Avec Olafur Eliasson, soi. «Je suis enthousiasmé de travailler dans un lieu aussi emblématique que Versailles. Le château et ses jardins sont si riches de sens et d’histoire, de politique, de rêve, de vision, c’est un défi exaltant de créer une intervention artistique qui modifie le société et de l’unité des hommes. C’est très sentiment des visiteurs et offre un point de inspirant d’avoir à travers l’art l’opportunité vue contemporain sur cet héritage fort. Je de coproduire la perception actuelle de considère que l’art est un coproducteur Versailles», explique Olafur Eliasson. On du réel, de notre sens du présent, de la pourra admirer son œuvre l’été prochain. EN BREF INITIATIVE L’ART DANS LE RER SNCF – Gaumont / Création : AdKeys La galerie Triple V vient d’inaugurer un C’est sur les rails, à bord d’un train de la ligne D, au cœur mêmenouvel et second espace au 5, rue du Mail, du réseau francilien, que le publicprès de la place des Victoires, dans le IIème peut voir l’exposition «Gaumont», une rétrospective sur 120 ansarrondissement de Paris.  Depuis le 20 d’histoire du cinéma. Affiches de films, photographies de starsjanvier, le musée Chagall de Nice a rouvert et appareils cinématographiques ont pris place à l’intérieur deses portes après une période de fermeture, 2 rames de la ligne D pour offrir une promenade itinérante à traversce qui a permis la restauration des tableaux le 7ème art. 120 ans de magie et de rêves à découvrir depuis ledu cycle du Cantique des Cantiques.  Aux 28 janvier et pour une durée de 2 ans, entre Creil et Melun, enMusées royaux des beaux-arts à Bruxelles, passant par le Stade de France, les gares du Nord et de Lyon ouplusieurs œuvres ont dû être retirées et encore Châtelet – Les Halles.remplacées en raison d’infiltrations d’eau. LES PHOTOGRAPHIQUES LA PHOTOGRAPHIE «HUMAINE» ET SOLIDAIRE Comme chaque année depuis l’héritage de la photographie humaniste leurs bonheurs et leurs colères ? Les plus de 30 ans, l’association dans la photographie contemporaine. photographes invités apportent, Festival de l’image organise «Les Quel espace trouvent aujourd’hui les chacun à leur manière, des éléments Photographiques», du 5 au 27 mars, photographes pour une photographie de réponse à ce questionnement, en divers lieux de la ville du Mans, «humaine» et solidaire ? Quels rapports renvoyant les «regardeurs» que nous invitant une quinzaine de créateurs tissent-ils avec leurs interlocuteurs sommes à nos propres visions du locaux, nationaux et internationaux, pour raconter, sans voyeurisme, la monde. Toutes les expositions seront reconnus ou émergents, autour d’une vie de gens ordinaires ? Quelles présentées en accès libre et gratuit thématique annuellement renouvelée. formes inventent-ils pour nous rendre dans divers lieux de la ville ainsi qu’à Cette année, l’événement interrogera sensibles leurs douleurs et leurs espoirs, Arnage, Allonnes et Fillé-sur-Sarthe.8 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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L’actualité ACQUISITIONS PHOTODeux Rembrandt au Louvre Ai Weiwei va-t-il trop loin ?Fleur Pellerin et Jet Bussemaker, son homologue Sa photo fait polémique… et des droits de l’homme, l’artistenéerlandaise, ont signé un accord entérinant l’achat par Immobile, face contre terre, Ai chinois s’est engagé aux côtés desla France et les Pays-Bas de 2 tableaux de Rembrandt, Weiwei pose échoué sur une réfugiés, au point d’avoir installé unmis en vente par la famille Rothschild pour 160 M€, plage de Lesbos, faisant référence à studio sur place et de vouloir ériger unchaque pays mettant 80 M€. Datant de 1634, les cette photo du petit garçon syrien de mémorial pour les migrants à Lesbos.2 portraits représentent 2 notables néerlandais Marlen 3 ans, retrouvé noyé sur une plage de Si certains saluent l’engagement duSoolmans et sa future épouse Oopjen Coppit, à la Bodrum, au sud-ouest de la Turquie, dissident chinois, d’autres jugent leveille de leur mariage. Les 2 tableaux seront exposés prise par Aylan Kurdi. Fervent cliché pris par Rohit Chawla et publiéalternativement en France, au musée du Louvre, et au défenseur de la liberté d’expression par le Washington Post choquant.Pays-Bas, au Rijksmuseum, au sein de 2 des plus grandescollections publiques mondiales. Ils seront visibles début RETROUVAILLE La tentationmars au Louvre, où ils sont actuellement entreposés, avant de Saint-Antoine bientôt visiblede rejoindre les Pays-Bas pour y être restaurés. Après des années de recherche, des historiens de l’art EN BREF viennent d’identifier une nouvelle toile attribuée au peintre flamand Jérôme Bosch, surnommé le «peintre du diable» pour Depuis le 1er février, le Musée d’archéologie ses représentations de monstres festoyant d’âmes perdues, de démons torturant des pêcheurs ou encore de squelettes souriants attendant les morts. Cenationale – Domaine national de Saint-Ger- tableau, La tentation de Saint-Antoine qui représente le saint s’abreuvant à l’eau d’une rivière, entouré de petits monstres fantastiques, vient d’être formellement identifié par des historiensmain-en-Laye propose une application mobile, de l’art grâce à des techniques à infrarouge. Il dormait depuis des années dans l’entrepôt du musée Nelson-Atkins, à Kansas City aux États-Unis. Le public pourra admirer la toile pour la«ArcheoMAN», d’aide à la visite pour mieux première fois lors de l’exposition «Visions d’un génie», au Noordbrabants Museum (Pays-Bas).découvrir la richesse et la variété des collections DISPARITION LEILA ALAOUI TUÉE PAR LES DJIHADISTESdu Musée.  Du 17 avril au 6 novembre 2016, La photographe franco-marocaine Leila LeiLaPalazzo Grassi accueille la première grande Alaoui, dont le travail a récemment fait aLaoui. l’objet d’une exposition à Paris, à larétrospective italienne consacrée à l’artiste Maison européenne de la photographie correspondante de paix», a déclaré Jack (MEP), est décédée en janvier dernier Lang, président de l’Institut du mondeallemand Sigmar Polke (1941-2010). des suites de ses blessures après l’attaque arabe. On ne saurait dire mieux ! de Ouagadougou par les djihadistes. DONATION «C’est avec une profonde tristesse que nous avons appris que Leila Alaoui estZao Wou-Ki au musée décédée. Elle était jeune, elle était belle, Cernuschi elle avait du talent. C’était une artiste rayonnante. Elle menait un combat pour Le musée Cernuschi, redonner vie aux oubliés de la société, Musée des arts aux sans-abris, aux migrants, avec pour de l’Asie de la seule arme la photographie. C’était une Ville de Paris, vient de recevoir une donation exceptionnelle et historique deFrançoise Marquet-Zao d’œuvres réalisées ou ayantappartenu à l’artiste Zao Wou-Ki. Ces œuvresévoquent la période au cours de laquelle Zao Wou-Kia multiplié les expériences techniques et cheminé de lafiguration vers l’abstraction. Ainsi, pour le seul travailsur papier, l’artiste a pratiqué le fusain, l’aquarelle,la gouache et bien sûr l’encre. «Au nom de la Villede Paris, je souhaite remercier Madame FrançoiseMarquet-Zao pour cette formidable donation qui vientconsidérablement enrichir les collections. Cet acte revêtune importance toute particulière, car il permet auxœuvres réalisées ou ayant appartenu à Zao Wou-Kid’être préservées et présentées au grand public», saluemercredi Bruno Julliard, premier adjoint à la maire deParis. Le public pourra les découvrir à partir du 24 juinet pendant tout l’été 2016.10 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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EntrE USM Et voUS,UnE qUEStiond’Efficacité Etd’échangES.Smarter together. Le mobilier USM www.usm.comvous aide à créer des espacesde travail qui stimulent les énergiesindividuelles au profit du groupe.#usmmakeit yoursVisitez notre showroom ou demandez notre documentation.USM U. Schärer Fils SA, 23 rue de Bourgogne, 75007 Paris, Tél. +33 1 53 59 30 37Showrooms: Berlin, Berne, Düsseldorf, Hambourg, Londres, Munich, New York, Paris, Stuttgart, Tokyo

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L’actualité EN BREF  Le tableau de Nicolas Poussin, nouvellement acquis par le Musée des beaux-arts de Lyon, est désormais accroché.  Du 14 au 17 avril, le Carreau du Temple propose «La Ville au corps», un nouveau rendez-vous autour d’œuvres d’artistes vidéastes contemporains, traitant de problématiques urbaines.  Le musée du Louvre et l’université Paris-Sorbonne ont signé une conven- tion de coopération scientifique et culturelle. cabine de téléphérique taggée par JOnOne. Sculpture de richard OrlinSki. ART CONTEMPORAIN ÉVÉNEMENT L’Art au Sommet Une Française patronne Pour la 7ème année l’honneur le graffeur et œuf de télécabine de la Biennale de Venise 2017 consécutive, en américain JonOne et entièrement tagués, partenariat avec le sculpteur français exposition de toilesJC Planchet, centre Pompidou Christine Macel sera la commissaire de la 57ème les galeries Bartoux, la Richard Orlinski. Pour tendues recouvertes Biennale de Venise, qui se tiendra du 13 mai station de Courchevel le plus grand plaisir des de graffs, performance chriStine au 26 novembre 2017. «Au lendemain de la se transforme en un vacanciers, qui peuvent live de JonOne, Macel. Biennale dirigée par Okwui Enwezor et centrée véritable musée à ciel admirer dans un cadre sculptures d’animaux sur le thème des divisions qui se multiplient partout ouvert. L’exposition unique les superbes aux proportions dans le monde, alors que nous avons conscience «L’Art au Sommet» œuvres de 2 artistes gigantesques disposées de vivre une époque où règne l’angoisse, la se tient à Courchevel contemporains majeurs, sur tout le domaine ; Biennale a choisi Christine Macel comme commissaire durant toute la saison qui jalonnent la station l’art s’expose à tous les pour mettre en valeur le rôle important que les artistes hiver, jusqu’au 24 et s’invitent sur les pistes coins de rue et jusqu’en jouent en créant leurs propres univers et en injectant, de avril 2016, et met à de ski. Téléphérique haut des pistes ! manière généreuse, de la vitalité au monde dans lequel nous vivons», a commenté Paolo Baratta, président EN CHIFFRE 3,4 millions de visiteurs à Orsay de la Biennale de Venise. Conservatrice en chef au Musée national d’art moderne – centre Pompidou En 2015, malgré les attentats de janvier et novembre, le musée d’Orsay depuis 2000, Christine Macel connaît bien la Biennale a accueilli 3,4 millions de visiteurs, notamment grâce à 2 expositions qui puisqu’elle était en charge du Pavillon Français en ont massivement attiré le public : «Pierre Bonnard. Peindre l’Arcadie» et 2013. Surtout, son expérience au centre Pompidou «Splendeurs et misères. Images de la prostitution». En 2016, le musée lui permet de bénéficier d’un point de vue unique pour mise sur l’exposition consacrée au Douanier Rousseau, qui débute le 6 mars, pour attirer encore observer et identifier de «nouvelles énergies venant de plus de visiteurs. Mais dès le 1er mars, on peut découvrir une douzaine d’œuvres issues d’une différentes parties du monde». donation anonyme de 141 œuvres de Bonnard (24 peintures et 92 œuvres graphiques) et de Vuillard (23 peintures et 2 pastels), faite en 2011, et que l’on attribue désormais à Jean-Pierre ÉCOLE DU LOUVRE Marcie-Rivière (mort le 6 janvier). L’intégralité devrait être présentée en octobre prochain. L’animal dans l’art ALBUM LE MUSÉE DE L’HOMME : ITINÉRAIRE En mars et avril 2016, tous les lundis de 19h à 20h30, Parcours, œuvres, expositions, le nouveau D’où venons-nous ? Où allons-nous ? Cet l’École du Louvre propose un cycle de découverte musée en un seul ouvrage ! Véritable souvenir ouvrage qui permet d’appréhender l’Homme consacré à «L’animal dans l’art. Représenter la faune de la visite, ce catalogue permet d’approfondir dans toutes ses dimensions reprend l’itinéraire en Occident de la Renaissance à nos jours», présenté le propos qui sous-tend l’exposition, notamment complet du musée de l’Homme organisé par Benjamin Couilleaux, conservateur du patrimoine grâce à l’iconographie qui met en valeur les autour de ces questions spectaculairement au musée Cognac-Jay, commissaire de l’exposition objets-phares du musée. Qui sommes-nous ? mises en scène. Il souligne notre appartenance «Jean-Baptiste Huet ou le plaisir de la nature». Cette à la même humanité, quelles que soient nos interrogation sur les rapports entre l’homme et la bête différences, raconte notre évolution depuis qui naît avec la Renaissance se prolonge tout au long nos très lointains ancêtres, analyse les impacts du XIXème siècle, alors que les artistes passionnés se écologiques et les effets socioculturels de projettent dans leurs représentations de fauves, et plus la mondialisation… et permet au lecteur de encore au XXème siècle entre l’absurde et l’horreur. De découvrir la dernière métamorphose du musée. Dürer à Beuys en passant par Rembrandt, Pompon ou Éditions Artlys / Muséum national Oudry, ce cycle entend revenir sur plus de 5 siècles d’histoire naturelle d’art animalier occidental. 128 pages, 12 € Prochain numéro en kiosque le 21 avril 2016 12 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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UN LIVRE QUI FAIT DU BIENDécouvrez les merveilles de labotanique médiévale au fil despages du Tractatus de Herbis Édition limitée Demandez un \" CATALOGUE GRATUIT moleiro.com/online Tél. 09 70 44 40 62M. MOLEIRO EDITOR >>> Demandez un CATALOGUE GRATUIT ou une page échantillon à moleiro.com/onlineTravesera de Gracia, 17-21 ou envoyez-nous ce coupon:08021 Barcelone - Espagne NOM ET PRÉNOM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Tél. (+33) 09 70 44 40 62 ADRESSE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Tél. +34 932 402 091 CODE POSTAL . . . . . . . . . . . . . . . . . . VILLE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . PAYS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Beaux Arts Magazine III.16www.moleiro.com E-MAIL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .facebook.com/moleiro TÉL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . DATE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .youtube.com/moleiroeditor >>> Renseignez-moi sur les éditions suivantes:Conformément à la Loi de Protection de Données Personnelles, les données o Tractatus de Herbis o Bible moralisée o Les Heures d’Henri IV o Splendor Solis, 1582personnelles que vous nous confiez dans ce formulaire seront incluses dans un o Les Heures de Charles d’Angoulême o Grandes Heures d’Anne de Bretagne o Les Heures d’Henri VIII o Cartes et Plansfichier automatisé propriété de M. Moleiro Editor, S.A., afin de vous adresser uni- o Le Livre de chasse, de Gaston Phébus o L’Apocalypse 1313 o Livre du Bonheur o Catalogue généralquement des offres promotionnelles du Groupe Moleiro répondant au mieux àvos attentes. Vous disposez d’un droit d’accès, de modification, de rectificationet de suppression des données qui vous concernent. Pour l’exercer, contactezl’adresse mentionnée.

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L’invité... © Sébastien Véronèse DANIEL BUREN... ... ou l’impossible RÉTROSPECTIVE Du 19 février au 22 mai 2016, le palais des Beaux-Arts de Bruxelles offre la plus grande fenêtre jamais ouverte sur l’œuvre hors norme de cet artiste prolifique. Pour Arts Magazine, il nous en livre les secrets.© DB-Adagp Paris Photo-souvenir : Daniel Buren, Cité Radieuse, MAMO Audi talents Picasso, Joseph Beuys, Sigmar Polke...) avec ses propres awards, Marseille, 2014. travaux, tandis qu’un film de 90 minutes, monté par Buren lui-même, propose un panorama complet de ses installa- Depuis les années 60, l’artiste français de renom- tions : une fresque. mée internationale utilise les bandes verticales blanches et colorées de 8,7 cm de large pour Depuis combien de temps préparez-vous cette exposition développer son travail dans toutes sortes de «Daniel Buren : Une Fresque» ? Est-ce la première fois que vous lieux privé ou public. L’exposition qui lui est êtes votre propre commissaire d’exposition ? consacrée au palais des Beaux-Arts de Bruxelles fait dialo- guer les œuvres de créateurs ayant influencé son parcours Daniel Buren : Nous préparons cette exposition depuis un (Henri Matisse, Constantin Brâncuşi, Mario Merz, Pablo peu plus de trois années et de façon intensive depuis 1 an. J’ai été le commissaire (si ce terme peut être utilisé) de Photo-souvenir : toutes mes expositions depuis 1965. Je ne vois même pas Daniel Buren, Les comment, pour une exposition personnelle, il peut en être Deux Plateaux, autrement. sculpture permanente Vous avez déjà participé à 2.600 expositions au cours de votre in situ, cour carrière. En quoi celle-ci est-elle différente ? d’honneur du Palais-Royal, DB : Il faut d’abord savoir que ce nombre, pour important Paris, 1985- qu’il soit, correspond à des expositions (personnelles et/ 1986. Détail. ou de groupe) pour lesquelles, à chaque fois, il y a un ou plusieurs déplacements et où un travail spécifique est pro- posé. Donc, à chaque fois, une exposition dans laquelle se trouvent un ou une dizaine de travaux, entièrement nou- veaux, faits pour l’occasion, est différente de la précédente et de la suivante. Cette exposition ne dérogera donc pas à la règle mais son principe même est, c’est vrai, complètement nouveau dans mon travail. Elle se construit en 2 parties dis- tinctes, l’une est la présentation d’un film fleuve que j’ai fait et qui parcourt une partie de mon travail depuis plus de 50 ans, l’autre étant la présentation d’un peu plus de 100 artistes qui, à des titres particuliers et différents, m’ont inté- ressé et m’intéressent encore. Comment avez-vous choisi les œuvres et les artistes qui vous ont inspiré ? DB : Dans un premier temps, il n’était question que de prendre les artistes qui m’ont marqué et influencé dans la première partie du XXème siècle, puis en travaillant s’y sont ajoutés des artistes principalement de ma génération qui furent et sont toujours des compagnons de route et dont j’admire le travail, enfin – dans la mesure où j’ai rencontré, 14 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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© DB-Adagp Paris © DB-Adagp ParisPhoto-souvenir Daniel Buren, D’une arche aux autres, travail in situ, jardins duSacré-Cœur, Casablanca, avril 2015. Détail.Photo-souvenir : Excentrique(s), travail in situ, Monumenta 2012, Grand Palais, Paris, mai-juin 2012. Détail.travaillé et suivi beaucoup d’artistes plus L’ambition de cette ment. L’ambition de cette saga, c’estjeunes, voire beaucoup plus jeunes que saga, c’est d’offrir d’offrir à ceux que cela peut intéressermoi – quelques-uns parmi ceux-ci, des éléments marquants qui ont jalonnédont les travaux me semblent parmi à ceux que cela mon travail depuis plus de 50 ans dontles plus prometteurs. Ce que je peux ils n’avaient pas idée auparavant.dire c’est que cette liste est absolumentpersonnelle et subjective et que tous peut intéresser des Est-ce le meilleur moyen que vous avezles artistes présents, quelle que soit la trouvé pour rassembler vos créationsou les raisons de leur présence, cor-respondent à un enrichissement par- éléments marquants éphémères in situ, par définitionticulier apporté par leurs travaux, aux qui ont jalonné mon impossibles à réunir ?miens ou à ma réflexion. Bien sûr, il travail depuis plusen manque. Mais j’admire tous ceux de 50 ans dont ils DB : Il me semble que c’est le moyenqui sont présents. Sont absents, en n’avaient pas idée le plus vivant et permettant le plus derevanche, tous les artistes (et ceci est souplesse qui existe aujourd’hui afin desurtout vrai pour ceux de la première prelnuds.re«cUonmeptFeredseqturea»vaupxuiqsquui en’ce’xeissttenletpartie du XXème siècle), dont je cri- titre de ce film propose également destique plus que je n’admire les travaux, œuvres permanentes toujours visiblesvoire en refuse fondamentalement les auparavant. mais qui sont, par définition, dissémi-principes. nées de par le monde et surtout dans l’impossibilité d’être rassemblées dans un lieu quelconque hors de leur lieu d’origine.Certaines œuvres proviennent-elles de votre collectionpersonnelle ? Musée, opéra, salle des marchés, parking, tramway... quellesDB : Certaines œuvres proviennent directement de travaux sont les limites à votre art ? Où rêvez-vous encore de créer ?que je possède mais je dois dire que je ne suis pas collec-tionneur et à part 4 ou 5 que j’ai achetées, elles proviennent DB : Mon travail est à 90% le résultat d’une réponse àprincipalement d’échanges faits au cours des années. une invitation. Cela veut dire que toutes les œuvres dans l’espace public, les musées, les galeries, a fortiori les com-Vous avez personnellement monté le film de 90 minutes à mandes pour l’opéra, pour le théâtre sont des réponses àpartir d’un million de photos et archives ! À quel résultat des sollicitations. Les limites de mes propositions dé-aspirez-vous ? pendent donc de ceux qui veulent bien m’inviter. Que ces propositions s’arrêtent et une grande partie de mon travailDB : Tout d’abord, le film en est maintenant à une durée de s’arrêtera immédiatement avec elles. Il me restera alors, à3 heures et demie ! Je pense que, pour la première fois, je condition que l’énergie et le physique soient toujours là, ladonne à voir, non pas tout ce que j’ai produit, mais à peu rue toujours libre à qui veut bien s’en servir, à développerprès 20% seulement, ce qui est certainement déjà beaucoup encore plus les esquisses graphiques par exemple, activi-plus que ce que la plupart des personnes connaissent de mon tés qui, toutes, peuvent se faire sans y être invitées. Maistravail. C’est donc une information qui dépasse amplement j’espère bien que les invitations ne s’arrêteront pas et quecelle donnée par chacun de mes catalogues. C’est, par le celles à venir m’ouvriront des horizons que je n’imaginetruchement d’images, de films, d’entretiens, une sorte de pas aujourd’hui.mini-rétrospective du souvenir, impossible à faire autre- ProPos recueillis Par louise roumieu ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 15

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À découvrirDans les galeries... PARIS Le «Monde du ticqueur» selon Christian Fogarolli L’artiste italien travaille avec plusieurs médias, comme les installations in situ, la photographie, la sculpture et la vidéo, et s’intéresse à la nature de l’identité, étudiée sous différentes perspec- tives, et notamment les liens avec les théories et les disciplines scientifiques qui, souvent et incon- sciemment, ont eu recours à l’art pour avancer et devenir une science. Son travail récent, exposé à la galerie Alberta Pane, s’intéresse à l’interaction entre la perte et la récupération et l’impact de ces dernières sur les différents organismes. Comment et selon quelle dynamique les animaux, les plantes et les êtres humains réagissent face à une perte phy- sique ou psychique ? Quelles sont les similitudes et les différences ? Comment change la perception de chacun devant ces mutations ? Autant de questions pour lesquelles Christian Fogarolli ouvre des pistes de réflexion passionnantes. Galerie Alberta Pane, 64, rue Notre-Dame de Nazareth, 75003 Paris. Du 12 mars au 14 mai, du mardi au samedi, 11h-19h et sur rendez-vous.Christian Fogarolli, Le «Monde du ticqueur», 2015.PARISInspiré par Verlaine L’exposition consacrée à Pierre Roy-ca- de grandes peintures à l’acrylique sur boismille, «Le Souvenir avec le Crépuscule», aux côtés de petites peintures sur papier ettire son nom d’un poème de Paul Verlaine. d’un ensemble de gravures. Elles repré-Pourtant, ses œuvres, entre naturalisme sentent une végétation luxuriante, quiet fantastique, s’inspirent surtout d’un dévoile parfois des traces de présenceunivers tropical, rendant hommage à la humaine, avec un cadrage serré, dans uneculture et à la peinture haïtienne. Le jeune ambiance crépusculaire.artiste martiniquais installé à Paris s’ex-prime sur de nombreux médiums tels que Galerie Maeght, 42, rue du Bac,le dessin, la peinture, la gravure mais aussi 75007 Paris. Du 11 février au 19 mars,la peinture murale, le numérique et la vi- lundi de 10h-18h, du mardi au samedi,déo. Il est aussi l’auteur de 6 peintures mu- 9h30-19h.rales du restaurant du Palais Royal à Paris.La galerie Maeght présente une quinzaine Pierre Roy-camille, La Forêt d’émeraudes, 2015. Acrylique sur bois, 175 x 122 cm.16 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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Denis DurandDenis Durand Fanny Ferré, La chevauchée, Fabrice Rebeyrolle, Le volcan rouge, 2015. Technique mixte sur panneau, 89 x 110 cm. série l’Éruption NANÇAY des faunes. Vénus et Vulcain, sources d’inspitation pour une myriade d’artistes Terre cuite, 2,5 x 20 x 33 cm. Plus de 90 artistes permanents et invités sont réunis pour centaines d’œuvres (peintures, sculptures, photographies, cette exposition de réouverture de la galerie Capazza au- estampes, céramiques, mais aussi pièces de verrerie et tour d’une thématique commune, Vénus et Vulcain. Au- d’horlogerie) sont présentées à l’occasion de cet événe- delà du mythe, l’idée de Gérard et Sophie Capazza et de ment d’exception. Denis et Laura Capazza-Durand, est d’évoquer le thème fondamental de l’Homme et la Nature, autour d’une sym- Galerie Capazza, 18330 Nançay. Du 19 mars au bolique alliant l’amour et l’énergie tellurique. Plusieurs 3 juillet, les samedis, dimanches et jours fériés, 10h-12h30 / 14h30-19h et sur rendez-vous. PARIS avec de nouveaux tirages, peintures, Gainsbourg, 25 ans… déjà ! collages et dessins : «Comme l’année dernière, j’ai tenté de restituer à tra- Cela fait donc un quart de siècle vers l’exposition la force et la fragi- que le grand Serge nous a quitté. À lité de ce personnage qui a marqué l’initiative de la galerie Hegoa, un son époque et qui reste toujours une hommage lui sera rendu dans son source d’inspiration». Un bel hom- quartier du VIIème arrondissement mage. parisien. Plus de 60 œuvres de 15 photographes et 2 plasticiens ont Galerie Hegoa, 16, rue de Beaune, été réunies dans plusieurs lieux du 75007 Paris. Du 4 mars au 8 avril, Carré Rive Gauche (rue de Verneuil, du mardi au samedi, 11h-13h / rue de Beaune et rue de Lille). Après 14h-19h. une première exposition de photos consacrée à l’artiste, à l’initiative Alain Trellu, Serge Gainsbourg – de Yannik Ribeaut, photographe et Londres, 1982. neveu de Fulbert, son majordome, Nathalie Atlan Landaburu récidive ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 17

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À découvrir DANS LES GALERIES TOURS PARIS Plongée dans l’univers de Jérôme Delépine Paysages inconscients Né en 1977, Jérôme Delé- Après Les Chants Captifs en 2013, la galerie pine expose régulièrement Polad-Hardouin accueille une nouvelle fois Daniel depuis 1997 et ses œuvres Flammer. Ses dessins à la pierre noire et au fusain sont présentes dans des col- (une vingtaine, dont plusieurs grands formats spec- lections privées en France taculaires) s’inspirent autant de la bande dessinée de et à l’étranger. Sa peinture science-fiction ou d’anticipation que de la gravure est saisissante par la vibra- classique et de l’expressionnisme allemand. Une tion silencieuse des lumières approche paradoxale qui fait naître un univers pour- qu’elle dégage, par une clar- tant cohérent, où voûtes en briques et voies ferrées té apaisante ou troublante, postindustrielles se marient à des manèges de fêtes une impression de quiétude foraines et une végétation envahissante. ineffable et captivante. La galerie tourangelle d’Oli- Galerie Polad-Hardouin, 17, rue Quincampoix, vier Rousseau présente une 75004 Paris. Du 15 mars au 16 avril, du mardi au vingtaine de toiles récentes, samedi, 11h-19h et sur rendez-vous. notamment ses ciels et pay- Jérôme Delépine, sans titre, 2015, huile sur toile, sages envoûtants. 100 x 81 cm Galerie Olivier Rousseau, 48, rue de la Scellerie, 37000 Tours. Du 4 mars au 20 avril, du mercredi au vendredi, 14h30-19h, samedi de 10h30- 12h30 / 14h30-19h.J-P Morrel-Armstrong Daniel Flammer, La machine à fumée, 2015, pierre noire, fusain et graphite sur papier, 50 x 65 cm. Nicolas Marang, Bambi le colibri (détail), 2015, cintres de teinturier, corde de sisal, coton huilé, pattes PARIS de pintade (taxidermie), massacre de chevreuil, L’étonnant bestiaire de Nicolas Marang 120 x 100 x 60 cm. Cet homme a une double vie : juriste de formation, travaillant 18 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 pour l’un des fleurons de l’économie française, Nicolas Marang est aussi, depuis près de 30 ans, un artiste accompli, qui s’exprime sur de nombreux supports, sculpture, dessin ou écriture. Dans son atelier parisien, il crée des objets étonnants à partir de matériaux de récupération et collabore de manière régulière avec des architectes d’intérieur, créant des œuvres sur commande qui se retrouvent à Londres ou à New York. C’est le cadre de la galerie parisienne, évoquant pour l’artiste «une volière urbaine» qui a donné nais- sance à cette série animalière où le fil de fer est à l’honneur. Nicolas Marang tire le meilleur parti de l’espace pour mettre en scène une multitude de créatures chimériques qui semblent prêtes à prendre leur envol. Pijama Galerie, 10, rue du Pont aux Choux, 75003 Paris. Du 25 février au 10 avril, du mardi au samedi, 10h-19h et sur rendez-vous.

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MARSEILLE PARIS Des hommes qui tombent Jean-Pierre Maltese en Provençal à Paris Enseignante en expression plastique, MurielPoli a développé une pratique artistique ori- Jean-Pierre Maltese, Juste une clarté extrêmeginale, conjuguant tout à la fois le dessin, la dans le ciel, huile sur toile, 80 x 80 cm.peinture, la photographie, le volume, le mou-lage, les installations… avec un sujet récur- Cet amoureux de la Provence, pas-rent : la permanence d’un corps. En référence sionné depuis toujours par les artsà la célèbre photographie de Richard Drew (un plastiques, dessine et peint dès sonhomme tombant en chute libre du World Trade adolescence. Il a suivi les cours desCenter pendant les attentats du 11 septembre écoles des Beaux-Arts de Toulon et2001 à New York), la série «The Falling man» de la Seyne, et côtoyé les peintres deassocie le thème du suicide (le krach boursier l’école toulonnaise. Maîtrisant l’art dede 1929) aux chutes mythiques, comme celles la céramique et de la sculpture, il s’estd’Icare ou de Satan, «l’Ange déchu». Une ap- également perfectionné dans la pein-proche métaphorique, qui met en parallèle la ture et récemment dans la techniquechute physique des corps ou effondrement du de la gravure. L’artiste veut avant toutcorps social. Un étonnant voyage. raconter une histoire : «Un tableau se lit comme un livre, à chacun son degré Galerie Polysémie, 12, rue de la Cathédrale, de lecture. Un tableau raconte une his-13002 Marseille. Du 5 mars au 2 avril, toire quelle que soit son abstraction :du mardi au samedi, 14h-18h30. histoire de son rapport avec les autres objets, avec le spectateur, et sa propre Muriel Poli, sans titre, 2015, 120 x 80 cm. histoire particulière entre les éléments le constituant : forme, couleur, matière, PARIS frontière…». Découvrir une œuvre de L’histoire en images Maltese n’est cependant pas immédiat et suppose la volonté de comprendre Avec plus de 20 millions d’albums vendus et traduits la démarche de l’artiste. Il s’agit d’un dans une dizaine de langues, Jacques Martin est l’un dialogue : à mesure que l’œil accumule des plus grands auteurs de bande dessinée historique, les détails, le spectateur fait le chemin dont l’œuvre parcourt les époques, de l’Antiquité aux qui mène vers un point inaccessible. années 50. Ce patrimoine est mis à l’honneur par la L’exposition dans la galerie parisienne Huberty & Breyne Gallery, des premières planches de Michel Estades est l’occasion rêvée d’Alix en 1948 jusqu’à celles de ses émules, Gilles pour cette découverte. Chaillet, Bob de Moor et Jean Pleyers. Huberty & Breyne Gallery, 91, rue Saint-Honoré, 75001 Paris. Estades Paris Galerie Estades, 17, Du 19 février au 19 mars, du mercredi au samedi, 11h-19h. place des Vosges, 75004 Paris. Du 10 mars au 17 avril, tous les jours, 11h-13h / 14h30-19h. ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 19

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À découvrir DANS LES GALERIESPARIS ANNECY Peintures et céramiques Idée originale que celle de Christian Guex : histoire différente. Pour FabienneAuzolle, le galeriste savoyard a, en effet, eu l’idée les femmes et les fleurs se confondent et ses de réunir 2 artistes féminines, la peintre céramiques habillées de tissu sont des muses grenobloise Katia Krief et la sculptrice hiératiques évoquant les déesses fertiles clermontoise Fabienne Auzolle, toutes des contes. Deux visions du monde qui se deux installées en région parisienne. Deux complètent idéalement. univers différents pour une émotion qui se ressemble. Les visages des toiles de Katia Galerie Au-delà des apparences, 15, Krief semblent être toujours les mêmes, rue Filaterie, 74000 Annecy. Du 12 systématiques, issus du même personnage, mars au 2 avril, mardi et mercredi, et pourtant chaque toile nous raconte une 14h30-19h, du jeudi au samedi, 10h30- 13h / 14h-19h.Chamizo, Samouraï. Katia Krief, sans titre, 2010. Un précurseur du street art Depuis bientôt 50 ans, Chamizo ex-plore et enrichit son univers si particu-lier. Dès ses premières créations, à l’âgede 17 ans seulement, les caractéristiquesde son art s’imposent déjà : l’amour dela couleur, la précision du dessin, maisaussi une attitude critique face à lasociété et à l’existence humaine. Il estnotamment l’inventeur de l’Abstrac-tion-Figuration lettrique, consistant àimbriquer des mots à haute teneur sym-bolique dans ses toiles ou sur des car-casses de téléviseur, tel un JonOne quiaurait eu 20 ans d’avance. Ses œuvressont exposées à Lyon, à New York et àParis. L’artiste, considéré comme l’undes dix meilleurs peintres figuratifs desa génération, revient sur le devant de lascène après une éclipse de trois années,avec une exposition consacrée à une sé-lection inédite de ses dernières œuvres.Une vingtaine de toiles et quelquessculptures pour découvrir ou redécou-vrir le style très particulier, caractérisépar un humour subversif porté par uneimpressionnante maîtrise technique. Galerie Seine 51, 51, rue de Seine,75006 Paris. Du 25 mars au 23 avril,du mardi au samedi, 11h-13h / 14h30-19h30.20 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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À découvrir DANS LES GALERIES Grégoire Guillemin, PARIS Batman et Robin. Un super-héros dans le Marais22 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 Jean-Baptiste Simon et Matthieu Taravella réci- divent. Après le succès de l’exposition consacrée à Star Wars, qui a accueilli plus de 100.000 visiteurs, c’est à l’homme chauve-souris que les galeristes ouvrent les portes de leur espace du Marais. Le justicier masqué est, en effet, dans l’actualité, puisque, après quatre années d’absence, il fait son retour sur grand écran en 2016. L’occasion rêvée de présenter plus de 100 œuvres originales d’une trentaine d’artistes, tous inspirés par le super-héros de Gotham City, comme la portraitiste Mary Ellen Mark, disparue en mai dernier, ouAlexandre Nicolas et ses inclusions en résine de vraies chauves-souris. Comme toujours, la galerie exploite ses 250 m² pour une véritable mise en scène. Et pour les véritables inconditionnels, un livre sur l’exposition, tiré à seulement 500 exemplaires, sera disponible, uni- quement à la galerie Sakura. Galerie Sakura, 21, rue du Bourg Tibourg, 75004 Paris. Du 12 mars au 12 juin, du mardi au samedi, 12h-20h, dimanche de 14h-19h.

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Jean Christophe Marmara/ FigarophotoAmateur d’art...FRANÇOIS TAJAN, président délégué d’ArtcurialARTCURIAL, le leader français dans la cour des grands En 10 ans, la maison de vente du rond-point des Champs-Élysées a réussi à imposer sa différence dans un marché de l’art qui a considérablement changé. Quelles sont les spécificités d’Artcurial ? François Tajan : La principale tient à la nature même du projet, né de la réunion d’anciens concurrents. C’est la seule expérience de la création ex nihilo d’une maison de vente de cette envergure. Au-delà, l’origi- nalité d’Artcurial tient à sa capacité à organiser des ventes dans des domaines très diversifiés, aussi bien pour l’art moderne et ancien que pour la BD ou les automobiles anciennes. Un éclectisme et une capacité d’initiative qui tient à la personnalité et à la diversité des associés. En 10 ans, Artcurial a réussi à s’imposer comme le leader français, capable de faire aussi bien sur la place de Paris que ses concurrents anglo-saxons. Quelle est la part de l’art dans votre activité ? FT : Tout dépend de ce que l’on entend par «art». La vente d’œuvres uniques, peintures et sculptures, est toujours un pilier de notre activité, qu’il s’agisse d’art ancien ou de production des XXème et XXIème siècles, avec un spectre plus large qui couvre aussi le street art ou la bande dessinée. Mais les meubles, les objets de luxe vintage, l’horlogerie… sont aussi des œuvres d’art. Et mon confrère et associé Hervé Poulain a beaucoup écrit sur les rapports entre lesFRANÇOIS TAJAN, ©Flavien Prioreau pour Artcurial 2742, Homeless Kingdom, Antoine Gamard – 2015un expert éclectique (estimation : 8.000 à 12.000 €).Commissaire-priseur, François Tajan a débuté aux côtés deson père, Jacques, à l’étude Tajan, où il développe les secteursArts déco, art moderne et contemporain, mais aussi la BD, laphotographie et le design. Après une quinzaine d’années, ilrejoint Artcurial, en tant que coprésident, notamment en chargedu développement des ventes d’Art déco et de bandes dessinées.Au cours des sept dernières années, François Tajan a adjugé, entant que commissaire-priseur associé, plus de 80.000 œuvres,dont un record pour une huile de Caillebotte, la plus grandevente dédiée à Hergé jamais réalisée (5,3 M€ en juin 2014)ou la vente de la collection privée Art déco de Félix Marcilhac(24,7 M€).24 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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À PROPOS D’ARTCURIALFondée en 2002, Artcurial est la première expositions bisannuelles à New York.maison française de vente aux enchères. Les ventes aux enchères ont lieu à l’hôtelAvec 2 lieux de vente à Paris et Monaco. Sabatier d’Espeyran et sont publiques etLa maison a réalisé 192 M€ en volume de ouvertes à tous. L’hôtel offre un espaceventes en 2014, un chiffre d’affaires qui de 2.000 m² dédié à l’exposition desa doublé en 5 ans. Elle couvre l’ensemble objets en vente. La société disposedu champ des grandes spécialités : des enfin d’une bibliothèque de 18.000Beaux-Arts aux Arts décoratifs, automobiles ouvrages contemporains relatifs à l’artde collection, joailleries, horlogeries de du XXème siècle.collection, vins et spiritueux... Résolumenttournée vers l’international, Artcurial Artcurial est installée dans l’ancien hôtelaffirme sa présence à l’étranger avec des Sabatier d’Espeyran, construit en 1888,bureaux de représentation à Bruxelles, au 7, rond-point des Champs-Élysées,Milan, Monaco, Munich et Vienne ainsi propriété de la famille Dassault,qu’une présence à Pékin et Tel Aviv, et des actionnaire-fondateur de la société.automobiles anciennes et l’art. Nous nous en sommes son patrimoine et, de plus en plus, une offre séduisanteaperçus avant les autres. pour les amateurs d’art, avec des musées, des fondations comme celle de Louis Vuitton, des événements commeParis est-elle toujours une place majeure du marché de l’art ? la FIAC ou Art Paris. Autant de raisons pour les collec-FT : Certes, le chiffre d’affaires des ventes est moins im- tionneurs du monde entier de venir assister à une vente àportant à Paris qu’à Londres, New York ou Hong Kong, Paris.mais Paris reste une place exceptionnelle. D’ailleurs, lesprix atteints ici ne sont pas inférieurs à ceux que l’on La mondialisation du marché a-t-elle changé votre métier ?pourrait atteindre ailleurs. Les maisons anglo-saxonnes ne FT : C’est aujourd’hui le moteur du marché. 75% dess’y trompent pas, qui réalisent de très lots valant plus de 50.000 € sontbelles ventes ici. Ensuite, Paris est un achetés par des étrangers. Et lorsincomparable vivier de talents, avec LA MONDIALISATION de notre dernière vente à Monaco,une production majeure dans de nom- EST AUJOURD’HUI 31 nationalités étaient représen-breux domaines et un véritable génie tées. L’internationalisation permetfrançais. Et il est toujours intéressant LE MOTEUR d’être moins sensible aux situationsde faire une vente à proximité du lieu DU MARCHÉ. économiques, ce qui est rassurant.d’origine, parce que les acheteurs Notre métier n’est pas de vendre auxsont sensibles à l’âme des œuvres et Français mais de bien vendre ! Nousà l’esprit des collectionneurs. Nous sommes capables d’organiser desavons pu le constater à l’occasion de ventes dans le monde entier, commela vente de la collection Pierre Bergé-Yves Saint-Laurent. en octobre 2015, où nous avons réalisé une premièreEnfin, notre capitale reste incroyablement attractive pour vente à Hong Kong et une autre au Maroc, 2 pays oùles visiteurs, avec ses bonnes tables, ses boutiques de luxe, nous ne sommes pas directement implantés. En outre, les acheteurs ont une vision mondiale, il n’est plus pos- sible d’acheter une œuvre 8 à Paris et de la revendre 12 à New York, ce qui lisse les prix et évite la spéculation.Wifredo Lam, Genèse pour Wifredo, 1969 Internet représente-t-il vraiment une révolution dans le(vente / exposition du 1er au 8 février 2016). monde des enchères ? FT : Internet est désormais la première source d’informa- tion des acheteurs. Nos catalogues en ligne représentent plus de 10 millions de pages vues par mois, c’est une force majeure en matière de communication. Internet est aussi un outil qui apporte beaucoup au suivi des ventes à distance. Auparavant, un acheteur potentiel lointain de- mandait qu’on l’appelle lors de la mise en vente d’un lot spécifique pour enchérir. Aujourd’hui, il lui est possible de suivre le déroulement de toute la séance, conforta- blement installé devant son écran. Nous avons consta- té que cela facilitait les «achats spontanés», avec des enchères placées sur des lots qui ne faisaient pas partie de l’objectif initial de l’acheteur. Enfin, nous réfléchis- sons évidemment, et nous travaillons même déjà, sur des enchères online only, avec un processus totalement dématérialisé. ProPos recueillis Par Pascal rosier ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 25

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LES EXPOS DU 2016P R I N T E M P S© RMN-Grand Palais (musée Picasso de Paris) / Jean-Gilles Berizzi © Succession Picasso — Gestion droits d’auteur © imageArt, Claude Germain © Succession Picasso © Digital image,The Museum of Modern Art, New York/Scala, Florence © Succession Picasso 2015 Pablo Picasso, Nature morte, buste, coupe Pablo Picasso, Tête de femme au chignon, Pablo Picasso, Le Verre d’absinthe, Paris, et palette, 3 mars 1932, Paris, musée Boisgeloup, 1931, plâtre, 142 x 54,5 x printemps 1914, The Museum of Modern Art, Picasso. New York. Gift of Louise Rheinardt Smith, 1956. 62,5 cm, musée Picasso, Antibes. Musée Picasso Picasso. Sculptures© RMN-Grand Palais (musée Picasso de Paris) / Mathieu Rabeau PA R I S L ’ambition de l’exposition est de révéler de femme (Fernande, 1909), plâtres de fon- © Succession Picasso – Gestion droits d’auteur au public un aspect peu étudié de la derie et fontes en bronze ; Crâne de chèvre, Du 2 mars au 28 août sculpture de Picasso : sa dimension bouteille et bougie, 2 variations en bronze multiple à travers la question des séries et peint (1951-1953) ; La Guenon et son petit Pablo Picasso, Tête d’homme, 1930, variations, fontes, tirages et agrandissements (1951), présentation du plâtre composite Paris, musée Picasso. réalisés à partir d’une sélection d’originaux original en regard de la fonte réalisée par sculptés. «Picasso. Sculptures» réunit Valsuani. Un nouveau regard est porté des ensembles exceptionnels du monde sur les sculptures conservées au musée entier (plus de 70 prêts) tels que la série Picasso, présentées avec leurs «doubles» des 6 Verres d’absinthe (1914), tirages en ou leurs «variantes», telles les éditions bronze à la fois multiples et uniques par Vollard Fou et Têtes de femme (Fernande, le geste de Picasso apposant sur la surface 1906 et 1909), les fontes réalisées à partir des verres peinte ou couverte de sable ; les des sculptures de Boisgeloup (une Tête de 2 versions de la Femme au jardin créée Marie-Thérèse en ciment) ou les différentes avec l’appui technique de Julio González propositions imaginées par Picasso pour (1929-1930), réunies pour la première fois le Monument à Guillaume Apollinaire. depuis 1932 ; ou un grand ensemble de Le parcours de l’exposition, qui réunit tôles peintes (1954-1962) permettant de plus de 160 sculptures, est chronologique questionner les processus créatifs à l’œuvre et thématique et agrémenté de dessins et dans le passage des maquettes en papier peintures de Picasso. aux agrandissements en tôle et en béton gravé. Un dialogue s’instaure également Musée Picasso Paris, 5, rue de Thorigny entre les sculptures de Picasso conservées 75003 Paris au MoMA, partenaire privilégié, et celles 11h30-18h (sf lun.), 9h30-18h (sam & dim.) du musée Picasso, notamment à travers Prix : 12,50 € environ quelques pièces célèbres telles que la Tête Tél. : 01.85.56.00.36 www.museepicassoparis.fr 26 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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Votre programmeMusée Jacquemart-André Photograph Incorporated,Toledo, Gift of The Wildenstein Foundation, 1953.69PA R I SDu 18 mars au 25 juillet L’atelier en plein air –Les impressionnistes en NormandieLe XIXème siècle voit Bazille, Whistler, Cals... Gustave Caillebotte, Régates en mer Villerville-Trouville, vers ©Manchester Art Gallery, UK / Bridgeman Images l’émergence d’un Sans compter Baudelaire, 1884, huile sur toile, 60,3 x 73 cm, Toledo Museum of Art.genre pictural nouveau : le le premier à avoir célébré, ©Musée des beaux-arts de Dijon. Photo François Jaypaysage en plein air. Cette dès 1859, les «beautés Paul Gauguin, Le Port de Dieppe, 1884, huile sur toile,révolution picturale, née en météorologiques» de Boudin. 60,2 x 72,3 cm, Manchester City Galleries.Angleterre, va se propager Non loin de là, dans lasur le continent dès les années Normandie bocagère, Claude Monet, Étretat, la porte d’Aval, bateaux de pêche sortant1820 et la Normandie Degas peint ses premières du port, 1885, huile sur toile,devenir, pendant un siècle, courses de chevaux au Haras-la destination préférée des du-Pin, tandis que Berthe 60 x 80 cm, Musée des beaux-arts de Dijon.peintres d’avant-garde. Morisot s’initie au paysage,Pour attirer les artistes, la et qu’à Cherbourg, ManetNormandie dispose de révolutionne la peinture desérieux atouts : la beauté et marine.la diversité de ses paysages, L’exposition se proposela richesse de son patrimoine d’évoquer d’abord le rôlearchitectural, la mode des décisif joué par la Normandiebains de mer qui draine une dans l’émergence duclientèle fortunée... Dès la fin mouvement impressionniste, àdes guerres napoléoniennes, travers les échanges franco-les paysagistes anglais anglais, le développement(Turner, Bonington, Cotman...) d’une école de la nature et lesdébarquent en Normandie, rencontres de Saint-Siméon.avec leurs boîtes d’aquarelle, Puis, passant d’une approchetandis que les Français historique à une approche(Géricault, Delacroix, géographique, elle montreIsabey...) se rendent à à quel point les paysagesLondres pour découvrir l’école et plus encore les lumièresanglaise. De ces échanges de la Normandie ont éténaît une école française du déterminants dans l’attirancepaysage, dont Corot et Huet que cette région a exercéeprennent bientôt la tête. À sur tous les maîtres deleur suite, c’est une myriade l’impressionnisme. Jusqu’aude peintres qui va sillonner 25 juillet, ce ne sont pasla région et inventer une moins d’une cinquantainenouvelle esthétique : Riesener, d’œuvres prestigieuses, issuesDaubigny, Millet, Jongkind, de collections particulièresTroyon... Cette révolution et d’institutions européennesartistique se cristallise au et américaines majeures, quidébut des années 1860, sont présentées.lors des rencontres deSaint-Siméon, qui réunissent Musée Jacquemart-Andréchaque année à Honfleur 158, boulevard Haussmannet sur la Côte Fleurie tout 75008 Parisle gratin de la nouvelle 10h-18hpeinture. Il y a là Boudin, Prix : 12 € environMonet et Jongkind, un trio Tél. : 01.45.62.11.59inséparable, mais aussi tous www.musee-jacquemart-leurs amis Courbet, Daubigny, andre.com ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 27

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LES EXPOS DU2016P R I N T E M P S Musée du quai Branly PERSONA, Étrangement humain PA R I S Jusqu’au 6 novembre Àl’heure des grands débats sur le Crâne séché Mundurucu, ©MNHN, J.-C. Domenech transhumanisme et l’intelligence Muséum national d’histoire©Musée du quai Branly, photo Claude Germain artificielle, le musée du quai Branly propose une exposition qui permet de naturelle. Marionnette du Vanuatu. comprendre les mécanismes par lesquels les cultures, des plus ancestrales invitant le visiteur à une aux plus contemporaines, expérience de la rencontre, autant désta- «injectent de la personne» bilisante qu’enrichissante. dans les objets. À travers En puisant aussi bien dans l’art occidental un ensemble exceptionnel ou non occidental que dans l’art populaire de 230 œuvres (statues, ou contemporain, en confrontant le visiteur amulettes, marionnettes, à des objets empruntés aux domaines des masques, robots, auto- nouvelles technologies, du design ou de mates), l’exposition la robotique, l’exposition rend compte de fait la lumière sur ces l’extraordinaire hétérogénéité des sup- «étranges humains». ports, des formes ou des «fréquences» aux Analysant le proces- moyens desquels des effets de personnes sus de transforma- se rendent identifiables. Elle illustre la tion de la matière inerte diversité des domaines, parfois inatten- à l’objet incarné, voire animé, elle explore dus – de la religion à l’astrobiologie en les raisons contextuelles, les émotions passant par la robotique – dans lesquels provoquées (malaise, répulsion, fascina- ils peuvent se manifester. Par la nature tion...), les relations tissées (solidarité, même des pièces présentées et le parti pris empathie, attachement...). Réunissant des scénographique, l’exposition devient un objets de toute nature, souvent surprenants, terrain d’expérimentation inédit, proposant parfois perturbants, l’exposition devient à chacun de «tester» ses propres réactions un véritable laboratoire d’anthropologie, face aux différents objets habités.©Musée du quai Branly, photo Gautier Deblonde Musée du quai Branly, 37, quai Branly 75007 Paris Musée du quai Branly, vue de l’exposition «Persona, étrangement humain». 11h-19h (sf lun.), 11h-21h (jeu, ven & sam.) Prix : 9 € environ Tél. : 01.56.61.70.00 www.quaibranly.fr 28 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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Votre programme Grand Palais © Galerie Marianne Goodmann © Adagp, Paris 2016 Bjarke Ørsted © Yoko Ono PA R I S Annette Messager, Gants-tête, 1999, gants, crayons de couleur, 178 x 133 x Yoko Ono dans En Trance, 1997, Du 2 mars au 4 juillet 10 cm, Collection Anne-Marie et Marc exposition «Half-A-Wind Show», Louisiana Robelin. Museum of Modern Art, Danemark, 2013. Carambolages pédagogie du sensible et les surprises Musée d’art contemporain Jean-Hubert Martin, commissaire de l’art, le visiteur déambule parmi de l’exposition, propose une les œuvres de Boucher, Giacometti, LYO N exposition inédite au concept Rembrandt, Dürer, Man Ray ou encore novateur : décloisonner notre approche Annette Messager. Du 9 mars au 10 juillet traditionnelle de l’art, dépasser les Les œuvres présentées proviennent de frontières des genres, des époques ou prestigieux établissements tels que la Yoko Ono, des cultures et parler à l’imaginaire de Bibliothèque nationale de France, le chacun. L’exposition offre une traversée centre Pompidou, le musée du Louvre, Lumière de L’aube de l’art universel à partir d’un point de le Musée national des arts asiatiques vue délibérément actuel. Plus de 180 – Guimet, le musée du quai Branly Yoko Ono est une artiste dont l’œuvre pousse à œuvres, toutes époques et toutes cultures la réflexion et met au défi la compréhension de confondues, sont regroupées selon et le musée Barbier- l’art et du monde qui nous entoure. Pour une durée leurs affinités formelles ou mentales. Les Mueller de Genève. de près de 5 mois, les trois étages du MAC Lyon œuvres présentées, souvent atypiques, Leur rassemblement n’a sont dédiés à son œuvre, conceptuelle dès l’origine choisies pour leur fort impact visuel, pas pour but de plonger et qui englobe tout à la fois : la performance, les correspondent à des interrogations ou le spectateur dans films, la musique et l’écriture. Première rétrospec- à des choix contemporains, sans tenir l’histoire mais plutôt de tive en France, cette exposition intitulée «Yoko compte du contexte d’origine. Elles sont lui donner un aperçu Ono, Lumière de L’aube» présente plus de 100 ordonnées selon une séquence continue, des désirs, peurs ou œuvres, des poèmes illustrés de 1952 aux grandes comme dans un film narratif, où chaque espoirs de l’humanité installations de 2016... Fidèle à l’esprit de l’œuvre œuvre dépend de la précédente et qui font écho aux siens. de l’artiste, l’exposition est à voir bien sûr, mais annonce la suivante. Dans un parcours Si quelques trouvailles aussi à entendre et surtout à expérimenter. laissant place à la pensée visuelle, la devraient ravir les initiés, l’exposition ambitionne Musée d’art contemporain, Cité©Musée Carnavalet / Roger-Viollet de s’adresser au public le internationale, 81, quai Charles de Gaulle plus large, en particulier 69006 Lyon à ceux qui n’ont aucune 11h-18h (sf lun.), 10h-19h (sam & dim.) connaissance en histoire de l’art, en suscitant Prix : 9 € environ choc, rire et émotion. Tél. : 04.72.69.17.17 Jean Huber, dit Huber Voltaire, Le Lever de Voltaire à Grand Palais, Galerie www.mac-lyon.com Ferney, vers 1772, huile sur toile, 37,5 x 31 cm, Paris, Nationale, 3, avenue du musée Carnavalet – Histoire de Paris. Général Eisenhower 75008 Paris 10h-20h (sf mar.), 10h-22h (mer.) Prix : 13 € environ Tél. : 01.44.13.17.17 www.grandpalais.fr ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 29

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LES EXPOS DU2016P R I N T E M P SPalais LumièreÉVIANDu 6 février au 29 mai 2016 Belles de jour – Figures féminines dans les collections du Musée des beaux-arts de Nantes, 1860-1930L e palais Lumière présente du 6 février de la figure féminine du XIXème au début au 29 mai 2016 l’exposition «Belles de du XXème siècle. De la femme au foyer à jour» qui se propose d’étudier, à travers la travailleuse, de l’héroïne historique à la un parcours rassemblant plus de 70 œuvres figure mondaine, de la courtisane à la muse, provenant des collections du Musée des la femme est vue comme un symbole de beaux-arts de Nantes, la représentation fantasme et de liberté.©RMN-Grand Palais / Gérard Blot Alfred Roll, Retour du Bal, 1886, huile sur ©RMN-Grand Palais / Gérard Blot toile, 205 x 122 cm, Musée des beaux- arts de Nantes.Hugo Fredrick Salmson, La Petite glaneuse, 1884, huile sur toile, Musée des beaux-arts de Scènesd’histoirelittéraire,religieuseoumytholo-Nantes. gique illustrent le goût des artistes jusqu’au début du XXème siècle pour les œuvres destinées au Salon mais aussi à une clientèle aisée et cultivée. En ce sens, la collection illustre particulièrement la représentation des portraits féminins, tout particulièrement pour la période 1860-1930. Les plus grands artistes de l’époque sont figu- rés, de Baudry à Van Dongen, de Maxence à Lempicka. Tous les courants artistiques majeurs sont représentés : l’académisme, mais aussi le symbolisme, le cubisme, le fauvisme reprennent ainsi l’allégorie féminine pour en développer des thèmes propres et singuliers. Palais Lumière, quai Albert Besson 74500 Évian 10h-19h / 14h-19h (lun.) Prix : 10 € environ Tél. : 04.50.83.15.90 www.ville-evian.fr30 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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Votre programmeFrac BretagneRENNESDu 25 mars au 28 août Place au design !Mis à l’honneur pour la première maquettes, films et autres traces d’archives ©Studio Bouroullec fois en Bretagne, Ronan et Erwan privées. Le 2nd donne à voir, pour la première Bouroullec, deux figures majeures fois en France, de nouveaux systèmes de Erwan et Ronan Bouroullec, deux designersdu design international, présentent dans une cloisons modulaires et «atmosphériques», à la réputation internationale, dévoilentexposition à leur nom un ensemble important en céramique, verre, textile ou guipure. leurs travaux lors de cette premièrede réalisations récentes, majoritairement iné- Dans le cadre d’une création didactique et exposition bretonne.dites, développées dans 3 domaines différents : interactive, Les Champs Libres présententle design d’objets, les projets de micro-archi- dans le même temps une «déambulation Frac Bretagne, 19, avenue Andrétecture et ceux destinés à l’espace public. La ou une rêverie urbaine» à partir d’une Mussat, 35011 Rennesprésentation au Frac Bretagne s’organise en réflexion sur l’aménagement de la ville. Le 12h-19h (sf lun.)2 volets : le 1er, dédié aux projets industriels, parlement de Bretagne présente, lui, dans Prix : 2-3 € environprend la forme d’une rétrospective qui retrace sa cour intérieure l’un de leur projet, Le Tél. : 02.99.37.37.93près de 20 ans de collaboration entre le studio Kiosque, un espace autonome et démontable, www.fracbretagne.frBouroullec et d’importants éditeurs tels que qui accueille Palissade, une collection deVitra, Hay, Alessi, Magis, Kvadrat, Artek mobilier outdoor imaginée pour l’éditeurou Samsung. Les objets (chaises, tables, danois Hay. C’est donc toute la ville debureaux, assiettes...) sont mis en résonance Rennes qui fait la part belle aux créationsavec des dessins libres, carnets de croquis, des deux célèbres designers.Images de l’exposition ©Studio Bouroullec«Ronan & ErwanBouroullec, 17 screens» auTel Aviv Museum of Art. ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 31

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LES EXPOS DU2016P R I N T E M P SDomaine de KerguéhennecBIGNANDu 6 mars au 5 juin La Corée en monochromeL ’exposition «Dansaekhwa, l’aventure du monochrome en Corée des 40 années suivantes, il connaît un épanouissement qui lui des années 70 à nos jours», au Domaine de Kerguéhennec, permet de s’imposer en tant que style spécifiquement coréen. Le est la première en France consacrée à ce mouvement. Elle dansaekhwa, tout en se limitant à une couleur unique, parvientprésente la production des artistes fondateurs du mouvement tels à la révéler intégralement par d’innombrables coups de pinceau,Park Seo-Bo, Lee Ufan, Chung qui se répètent des dizaines, voireChang-Sup et Ha Chong-Hyun, à des centaines de fois. Cette expo-l’avant-garde du courant dans les sition est l’occasion d’ouvrir sonannées 70, mais aussi celle de la regard sur une culture et un artgénération suivante, comme Lee différent. Le domaine consacreKang-so, qui travaille depuis les d’ailleurs toute sa programmationannées 80 à donner à la peinture du printemps à la création artistiquemonochrome abstraite de nouvelles coréenne dans le cadre de l’annéedimensions et à l’actualiser. C’est ©Courtesy Kukje Gallery France-Corée.au début des années 70 qu’apparaît HA Chong Yun, Conjunction 15-013, 2015. Domaine de Kerguéhennecl’art de la peinture monochrome 56500 Bignanen Corée et dans la 2ème moitié de 12h-18h (sf lun & mar.)cette décennie. Quoiqu’indénia- Prix : gratuitblement marqué par l’art minimal Tél. : 02.97.60.31.84occidental à ses débuts, au cours Huile sur chanvre, 120 x 180 cm. www.kerguehennec.frMusée de Pont-Aven Augustin Rouart, Métro dans la ©Photo Christian Baraja nuit, 1947, huile sur bois,P O N T- A V E N Musée des Années Trente. Musée de Pont-Aven, place Julia 29930 Pont-AvenDu 26 mars au 18 septembre entièrement repensé pour 10h-18h (sf lun.), 14h-17h30 (mars) offrir aux visiteurs une surface Prix : 5-7 € environUne famille d’artistes utile totale de 1.700 m2, Tél. : 02.98.06.14.43 dont 1.000 m2 réservés aux www.museepontaven.frL’exposition inaugurale «Les expositions. Le musée présente Rouart de l’impressionnisme au ainsi les œuvres de 3 générationsréalisme magique» prend place dans de peintres issus de la famillele tout nouveau musée de Pont-Aven, Rouart, illustres collectionneurs, mécènes et artistes. La saga Augustin Rouart, Cinq portraits d’enfant artistique se décline en plusieurs dormant, 1948, peinture à l’œuf sur prénoms sur 3 générations carton, 30 x 39 cm, collection successives de créateurs : Henri particulière. (1833-1912), Ernest, (1874- 1942) et Augustin (1907-1997). S’il est rare de constater une telle cohérence dans le temps, il est plus exceptionnel encore d’assister à l’éclosion de talents aussi distincts sous un même patronyme. Une histoire incroyable, racontée au fil des toiles accrochées sur les murs du tout nouveau musée de Pont-Aven.32 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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L’art chez vousCOUP DE CŒUR Tirages d’art en édition limitée avec BalibartLes intimes 2, Camille Devallois Ape cross nuvola, Giordano PoloniJeune artiste plasticienne, Camille Inspirées par sa collection de bandesDevallois transcrit à travers ses œuvres ses dessinées, clips, films et photos, mais surtoutétats d’être conscients et inconscients. par les couleurs, les illustrations de GiordanoDans son monde, douceur et brutalité se Poloni sont de véritables réminiscences derencontrent souvent et prennent forme aux son héritage italien, à l’image de ce petitmoyens de traits fins et d’entrelacs village au sud de la Sicile.minutieux… Prix : à partir de 30 €Prix : à partir de 19 € Désolation, Caro Ma Caro Ma explore un nouvel espace plastique à travers ses collages évoquant la nostalgie d’un passé fantasmé et la douce poésie d’un imaginaire tombé en désuétude. Prix : à partir de 30 €Standing On Top of Jello, The Dove Could Find No Rest, La Parisienne, Nathalie D’HénauHappy Red Fish Serrah Russell Le talent de Nathalie D’Hénau ? Dessiner desAvec sa façon très créative et moderne Serrah Russell utilise des instantanés de visages divers et mystérieux pour mieux lesd’insérer de vieilles photographies, films, de vieilles images d’archives et des connaître, en utilisant le trait d’un seul et mêmeHappy Red Fish assemble photos pour créer son travail de collage, élan, ce qui donne toute sa force à l’œuvre.harmonieusement le «fait main». explorant la relation entre un sujet et son Prix : à partir de 30 €Prix : à partir de 30 € entourage. Prix : à partir de 30 € Balibart a réservé aux lecteurs de ARTS34 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 MAGAZINE une remise exclusive de -15% sur l’ensemble des œuvres du site Balibart. com. Pour en bénéficier, au moment de passer votre commande, entrez le code ARTSMAG dans la zone Code Promo. Vous pouvez également scanner le QR Code placé à côté de chacune des œuvres présentées pour accéder à la page qui lui est réservée.

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ABONNEZ-VOUSOffre exceptionnelle8 NUMÉROS On ne vous avait jamais parlé d’art comme ça… www.artsmagazine.fr Mars-Avril 2016 - N°101 EXPOSSélection L’ŒIL EN COIN L 16009 - 101 - F: 7,50 - RD Comment les Bel/Lux : 7,90€ - Dom/s : 7,90€ - Cal/s : 950 CFP - Port.Cont : 7,90€ - Mar : 70 Mad - Can/s : 11,99 $CAD du printemps avant-gardes ont disparu La chronique de Frédéric TADDEÏ Sur les traces de LUCKY LUKE MODIGLIANI portraitiste de la bohème parisienne35 €POU R SEU LEM ENT 33%SOIT L’EXPRESSIONNISME DE RÉDUCTION était-il un «art dégénéré»? VISITE ENTRETIEN VOYAGE TALENT Daniel Buren La 3ème Le Temps des «Mes œuvres sont MOSCOU Collections, carrefour Dimension à Rouen, par la réponse à de l’art de Della Agnès Jaoui contemporain Giustina une invitation» Bulletin d’abonnement à retourner sous enveloppe affranchie, accompagné de votre règlement à :ARTS MAGAZINE - Abopress - 19, rue de l’Industrie - BP 90 053 - 67400 Illkirch - Tél. : 03.88.66.86.10 - e-mail : [email protected], je profite de l’offre «Spéciale rentrée» et je m’abonne à ARTS MAGAZINE pour :8 numéros pour 35 € seulement, au lieu de 52 €*, soit 33 % de réduction2 ans, 12 numéros pour 52 € seulement, au lieu de 78 €*, soit 4 numéros gratuitsMes coordonnéesNom : - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Prénom : - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -Adresse : - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -Code postal : - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Ville : - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -E-mail : - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - @ - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -Je choisis de régler par :Chèque bancaire ou postal à l’ordre de ARTS MAGAZINE SignatureCarte bancaireN° : Expire fin :Cryptogramme (les 3 derniers chiffres au dos de votre carte) :*Prix de vente au numéro en France métropolitaine 6,50 €. Pour l’étranger, nous consulter. Offres valables 2 mois. Après enregistrement de votre abonnement, vous recevrez votre 1er numéro de ARTS MAGAZINE dans un délai de 4 à 8 semaines environ.Si vous n’êtes pas satisfaits, nous vous rembourserons immédiatement les numéros restants à servir sur simple demande. Conformément à la loi Informatique et Libertés du 6 janvier 1978 : le droit d’accès, de rectification, de suppression et d’oppositionaux informations vous concernant peut s’exercer auprès du Service Abonnements. Sauf demande formulée par écrit à l’adresse ci-dessus, les données peuvent être communiquées à des organismes extérieurs.

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Parlons-en !PEINTURE / SCULPTUREChristian Della Giustina, une autre dimension@Christian Della GiustinaRepoussant sans cesse ses limites et celles cela spontanément sur la toile !». Le @Christian Della Giustinade son art, Christian Della Giustina a choisiprocédé est absolument opposé aude marier la peinture et la sculpture, deux travail qu’il réalise en sculpture, lorsde ses talents. Le résultat est étonnant ! duquel l’œuvre se médite progressi- vement. «Aujourd’hui, mon objectif Christian Della Giustina. est d’aller à l’essentiel, de produire quelque chose de très épuré. Je rêveDifficile de rester de marbre devant ses toiles de peindre un tableau magique en tant elles nous obligent à tourner autour afin trois coups de pinceau... derrière de percevoir la profondeur de l’image, comme lesquels se cachent 30 ans de tra- lorsque l’on observe une sculpture. Une expé- vail». Se lancer dans l’abstrait rience aussi troublante qu’originale, puisque n’est pas chose aisée, cela de-Christian Della Giustina peint... en 3D. Grâce à une technique mande du métier et beaucoupsecrète, l’artiste de 56 ans met son art en relief, au sens de cœur à l’ouvrage. «Danspropre. Une performance réussie puisque l’image tridimen- l’abstrait, on peut très faci-sionnelle semble s’extraire de son cadre et se mouvoir dans lement faire n’importe quoi.l’espace. La curiosité de l’observateur est aiguisée. «Alors, Il faut avoir fait beaucoupqu’en penses-tu ?», s’enquiert le créateur, soucieux de l’effet d’autres choses avant».de ses toiles novatrices sur son spectateur. Parce qu’elle estlà, l’ambition de cet artiste multi-palettes : offrir toujours Choisi parde nouvelles émotions esthétiques. «le maître vivant» Aller à l’essentiel Christian Della Giustina s’est fait la main toute sa vie. Fils d’un ébéniste D’abord sculpteur puis peintre figuratif, Christian Della d’art réputé d’origine italienne, ce natifGiustina se concentre désormais sur l’abstrait. «Je me de Gonesse (Val-d’Oise) a, en plus d’unfocalise sur quelques gestes, quelques couleurs, et je jette nom de famille à consonance transalpine, hérité de son père un talent prononcé pour36 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 la sculpture. Précocement doué avec un bronze dans les mains, le jeune sculpteur double ses facilités d’un travail acharné. «Je travaille du matin au soir ! Quand je Buste homme, m’y mets, c’est à fond, et non une heure sculpture en «staturoc» peinte par-ci, une heure par-là. Une sculpture, c’est un casse-tête. Il faut constamment (acrylique et résine), hauteur tourner autour pour l’observer et l’étof- 53 cm. fer. Elle t’apprend la rigueur, la concen- tration. L’art est une obsession. C’est 24h/24», confie le robuste gaillard de sa voix rauque et sérieuse. D’ailleurs, comme il le dit si bien pour prolonger son propos, «on ne choisit pas l’art, c’est lui qui nous choisit». L’art a définitivement choisi Christian au début des années 90, alors qu’il est fraîchement trentenaire et travaille sans relâche sur ses bronzes. Outre les cadors Rodin, Claudel et Carpeaux, il est admiratif de celui qu’il considère comme le «maître vivant» de la sculpture, Mi-

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@Christian Della Giustina Visage «sans titre», acrylique sur aluminium, 100 x 120 cm. Christian fait partie des 5 finalistes, qui le consacre grand vainqueur. «Le gagnant remportait une fonte offerte parchel Levy : «Il suffit d’être en face de l’une de ses œuvres Michel Levy. Il m’a présenté son fondeur, Chapon, pro-pour comprendre qu’il est le meilleur. Chaque étape de bablement l’un des meilleurs de France, avec qui je col-son travail est magnifique, des patines aux ciselures». labore toujours. Il a également voulu me présenter à sesEt comme la fortune a le don de semer de bienveillantes galeristes, mais j’ai refusé, parce que je voulais qu’on mecoïncidences au moment opportun, c’est ce même MichelLevy, jury d’un concours de sculpture au cours duquel ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 37

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Parlons-en ! CHRISTIAN DELLA GIUSTINA@Christian Della Giustina @Christian Della Giustina Abstrait «sans titre», acrylique sur aluminium, 30 x 30 cm. Abstrait «sans titre», acrylique sur aluminium, 30 x 30 cm.@Christian Della Giustina Flûtiste, sculpture en bronze, hauteur 60 cm, fondeur Chapon. Où voir ses œuvres ? Les œuvres de Christian - DDG à Paris ; - Temps des Arts à Praz-sur-Arly ; Della Giustina sont - Graal à Agen et - Les Intemporels à Clermont-Ferrand. exposées en permanence Moissac ; dans les galeries : - Briand à Royan ; choisisse par rapport à la qualité de mon travail et non grâce à lui». L’obsession des visages Christian Della Giustina n’est pas qu’une paire de mains talentueuses, c’est aussi une gueule. Derrière le sourire discret qu’il veut bien laisser paraître sur son visage sévère à la pilosité grisonnante, transpire une personnalité sen- sible, juste et profondément loyale. Pas besoin de creuser très longtemps pour comprendre que l’artiste n’attend pas de recevoir le pain dans la bouche. Il fait partie de cette race de gens qui se sont construits seuls, à la sueur de leur front, sans compter. Véritable électron libre, il reste un autodidacte sûr de lui et de ses capacités. S’il est bon, alors les galeries répondront présentes. Ce qui se passe, tant est si bien que sa carrière prend un nouvel élan. Très deman- dées, ses sculptures se vendent bien. À raison d’une œuvre 38 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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@Christian Della Giustina @Christian Della Giustina Abstrait «sans titre», acrylique sur aluminium, 100 x 120 cm.@Christian Della Giustina Abstrait «sans titre», acrylique sur Abstrait «sans titre», acrylique sur aluminium, 80 x 100 cm. aluminium, 80 x 100 cm. par mois, il produit en continu Tout mon parcours prend La 3D, le point et devient une référence en la son sens aujourd’hui avec de convergence matière, pendant près de 20 ans. la 3D. Elle est le point de Il y a quelques années, plusieurs convergence de l’ensemble S’il l’a enfilé tardivement, le mois après avoir fêté ses 50 ans de mes vies artistiques. costume de peintre n’est pas et alors qu’il se sent au sommet trop grand pour lui. Au gré de de son art, il surprend tout son ses portraits colorés de femmes, monde en abandonnant le bronze la critique est élogieuse, mais ce pour le pinceau. L’impression n’est jamais suffisant pour cet d’avoir bouclé un cycle, l’envie artiste exigeant, en recherche d’un nouveau défi. Le sculp- permanente de nouveaux hori- teur se transforme en peintre. «Je ressentais un énorme zons. Rapidement, il décide de s’essayer à l’abstrait avant manque de couleurs dans mon travail. À la fin, je commen- d’avoir l’idée de réunir ses deux passions, sculpture et pein- çais même à peindre mes bronzes, à les taguer, alors que ture, et de les mêler dans ce projet ambitieux de peinture c’est sacrilège ! Mais je suis un fou des couleurs, j’aime en 3D. «Tout mon parcours prend son sens aujourd’hui les couleurs pures !». La peinture lui donne cette liberté avec la 3D, qui fait appel à une technique très poussée et un matériel conséquent. Elle est le point de convergence de et l’opportunité de s’émanciper du moule de la tradition l’ensemble de mes vies artistiques. J’espère que les gens sculpturale. Soigneux, perfectionniste, il taquine la toile en s’appuyant sur ce qui fait son succès : les visages. «L’ex- se diront : “Mais comment a-t-il fait ?”». Êtes-vous prêt à pression des visages, c’était déjà mon obsession de sculp- tenter l’expérience d’une nouvelle dimension ? teur ! Pour moi, c’est ce qui fait la magie d’une œuvre». ThibaulT GirardeT ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 39

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Parlons-en ! PEINTURE Jorge Colomina, le soleil dans la tête Avec «Féerie des couleurs», sa nouvelle Raphaële Kriege exposition actuellement présentée au Luxembourg, le très prisé artiste d’origine Jorge Colomina. espagnole fait étalage de sa peinture «gourmande». par an afin de garnir la douzaine de salons auxquels il participe. Vendues aux quatre coins du monde, ses œuvres Si les artistes avaient des CV, celui de Jorge de renommée internationale ont permis à l’artiste de Colomina serait impressionnant. Exposées quitter l’obligatoire capitale parisienne pour s’installer en permanence dans les galeries Nuances et dans le sud de la France. Dans son atelier nîmois, il se Lumière à Lyon, Arnaud Rogez à Bruxelles ou baigne d’une lumière qu’il laisse rejaillir sur ses toiles. L’Encadreur à Lille, les toiles du natif d’Alcoy, une province d’Alicante en Espagne, ont également habillé les mythiques restaurants la Tour d’Argent et La Coupole à Paris. En juillet 2010, il est l’ambassadeur de l’Espagne au Festival de percussions de Longueuil au Canada, où il réalise une toile de 3 x 2 m en live devant 10.000 personnes. En février 2013, la ville d’Ormesson- sur-Marne lui rend hommage avec une exposition de 60 de ses tableaux. Très productif, il crée près de 150 œuvresRaphaële Kriege Raphaële Kriege Raphaële Kriege Le dandy, 2015, technique mixte sur Bi, 2015, huile sur toile, Heureuse..., 2014, technique mixte sur toile, toile, 130 x 97 cm. 116 x 89 cm. 120 x 120 cm. 40 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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Raphaële Kriege Raphaële Kriege Bouche en trèfle, 2015, technique mixte sur toile, 92 x 73 cm. Clin d’œil, 2013, technique mixte sur toile, 92 x 73 cm.Raphaële Kriege Je boude..., Raphaële Kriege 2014, technique mixte sur toile, 120 x 120 cm. La belle brune, 2015, technique mixte sur toile, 150 x 150 cm. La frénésie des couleurs rend ma peinture si gourmande», s’enthousiasme l’ar- tiste. Jorge Colomina est un peintre de tempérament. Le «Dans mes tableaux, il y a toujours des couleurs. Ce geste vif, il structure sa composition. Traits déterminés, qui fait la force d’un tableau, ce sont les couleurs qui fulgurants même, qu’ils soient lignes ou courbes. Cou- s’opposent. Ma peinture ? Elle sort comme ça ! Je jette leurs chatoyantes des huiles, acryliques, encres ou pas- sur la toile ce qu’il y a dans ma tête. Et il n’y a que tels. Désormais, grâce à sa technique mixte, il les uti- du soleil dans ma tête, et de la lumière. Voilà ce qui lise en simultané, pour plus de variations chromatiques, ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 41

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Parlons-en ! JORGE COLOMINARaphaële Kriege Raphaële Kriege Buste orange, 2015, technique mixte sur toile, 150 x 150 cm. La Pudique, 2012, huile sur toile, 185 x 95 cm. Féerie des couleurs La galerie d’art contemporain ou geste saccadé, matière Andersen & Associés riche ou évanescente, le présente sa nouvelle langage pictural de Colomina exposition «Féerie de confère aux sujets une couleurs», organisée par indéniable présence… ArtLux, consacrée à Jorge renforcée par cet œil qui Colomina. À travers cette observe le spectateur ou exposition présentant 23 l’invite à une introspection. Raphaële Kriege Le maître, 2015, technique mixte sur toile, 100 x 81 cm. toiles, on découvre les deux Entre réalité et illusion, de formes reposent sur une thèmes chers à l’artiste : la l’œuvre de Colomina percute imbrication des rondeurs et des quadrilatères. femme et les portraits. Il les nos sens et provoque nos «Pure créativité» réinvente au gré de ses émotions grâce à sa maîtrise À ses couleurs ensoleil- arabesques et se joue de du langage des couleurs, à lées, il ajoute la profondeur. Les couches se superposent, l’équilibre entre formes l’harmonie des formes, à ses créent des reliefs, des pers- pectives. Colomina ne se rigides et volumes courbes. jeux de traits et à son sens du contente pas de la surface de ses toiles, il travaille sur des tonalités plus intimes. Les poses ne sont jamais cadre et du mouvement. De celles qui délivrent des vibrations, des émotions. À travers des séries de personnages, qu’il aime décliner figées : pinceau enveloppant Jusqu’au 20 mai 2016. comme autant de facettes de lui-même et de ceux qu’ilcontrastes et dégradés, pour plus d’effets de texture, degrain aussi. Les rouges tonitruants s’acoquinent avec lapâleur des roses. Les verts s’aventurent de l’émeraudeau fluo. Dans une expression nourrie de cubisme, l’ar-tiste impose sa vision optimiste, son énergie. Toujoursspontané, il est de plus en plus libre de son mouvement :affranchi des contraintes du classicisme, il repousse leslimites des figures imposées. Il invente. Ses harmonies42 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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Raphaële Kriege Raphaële Kriege La face cachée du beau, 2015, technique mixte sur toile, 150 x Raphaële Kriege 150 cm. La Timide, 2012, huile sur toile, 185 x 95 cm. La piaf, 2015, technique mixte sur toile, 100 x 81 cm. observe, il tend différents miroirs aux spectateurs de et l’épaisseur ses œuvres. Il les invite à s’y retrouver, s’y projeter, à travers les voire à vivre, par peinture interposée, certains de leurs œuvres de Van fantasmes. Source d’inspiration inépuisable, la femme Gogh, admire occupe une place majeure dans ses toiles. Visage rond, la décomposi- bouche pulpeuse, seins affriolants, cuisses rebondies, tion des visages elle est sensuelle et suscite le désir. Elle attire par ses de Picasso et apprend de Matisse la science teintes incandescentes et ses poses suggestives ou, du trait. «Lorsque je commence à imaginer un tableau, parfois, timide, elle se cache derrière un fond bleu. c’est comme s’il était déjà peint sur la toile». Chez Co- «L’essentiel de mon travail, c’est le corps féminin et lomina, on peut déceler aussi des affinités avec le mou- les visages. Mes yeux et ma mémoire fonctionnent sans vement Cobra. L’entière liberté de création associée au arrêt, c’est de la pure créativité. Alors, oui, je suis un goût de l’expérimentation se traduit par ses mariages peintre classique : je ne fais pas de paysages, ni de na- audacieux de teintes, ses silhouettes dessinées d’un seul tures mortes ni de collages ou de graffiti… Je ne suis trait, d’un même souffle. Certaines de ses œuvres font pas dans la tendance, je suis un peintre». écho aux arts appelés primitifs : les visages renvoient aux masques et totems comme à leurs descendants de Le style Cobra l’art urbain, Basquiat par exemple. À tout prix, il pré- serve l’enfant toujours en lui : sa spontanéité reste son Inspiré par les plus grands, l’autodidacte apprend de seul guide, garante d’une force émotionnelle intacte. ses illustres prédécesseurs : il appréhende la texture ThibaulT GirardeT ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 43

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Parlons-en !PEINTURE Émilie Ménard,lumière sur la féminitéAutodidacte, Émilie Ménard s’interroge àtravers ses œuvres sur le rôle et l’évolutionde la féminité dans notre société, livrantdes portraits de femmes libres, autonomeset contemporaines. Enfant déjà, Émilie Ménard griffonne sur ses cahiers et passe le plus clair de son temps un crayon à la main. Autodidacte, elle s’approprie très jeune l’art de manier les pinceaux. Influencée par des artistes d’art urbain et de pop art, elle livre sa vision de la fémi- nité avec un mélange de sensualité et d’audace complètement hors normes. «Le message que véhiculent mesÉmilie Ménard. œuvres ? La place N°44, huile et acrylique sur toile, 50 x 50 cm. N°35, huile et acrylique surde la femme dans la société, son rapport à la toile, 80 x 100 cm.vie et, surtout, à la séduction et la sensualité»,confie la jeune femme de 31 ans qui expose par un cursus scolaire pourpour la première fois en 2012 à l’hôtel Lutetia faire ce que l’on aime n’està Paris. guère une nécessité. «Je n’ai jamais été à l’école.Des pinceaux pour maîtres J’ai suivi tous mes cours à la maison. Si bien qu’il ne Dans la vie d’Émilie, l’art s’est imposé m’est pas venu à l’esprit decomme une évidence. Pour elle, passer faire une école d’art… mais j’ai néanmoins essayé ! J’aiREPÈRES ainsi pris quelques cours, mais cela ne m’a pas apporté ce que je cherchais. Je2015 : Exposition à Paris. me suis donc formée seule», explique la jeune femmel’hôtel Crayon : premier 2004 : Après au parcours quelque peu atypique mais constructeur.événement de plus grande 12 ans de dessin, elle À 20 ans, son style s’affirme et elle se lance dans laampleur avec visibilité commence la peinture. peinture. Elle réalise ses œuvres sur toile et mélangemédiatique, environ 200 1992 : Réalisation de sa différentes techniques. Grâce au couteau ou avec lespersonnes au vernissage, première bande dessinée doigts, elle donne une vie et une musicalité particulièrepartenariats. à 8 ans. à son travail, créant des effets osés. Puis, elle superpose2012 : Première 1984 : Naissance le 20 l’huile, l’acrylique et l’aérosol en couches successives,exposition à l’hôtel Lutetia, août à Évreux.44 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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N°50, huile sur toile, 80 x 80 cm. femme dans la société, mais également l’évolution de toute forme de féminité.afin d’obtenir un effet de profondeur et d’intensité. Enrésulte un univers poétique et sensuel. La rue pour inspiration Une vision de la femme Influencée par des artistes issus du street et du pop art, l’artiste avoue que Richard Philip, Helmut Newton ou Jean- Pour l’artiste, peindre des femmes n’est pas un choix Baptiste Valadié lui ont permis de trouver sa place dans lemais un besoin. «La femme, c’est un sujet qui m’ins- monde de l’art urbain. Tous ont traité la femme avec déli-pire. Il n’y a pas de raison rationnelle, j’essaye juste catesse. D’autres, notamment Banksy ou Miss Tic, par leurd’exprimer ce que je ressens». En représentant des regard aiguisé et ironique, l’ont poussé à franchir le pas.femmes, elle projette son idéal. Les traits tirés, souvent «J’aime les messages qu’ils véhiculent, empreints d’ironiesans sourires ou gaieté, ses modèles oscillent entre réa- et de légèreté. Ils donnent un certain regard sur notre so-lisme et imaginaire. «La femme que je représente doit ciété. Une véritable source d’inspiration. La femme est unêtre indépendante, sûre d’elle. Elle n’est pas victime, sujet que je ne n’ai pas fini d’explorer. La féminité inspireelle s’assume complètement, et assume tous ses choix, les artistes depuis toujours et continuera d’inspirer encore».sans s’inquiéter du regard des autres et de leur juge- Un thème qu’Émilie Ménard renouvelle avec panache.ment. Elle est moderne et contemporaine». Bref, desfemmes libres, émancipées, indépendantes. Ainsi, dans Margaux Lidonses œuvres, Émilie Ménard met en avant le rôle de la ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 45

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L’art chez vousKlauss Kampert, 110.01.98Photographe autodidacte, Klauss Kampert a un sujet deprédilection, l’être humain, et se concentre sur labeauté, le portrait, le nu et la danse. Photographie issuede la série More Typographic Creations, 50 x 38 cm.Prix : 1.400 € Hongyu Zhang, N°.118 C’est le trait qui détermine le style de Hongyu Zhang, qui a choisi le portrait parce que le visage humain est un miroir qui transmet d’innombrables informations. Les œuvres de Hongyu Zhang mêlent les techniques de ses ancêtres et l’acrylique, l’huile, le pastel venus d’Occident. Encre de Chine, fusain, pastel et acrylique sur toile, 2010, 65 x 55 cm. Prix : 1.800 €Les artistes contemporainsEn quelques clics, découvrez le travail desartistes contemporains sélectionnés par legalerie d’art en ligne Artistics… et achetezles œuvres en toute confiance.Depuis plusieurs années déjà, la galerie d’art en ligne Ramon Enrich, Cujot III Artistics, lancée en 2013 par Sonia Rameau, fait la Ses paysages énigmatiques et hybrides, où nature et part belle aux artistes contemporains et à leurs œuvres. architecture se répondent par un jeu de formes géométriques, Grâce à la vidéo, tous présentent leur démarche, nous font voyager dans un univers surréaliste où l’homme est exposant son processus de création. De quoi créer absent. Acrylique sur toile, 2015, 55 x 65 cm. un lien direct entre l’acheteur et l’artiste, afin de «redonner à Prix : 1.600 € cette rencontre toute son importance dans le plaisir de collec- tionner», indique Sonia Rameau, et séduire les amateurs d’art, néophytes ou éclairés. Toujours à la pointe de la technologie, Artistics propose désormais la visualisation à 360°, devenant la première galerie en ligne à vous proposer d’observer une sculpture sous tous les angles à travers votre écran ! Vous pouvez même choisir votre angle de vue, arrêter le défilement et faire un zoom sur le détail que vous souhaitez examiner ! Une raison de plus pour profiter de l’offre réservée aux lecteurs d’ARTS MAGAZINE (lire «Pour vous faire craquer !»).46 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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Berg, L’arbre rose Avec ses tableaux, inscrits dans un registre figuratif, Berg peint des paysages de nature ou de ville plongés dans une atmosphère brumeuse et onirique, et tente de retranscrire la solitude et la tranquillité qui l’habitent. Huile sur toile, 2013, 100 x 100 cm. Prix : 4.500 € Lumi Mizutani, Prunier de Higashiyama II Jouant avec la matière pour inviter le spectateur à entrer avec émotion dans son travail, l’artiste contemporain d’origine japonaise Lumi Mizutani, à travers cette œuvre figurative, rend hommage au Japon et ses paysages traditionnels. Encre de Chine, pigments japonais, colle de cerf sur panneau de bois recouvert de feuilles de cuivre, 2014, 24,2 x 33,3 cm. Prix : 900 € Pour vous faire craquer ! Vous avez envie d’acquérir l’une de ces œuvres ? Artistics a réservé aux lecteurs de ARTS MAGAZINE une remise exclusive de -10% sur le prix public, valable jusqu’au 22 avril 2016. Pour en bénéficier, sur le site www.artistics.com, au moment de passer votre commande, entrez le code ARTSMAG101 dans la zone «coupon de réduction» de la page facturation. Vous pouvez également scanner le QR Code placé à côté de chaque œuvre présentée pour accéder directement à la page qui lui est réservée et passer commande.à découvrir sur Artistics Delphine Brabant, Empreinte Imprégnée de l’idée de construction, Delphine Brabant compose ses sculptures à la manière d’une architecte en assemblant et en imbriquant multitudes de formes géométriques et épurées aux lignes simples. Sculpture en béton coloré dans la masse issue de la série «Bloc», 2008-2011, 25 x 25 x 22 cm, 9 kg. Prix : 900 € Frédérique Domergue, Sans Titre XXVIII Proche de l’abstraction, Frédérique Domergue puise son inspiration dans la nature et le bord de mer. Ses compositions évoquent des paysages, des ciels et des eaux tantôt calmes et sereins, tantôt tourmentés, sombres et embrasés. Feuilles de zinc et de bronze oxydées sur panneau de bois, patine fixée à la cire d’abeille, 2015, 70 x 100 cm, 7 kg. Prix : 900 € ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 47

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Incollable sur… L’EXPRESSIONNISMEL’expressionnisme, d’intenses émotionsEdvard Munch, Le Cri, 1893,huile sur toile, 91 x 74 cm,Nasjonalgalleriet, Oslo. 48 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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Vassily Kandinsky, Le cimetière arabe, 1909, huile sur carton, 71,5 x 98 cm, Hamburger Kunsthalle, Hambourg.Qualifié «d’art dégénéré» par le Est avec nous celui qui Marie Gispert, régime nazi, l’expressionnisme traduit avec sponta- néité et authenticité ce historienne de ne cherche pas à montrer qui le pousse à créer», l’art, maître le monde tel qu’il est mais à tel est le programme de conférence l’exprimer. Dans les pas de que propose un groupe de jeunes ar- à l’université Van Gogh et Gauguin, les tistes, Die Brücke, en quête de nou- Panthéon-Sorbonne expressionnistes cherchent à velles aspirations, au début du XXème et spécialiste de l’art exprimer leurs états d’âme à siècle. Les termes très généraux de allemand du XXème travers la déformation de la cet appel annoncent déjà la grande siècle ligne et des couleurs au profit hétérogénéité stylistique propre à d’une affirmation exacerbée et l’expressionnisme, notion vague et assumée de leurs sentiments. complexe qui a connu différentes acceptions au cours du temps. Les Diane ZorZi artistes que l’on qualifie aujourd’hui d’expressionnistes n’utilisèrent à au- cun moment ce terme pour qualifier leurs œuvres. «En réalité, la notion apparaît d’abord dans les années 10 pgoaurdredséesuigrnoepréel’nennesse»m, belxepdlieqsuaev•a•nt•- ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 49

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Incollable sur… L’EXPRESSIONNISMEqLu’o’irligtoinuaclhiteé tdoeusl’elexsprdeosmsiaoinnneissmdee le’asrtt Lionel Richard, Comment est né le terme bulaire mais aux circonstances. En intellectuelle minoritaire et prin- historien, critique avril 1911, le groupe allemand de cipalement bourgeoise, urbaine, et professeur «expressionnisme» ? la Sécession, qui réunit les peintres détachée de l’idéal paysan outra- émérite, auteur pas vraiment d’avant-garde, mais geusement célébré comme le pilier de Comprendre Lionel Richard : En France, le mot soucieux de nouveauté, organise de la «terre allemande». De 1910 à l’expressionnisme a été utilisé depuis 1945 à tort et une exposition comprenant les 1914, elle met en cause les oppres- (Infolio) à travers, de sorte qu’une grande principaux peintres français à la sions dont tout individu est vic- confusion règne. C’est un néolo- source d’un bouleversement esthé- time. Elle est confusément contreEmil Nolde, La mer III, gisme apparu en Grande-Bretagne tique : Braque, Derain, Picasso, la société impériale, mais ne se1913, huile sur dans la seconde moitié du XIXème Vlaminck... Cette exposition est réclame pas de la lutte des classes,toile, 87 x 100 cm, siècle, sous la forme anglaise perçue par les critiques comme une ni de la nécessité de changementsFondation Nolde, d’expressionism. Mais il est resté, rupture avec l’art des impression- économiques. Cette révolte passeSeebüll. à cette époque, sans incidence sur nistes. La multitude des comptes par la démolition de ce qui est glo- la vie artistique, tant en Europe rendus dans la presse favorise alors rifié par les institutions et les petits qu’aux États-Unis. Il ne désignait la vogue d’une qualification voulue bourgeois. Le but est de faire sau- qu’une vague forme d’expressi- contraire. Pour tout le monde, les ter les carcans. vité, une accentuation des traits briseurs d’idoles deviennent des et des effets. Sa transcription en expressionnistes. Contrairement à Quelle est la nouveauté introduite français s’est opérée au début du l’impressionnisme, l’expression- par l’expressionnisme ? XXème siècle, avec le même sens, nisme est un antinaturalisme : ses par un peintre oublié, Julien-Au- adeptes ne visent plus à imiter, à LR : Son originalité est qu’il guste Hervé. Il prétendait ainsi reproduire le réel extérieur mais touche tous les domaines de l’art définir son propre style. Il regrou- veulent exprimer leur Moi, leurs sans exception. La peinture, la pait ses tableaux sous l’intitulé visions intérieures, un réel trans- sculpture, la poésie, le théâtre, la expressionismes, avec une ortho- figuré par leur être profond. Ils se musique, la danse, l’architecture. graphe à l’anglaise. Comme il réclament d’un art de libre créa- C’est un mouvement d’ensemble était la risée des critiques, le terme tion. L’expressionnisme repose qui ne peut être mis en paral- n’a pas pénétré les Beaux-Arts. Le donc, juste avant 1914, sur l’irrup- lèle avec aucun autre en Europe. retour affirmé de son emploi sur- tion des avant-gardes extrêmes en Même le surréalisme ne parvient vient quelques années plus tard, Allemagne. pas à cette ampleur et cette force. en Allemagne et en allemand : L’expressionnisme imprègne toute Expressionismus. L’importance Pourquoi l’expressionnisme naît-il la culture. Il colle aux conditions du phénomène ne tient pas aux principalement en Allemagne ? sociales en Allemagne. Les aspi- personnalités qui sont à l’origine rations de ses représentants sont, de cette innovation dans le voca- LR : C’est un pays dont l’unité est de manière diversifiée, l’épanouis- récente, réalisée «par le fer et le sement du génie créateur de cha- sang» à l’initiative de Bismarck, cun, une émancipation permettant et qui, dans les mentalités, ne s’est un essor des facultés humaines, pas débarrassé de l’esprit féodal. Il de l’humanisme en chaque indi- n’a pas connu de révolution, celle vidu. Quand les espérances d’une de 1848 a échoué. La démocratie transformation de l’existence sont politique y est absente. En haut, un enterrées, le mouvement agonise. empereur, Guillaume II, qui régit C’est pourquoi il s’étend sur une tout, même la création artistique. décennie, les années 10-20. Les Ce qui outrepasse les normes de atrocités de la Guerre, l’écrase- l’académisme est pour lui un «art ment des luttes révolutionnaires en de caniveau». Il a tout un aréo- 1919-1920 finissent par étouffer page d’artistes à sa botte censés les volontés de régénération de la être les représentants des valeurs vie sociale. Ce qui reste de toutes «allemandes» de «l’art allemand». les tentatives, ce sont des parti- Les nouvelles générations en ont cularités esthétiques artificielles, assez. Elles ne peuvent plus sup- comme la destruction des formes porter des règles arbitraires et le traditionnelles, l’explosion de la poids de structures inadaptées. Il composition académique, l’exa- s’agit de la révolte d’une jeunesse cerbation des traits et des couleurs.50 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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Franz Marc, Les Grands Chevaux Chaïm Soutine, Le Bœuf écorché, 1925,bleus, 1911, huile sur toile, 105, 73 x huile sur toile, 202 x 114 cm, Musée des181,13 cm, Walker Art Center, Minneapolis. beaux-arts, Grenoble.Vassily Kandinsky, Improvisation III, 1909, huile sur toile, 94 x 130 cm, Musée nationald’art moderne, centre Georges Pompidou, Paris.••• Marie Gispert, maître de conférence sionnisme désignait donc tant les fauves, moindre mesure, autrichien. «On s’ac- cubistes ou futuristes que ceux que l’on corde aujourd’hui à dire qu’il désigne unen histoire de l’art à l’université Panthéon- nomme aujourd’hui les expressionnistes mouvement né en Allemagne vers 1905Sorbonne. Ainsi, se tient à Berlin en 1911 allemands. pour s’éteindre au début des années 20 etune exposition qui regroupe les artistes dont les principaux représentants appar-français Georges Braque, André Derain, Au fil du temps, le terme se dote d’une tiennent aux groupes Die Brücke et DerMaurice de Vlaminck, Raoul Dufy, Pablo connotation géographique plus stricte, Blaue Rjeeuinteers»é, turdésiaunmtseenMaarrciheiteGci-sp•e•rt•.Picasso, alors qualifiés «d’expression- considéré progressivement comme Quatrenistes». Avant la Grande Guerre, l’expres- un mouvement allemand et, dans une ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 51

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Incollable sur… L’EXPRESSIONNISMEcIhl oyixa tuhnéemcaetriqtauiense ddeicsheoxtopmreisesdioannnsisletessAngela Lampe, Quels sont les précurseurs de produit. Au fil du temps, le terme lité dans leur art, Kandinsky étant l’expressionnisme ? est davantage lié aux pays germano- l’exemple le plus probant.conservatrice au phones, l’Allemagne et l’Autriche.Musée national d’art Angela Lampe : Trois artistes, très à L’expressionnisme naît à Dresde Comment les expressionnistesmoderne la mode à la fin du XIXème siècle et au en 1905 avec la création du groupe ont-ils été accueillis par leurs début du XXème, influencent les ex- Die Brücke, rejoint ensuite par contemporains ? pressionnistes. Vincent Van Gogh, Max Pechstein, Otto Mueller et qui a été exposé en Allemagne, Emil Nolde, un temps proche du AL : Ils ont été très mal reçus. Un est un modèle pour le groupe Die mouvement avant d’emprunter une artiste comme Kandinsky, dont Brücke, par son style expressif fait trajectoire indépendante. Un se- l’œuvre devenait de plus en plus de lignes brisées, de formes éclatées cond groupe, Der Blaue Reiter, est abstraite, n’était pas compris. Pour et de couleurs vives. Paul Gauguin, ensuite créé à Munich en 1912. S’y le public, cette émancipation des qui quitta la civilisation pour s’ins- ajoutent des artistes autonomes tels formes et des couleurs était un taller dans des contrées reculées, que Ludwig Meidner, Alexej von grand choc. L’expressionnisme les inspire également, moins par les Jawlensky ou les artistes autrichiens devient un peu à la mode après la formes que par l’esprit. Comme lui, Kokoschka et Schiele. D’autres, Première Guerre mondiale, vers ils cherchent à renouer avec un état comme Max Beckmann ou Otto 1919-1920, mais il a perdu de sa primitif, pur et innocent. Enfin, Ed- Dix, ont eu également leur période force. Les œuvres de la seconde gé- vard Munch est un des principaux expressionniste et été un temps nération expressionniste n’ont plus précurseurs. Les expressionnistes compagnons de route des groupes le même impact visuel. Très vite, connaissent ses gravures et pein- expressionnistes. Une seconde gé- l’expressionnisme est supplanté par tures qui ont été exposées en Alle- nération d’expressionnistes apparaît un nouveau mouvement qui remet à magne, et sont influencés par son après la Grande Guerre, avec Chaïm l’honneur le figuratif : la Nouvelle style vigoureux et psychologisant. Soutine notamment. Objectivité. Des artistes tels que Comme Munch, ils cherchent à Max Beckmann ou Otto Dix, dont exprimer leurs états d’âme dans les Quelles sont les thématiques les débuts furent expressionnistes, formes et les couleurs. Son célèbre majeures de l’expressionnisme ? se regroupent vers 1925 et imposent Cri traduit de façon emblématique une nouvelle approche artistique ce qu’est l’expressionnisme par AL : Il y a une certaine dichotomie plus proche de l’art du XIXèmesiècle, la déformation de la Nature qu’il dans les choix thématiques des renouant avec un naturalisme desti- opère et sa dissonance chromatique. expressionnistes. D’un côté, une né à traduire le monde désenchanté vision romantique, l’Arcadie, où les de l’après-guerre. La Seconde Comment se développe corps se libèrent avec des figures Guerre mondiale ne fait qu’écarter l’expressionnisme ? de baigneurs et baigneuses, des encore davantage l’expression- nus qui fusionnent avec la nature nisme, considéré alors comme un AL : À l’époque, l’expression- environnante. Avec Franz Marc, «art dégénéré» par le régime nazi. nisme désignait toute l’avant-garde ce sont des animaux (des chevaux, L’expressionnisme n’est reçu de européenne. Après la Guerre, un des renards...) qui s’épanouissent façon positive qu’après la guerre, à glissement du sens se dans leur environnement naturel. la fin des années 40. Emplie du désir De l’autre côté, des scènes urbaines, de tourner la page du nazisme, l’Al- Alexej von où des artistes comme Kirchner lemagne connaît un véritable en-Jawlensky, Jeune et Meidner traduisent le bruit des gouement pour l’expressionnisme.fille aux pivoines, transports dans la grande ville. Il faut La situation est toutefois différente ajouter à ces thématiques les motifs en France, puisque, au lendemain 1909, huile religieux que l’on retrouve dans de la Seconde Guerre mondiale, sur toile, 101 x l’œuvre de Nolde, et celle de Kan- l’expressionnisme est avant tout 75 cm, Von der dinsky qui accorde une place privi- considéré comme l’art du camp Heydt-Museum, légiée à la spiritualité, notamment encore récemment ennemi. Il faut à travers le thème de l’apocalypse, attendre la fin des années 60 pour Wuppertal. prémonitoire de la Première Guerre que des expositions le réhabilitent. mondiale. Les artistes se sentent Cette situation historique explique oppressés par le monde matérialiste par exemple le manque que l’on et industrialisé qui les entoure. Face observe dans la collection expres- à ce désenchantement, ils cherchent sionniste du Musée national d’art à réintroduire une forme de spiritua- moderne encore aujourd’hui.52 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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Ernst Ludwig Kirchner, L’Artiste Marcella, 1910, huile sur toile, 100 x Ernst Ludwig Kirchner, Place de Potsdam, 1914, huile sur toile,76 cm, Brücke Museum, Berlin. 200 x 150 cm, Staatliche Museen, Berlin.••• ture, Ernst Ludwig Kirchner, Fritz se contente d’une impression fugitive traction, ne procède pas pour autant à une sans exprimer la subjectivité de l’artiste», association arbitraire des formes et desBleyl, Erich Heckel et Karl Schmidt-Rott- analyse Marie Gispert. L’un des pré- couleurs, devenues autonomes. «Son idéeluff, créent en 1905 à Dresde le groupe curseurs des expressionnistes, Edvard est, qu’au contraire d’une constructionDie Brücke – Le Pont. Empruntant leur Munch, voulait peindre non pas le réel purement décorative, l’agencement selonnom à Friedrich Nietzsche, ils affirment que l’œil capture, mais «les images der- une nécessité intérieure pourra toucherla nécessité de faire de l’homme un pont, rière la rétine» que l’âme seule perçoit. davantage l’âme du spectateur. Dans sonun pont sans cesse à construire par l’art «Les expressionnistes ont pu trouver dans essai Du spirituel dans l’art, qu’il achèveou la création, conduisant à une berge tou- l’œuvre de Munch, qu’ils connaissaient en 1910, Kandinsky compare le lien quijours plus éloignée du rivage. Un second grâce à une diffusion importante en Alle- existe entre l’artiste et le spectateur à ungroupe, Der Blaue Reiter – Le Cavalier magne au début du XXème siècle, l’idée de piano. Il associe la couleur à la touche,bleu –, est créé à Munich en 1912 par l’art comme le moyen d’expression des l’œil au marteau et l’âme aux cordes.Vassily Kandinsky, Franz Marc ou encore sentiments intérieurs». La pratique du L’artiste qui appuie sur la touche, c’est-August Macke. De nombreux artistes re- portrait et de l’autoportrait trouve dans à-dire qui a adopté la couleur juste, metjoignent ces groupes respectifs, menés l’expressionnisme un terrain privilégié. en branle l’œil du spectateur qui va taperpar un même esprit de révolte artistique et l’une des cordes pour faire finalementsociale qui s’étend très vite à tous les arts, Dans son célèbre Cri (1893), Munch résonner la sensibilité du spectateur»,de la peinture à l’architecture, du théâtre partage avec le spectateur la sensation raconte Marie Gispert.au cinéma et à la musique. intense qu’il a ressentie, alors qu’il se promenait au soleil couchant avec des Une liberté dans les sujets Une expression des amis. Les corps décharnés et morbides sentiments intérieurs de l’autrichien Egon Schiele traduisent Pour Marie Gispert, «l’expressionnisme une profonde angoisse intérieure. Il ne n’est pas nécessairement synonyme de «La question n’est pas tant celle de la s’agit plus de fixer sur la toile la fugacité sujets tragiques. On a souvent tendancenouveauté en soi que la volonté de s’op- d’un moment de vie à la manière impres- à l’associer à un mal-être, à l’expressionposer aux carcans artistiques précédents, sionniste, mais d’en saisir dans sa globa- de sentiments négatifs. gErnoul’poeccDuirere•n•c•e,que ce soient ceux de l’académisme ou lité toute sa force expressive. Kandinsky, la première période duceux de l’impressionnisme finissant qui dont l’œuvre évolue peu à peu vers l’abs- ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 53

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Incollable sur… L’EXPRESSIONNISMEOtto Mueller, Deux baigneuses, 1925, détrempe sur toile de jute, 100 x 149 cm, Brücke Museum, Berlin.••• Brücke à Dresde, avant leur démé- rues berlinoises où se promènent des co- Renouvellement stylistiquenagement à Berlin en 1911, est une pé- cottes et prostituées. À la même époque, propre aux avant-gardesriode libre et le plus souvent heureuse, ce dans l’immédiate avant-guerre, Ludwigqui se ressent dans les sujets». Les artistes Meidner exprime son désarroi face au Influencés par le synthétisme de Paulde Die Brücke forment une réelle commu- gigantisme urbain dans des villes apoca- Gauguin ou les arts primitifs, ils partagentnauté. Ils travaillent dans un même atelier lyptiques». Des portraits et autoportraits les grandes tendances des avant-gardeset partagent de longs séjours estivaux aux paysages, nus et scènes urbaines, les européennes du début du XXème siècle.à la campagne : près du lac de Moritz- thèmes choisis par les expressionnistes Les motifs aux couleurs irréelles se défor-burg aux abords de Dresde, ils peignent sont multiples et ne leur sont pas spéci- ment et prennent place dans un espaceles mêmes scènes de baigneurs, aux atti- fiques. «Ils ne s’interdisent aucun sujet, indistinct et distordu, sans profondeur ettudes naturelles, en harmonie cohérence. «Dans l’œuvre deavec la nature environnante. Les expressionnistes ne Kirchner, L’Artiste Marcella,Le paysage est un de leurs s’interdisent aucun sujet. Le on aperçoit une partie de lasujets de prédilection, mais il changement est plutôt dans la ligne de séparation entre le murest traité de façon très diffé- et le sol, mais sans la distin-rente, d’un artiste à l’autre. À manière de traiter le sujet. guer entièrement, de telle sortecôté des scènes hédoniques de qu’on ne peut déterminer préci-baigneurs nus, on trouve «les sément l’espace dans lequel sepaysages d’Emil Nolde à la situe la jeune fille», remarquedimension mystique, ou ceux de Schmidt- on ne peut pas dire qu’un sujet est plus Marie Gispert. Les formes sont simpli-Rottluff empreints de spiritualité avec ses expressionniste qu’un autre. Évidem- fiées à l’extrême. «Kirchner comparaitpersonnages de dos à la manière roman- ment, les portraits et autoportraits se ses œuvres aux hiéroglyphes avec l’idéetique», décrit Marie Gispert. prêtent plus facilement à cette expression que quelques traits essentiels suffisent àLe déménagement à Berlin marque de la subjectivité, mais elle peut tout à rendre compte du motif». Pour les expres-l’apparition de nouveaux sujets. «Ils fait s’appliquer à des paysages ou à des sionnistes, la schématisation des figuress’intéressent désormais à la frénésie scènes de danse. Le changement est plu- est intimement liée à leur pratique accruede la grande ville. Dans l’œuvre Place tôt dans la manière de traiter le sujet que de la gravure sur bois. «C’est cette réduc-de Postdam, Kirchner offre une vue des dans le choix du sujet lui-même». tion du détail, nécessaire dans le travail54 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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Egon Schiele, Autoportrait nu debout, 1910, mine Vassily Kandinsky, Fugue, 1914, huile sur toile, 129,5 x 129,5 cm, collection Ernestde plomb, aquarelle, blanc couvrant, 55,7 x 36,8 Beyeler, Bâle.cm, musée Albertina, Vienne.du bois, qui va ensuite être transférée en couleur vaut pour elle-même, elle n’est par les nazis dans les années 30 témoignepeinture». Cette stylisation doit rendre plus un simple moyen de remplissage». de l’étendue des acquisitions qui avaientcompte de l’expression recherchée par Au sein du Blaue Reiter, mouvement dont été faites dans les années 20. Pour qu’ill’artiste qui ne se prive pas de déformer il est l’initiateur, Kandinsky progresse y ait autant d’œuvres à décrocher, c’estses figures. «Les artistes n’hésitent pas ainsi vers l’abstraction. qu’elles étaient nombreuses à avoir étéà allonger un bras, à faire disparaître acquises», fait valoir Marie Gispert. Lesune jambe, à briser une épaule, à plier le Un «art dégénéré» artistes expressionnistes sont les princi-corps au besoin de l’expression dans des pour les nazis pales cibles artistiques du régime nazi.traits anguleux». «Les œuvres du Blaue Reiter sont très vite «Les expressionnistes ont le sou- qualifiées de dégénérées, tandis que la Ils ont un usage très personnel et non tien d’un certain nombre de galeristes position officielle est plus hésitante pournaturaliste de la couleur. «Ils travaillent d’avant-garde, ils peuvent exposer leurs celles de Die Brücke. Le ministre du Reichen aplats colorés, appliquent la couleur œuvres à la galerie Arnold de Dresde ou à l’Éducation du peuple et à la Propa-en surface, sans se soucier du volume et Tannhauser de Munich. Ils sont soute- gande, Paul Joseph Goebbels, appréciaitdu modelé. La couleur ne concorde pas nus par des collectionneurs. Mais leurs certains de ces artistes, ce qui est à l’ori-nécessairement avec le réel. Un visage contemporains ne les reconnaissent pas gine d’un certain flou durant quelques an-peut être peint en vert ou en rouge, si cela avant la Première Guerre mondiale et nées, avant qu’ils ne soient soumis à leursse justifie dans l’expression globale de la ils demeurent quasiment inconnus en tours à la vindicte publique». En 1937,composition. Gauguin peignait certes déjà France», explique Marie Gispert.Après la les nazis invitent les visiteurs dans unela prairie de ses Bretonnes en rouge. Mais Guerre, alors qu’une seconde génération exposition munichoise à confronter lesce qui est nouveau, c’est que les expres- expressionniste apparaît, certains artistes œuvres d’avant-garde à celles de maladessionnistes osent l’utilisation de couleurs obtiennent une reconnaissance sociale. mentaux, pour souligner leurs prétenduesdiscordantes et n’hésitent pas également «Oskar Kokoschka et Heckel deviennent déviances. Les mers agitées de Nolde,à utiliser des cernes colorés qui déli- professeurs à Dresde, Max Pechstein à le primitivisme de Mueller, les couleursmitent objets et personnages». À terme, la Berlin». Les musées allemands achètent intenses de Kirchner, les compositionscouleur et la forme s’autonomisent pour de nombreuses œuvres expressionnistes abstraites de Kandinsky, les portraits tour-exister indépendamment l’une de l’autre. dans l’entre-deux-guerres, rejetées ensuite mentés de Kokoschka : tous furent réunis«Dans les visages d’Alexej von Jawlens- par les nazis. «L’importance des saisies sous la même enseigne «d’art dégénéré».ky, des taches colorées apparaissent. La ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 55

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Portfolio Ceramix, de Rodin à Schütte Du 9 mars au 12 juin, découvrez à la Cité de la céramique de Sèvres et à la Maison Rouge de Paris plus de 250 œuvres, de 100 artistes issus de 25 nationalités qui mettent en lumière les relations entre art et céramique aux XXème et XXIème siècles. Louise Roumieu© Xavier Eeckhout Katsuyo Aoki Predictive Dream XLIII [Rêve prémonitoire XLIII], 2013. Porcelaine, 27 x 22 x 32,3 cm. Courtesy Katsuyo Aoki et Tomio Koyama Gallery, Tokyo. 56 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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Michel Gouery Biomécanopatère, 2012. Terre cuite émaillée, 50 x 23 x 22 cm. Courtesy Galerie Anne de Villepoix, Paris.Setsuko NagasawaNomade, 2008.Faïence enfumée(argile orange),28 x 47 x 28 cm.Courtesy de l’artiste. Yoshimi Futamura Vasque, 2014. Grès et porcelaine, 43 x 52 x 44 cm. Collection particulière. ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 57

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Portfolio Catherine Lee Grayson PerryAgarita, 1996. Raku, 44 x 25 x 6,5 cm. Memory Jar, 2013, [Jarre de mémoire].Courtesy Galerie Karsten Greve, Cologne, Céramique, 40 x 35 cm. Bonnefanten Paris, Saint-Moritz. Museum. Elmar Trenkwalder WVZ 206, 2008. Terre cuite rouge vernissée de blanc, 305 x 135 x 135 cm. Collection Antoine de Galbert, Paris. Alessandro Pessoli Harrison Legionari, 2012-2014 Jessica – Painted Lady 4, 2014. [Légionnaires]. Faïence peinte et Collection Arnaud Oliveux. bronze coulé, 128 x 68,5 x 56 cm. Courtesy Galerie LJ Paris 3. Courtesy Greengrassi, Londres. Bita Fayyazi58 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 Cockroaches, 1998-1999 [Blattes]. Céramique émaillée et fils métalliques. 2.000 pièces, env. 17 x 7 x 3 cm chacune. Dimensions variables. Courtesy Gallery Isabelle van den Eynde, Dubai.

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Shary BoyleKing Cobra, 2010[Cobra royal]. Porcelaineémaillée et dorée,28 x 36 x 26 cm.Collection Antoine deGalbert, Paris. Gabrielle Wambaugh Elsa Sahal Marie-Madeleine au rocher mou, Acrobate, 2012. Céramique, 2014. Céramique, polystyrène, 160 x 65 x 66 cm. Courtesy tissu, 69 x 39 x 30 cm. Œuvre réalisée au Centre de céramique Galerie Claudine Papillon. EKWC Sunday Morning. Courtesy Galerie Éric Dupont, Paris. Paul Gauguin Petite Jardinière, 1886-1888. Grès émaillé, 15 x 7 x 12 cm. Collection Larock-Granoff. ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 59

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Parlons-en ! LE TEMPS DES COLLECTIONSLE Jusqu’au 23 mai, 10 projets et expositions s’invitent dans les salles des musées de Rouen. Rapprochements inédits, restaurations, parcours thématiques sont à découvrir, riches de 950 pièces exposées et plus de 500 œuvres issues de restaurations, d’acquisitions ou de prêts temporaires. TEMPS DESRapprochements inédits, restaurations, par- plus largement trouver une nouvelle visibilité. C’est unecours thématiques, cette année encore, «Le mission que les conservateurs d’arts graphiques ontTemps des Collections» est à découvrir dans depuis longtemps faite leur : eux, qui ont pour fonctionles salles des musées de Rouen. Au pro- de soustraire les œuvres à la lumière, savent qu’il estgramme, notamment, le regard d’Agnès tout autant nécessaire d’en organiser des monstrationsJaoui et de nombreuses nouveautés. régulières et renouvelées», souligne Sylvain Amic, directeur des musées de Rouen.Face aux succès grandissants des expositions temporaires et une désaffection pour les Cette année encore et jusqu’au 23 mai, pas moins de collections, nous avons voulu, avec “Le 10 projets et expositions s’invitent dans les salles des Temps des Collections”, refonder l’activité musées de Rouen pour cette 4ème édition, proposant au des musées. À la finalité de conserver, qui est sa public de nombreuses nouveautés. Rapprochementsraison d’être, s’ajoute désormais plus systématiquement inédits, restaurations, parcours thématiques sont donccelle de restituer. La vie secrète des collections, que le à découvrir. D’autant que, après l’arrivée du musée Lepublic soupçonne mais qui par essence lui échappe, doit Secq des Tournelles en 2014, c’est au tour du Musée de la céramique de participer à cette nouvelle édition. Pour60 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 la deuxième année consécutive, une «salle d’actualité» ouvre le parcours des collections permanentes et pré- sente des pièces entrées depuis peu dans le patrimoine des musées, des restaurations récentes ou des œuvres sorties des réserves. «Aux quelques 950 pièces exposées

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Surprise par l’invitation, Agnès Jaoui a accepté d’être l’invitée de la 4ème édition du «Temps des Collections».COLLECTIONSen permanence se sont ajoutées, au fil sonnalités contemporaines étrangères mouvement d’ouverture initié avec «Lede 3 saisons successives, plus de 500 au monde des musées, qui chacune Temps des Collections», qui fait la partœuvres, issues de restaurations, d’ac- propose une nouvelle lecture des col- belle aux regards extérieurs, aux croi-quisitions ou de prêts temporaires. Ce lections de Rouen. Comédienne, chan- sements entres les arts, aux confronta-rythme impulsé aux collections a activé teuse, scénariste, Agnès Jaoui est une tions inédites dans et hors les murs ?un mouvement de convection, entre la artiste aux multiples talents. Mais c’est D’autant que «Le Goût des autres», 1erzone grise des réserves, et la lumière sa casquette de réalisatrice qui est à long métrage d’Agnès Jaoui, n’a riendes salles des musées qui permet, plus l’origine de sa participation à cette 4ème perdu de son actualité. Cette invitation,que jamais, d’appréhender l’étendue et édition. Personne à Rouen n’a oublié en forme de retour aux sources, estla diversité exceptionnelles d’un patri- le tournage en 1999 de «Le Goût des donc l’occasion de prolonger dans lesmoine riche de presque 40.000 objets», autres», où l’on reconnaît au fil de l’in- musées de Rouen l’esprit du film, et leindique Sylvain Amic. trigue le réservoir de la fontaine Sainte- plaisir que des millions de spectateurs Marie, le théâtre des Deux-Rives, les ont eu à le découvrir. Une invitée de marque jardins de l’Hôtel de Ville, notamment. Le regard d’Agnès Jaoui Après Christian Lacroix en 2012, Oli- Mais au-delà des décors rouennais,via Putman en 2013, Laure Adler en c’est bien l’argument du film, comment Si la réalisatrice porte un regard nou-2014, la participation d’Agnès Jaoui au les préjugés du goût conditionnent veau sur les œuvres exposées au Musée«Temps des Collections» s’inscrit dans notre perception des autres, qui fait le des beaux-arts lors de cette 4ème édition,une série d’invitations lancée à des per- lien avec cet événement. Quelle meil- elle est également à l’origine de 3 pro- leure parabole peut, en effet, illustrer le ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 61

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Parlons-en ! LE TEMPS DES COLLECTIONS© Musées de la Ville de Rouen, photographie C. Lancien, C. Loisel© Musées de la Ville de Rouen / C. Lancien, C. Loisel Anicet-Charles-Gabriel Lemonnier, jets inédits : Les Emmas, les Charles ne l’auraient pas lu, j’en rappelle les Première lecture, chez Madame Geoffrin, et les Rodolphes, Le Goût des autres grandes lignes : Emma épouse Charles, 1814-1824, huile sur toile. et surtout le mien, L’homme nu. «Une un notable de la province rouennaise, mise en scène pas si différente de celle pleine d’espoir et d’envie d’aimer d’un François-Hubert Drouais, Portrait d’un film. L’idée de mettre en scène amour vibrant, mais Charles ne par- de Monseigneur Dominique de la mon propre regard à partir de la col- tage en rien ces aspirations de jeune Rochefoucauld, archevêque d’Albi, plus lection du musée est passionnante», fille romantique, et Emma s’ennuie à tard archevêque de Rouen, vers 1757. déclare-t-elle. Surprise par l’invita- périr...». Agnès Jaoui porte un regard tion, l’artiste a accepté après avoir reçu personnel sur le roman de Flaubert et les catalogues du musée et découvert propose au public de retrouver le cas- les richesses des collections. «J’étais ting élaboré par ses soins via un jeu- comme une petite fille qui ouvre la concours. «Le jeu, c’est que chacun porte d’un château mystérieux et dé- fasse sa propre distribution de Madame couvre... tel tableau puis tel autre...», Bovary à partir des portraits exposés. avoue celle qui a concocté 3 parcours À chaque visiteur de retrouver le cas- totalement différents. ting que j’ai élaboré pour le roman de - Les Emmas, les Charles et les Ro- Flaubert». dolphes. «Il y a mille façons de visi- - Le Goût des autres, et surtout le ter un musée ! Un de mes jeux préférés mien. «J’ai tourné pour partie “Le consiste à trouver des ressemblances Goût des autres” à Rouen. Avec Jean- entre certains de mes amis ou membres Pierre Bacri, nous ne voulions pas de ma famille, mais comme vous ne les stigmatiser un comportement spécifi- connaissez pas, je vous propose donc quement parisien, mais des comporte- de partir d’une œuvre connue de tous, ments qui pourraient avoir lieu dans et qui plus est rouennaise : Madame toute ville suffisamment grande pour Bovary. Pour les plus jeunes, ceux qui qu’il y existe des classes et des clans en auraient oublié l’histoire ou qui qui se croient seuls dépositaires du bon 62 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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© Musées de la Ville de Rouen, photographie C. Lancien, C. Loisel © Musée du Prado, Madrid Le Greco, Le chevalier à la main sur la poitrine, vers 1580, huile sur toile, 81,8 x 66,1 cm. L’idée de mettre en scène mon propre regard à partir de la collection du musée est passionnante. Amedeo Modigliani, Paul Alexandre devant un vitrage, 1913, huile sur toile, 81 x 45,6 cm. goût. Mais j’avais aussi envie de par- s’aperçoit que, lorsque les femmes ont Simon Nicaise, le tager mon goût avec les visiteurs pour été admises – très tardivement – dans samedi 21 mai d’autres œuvres de Cécile Partouche, les écoles de Beaux-Arts, elles n’ont pas la véritable auteure du tableau du film, eu le droit d’assister aux cours avec des Simon Nicaise en sculptures et de certains de mes amis peintres modèles masculins nus. Plus récem- installe son à manger. ou photographes, dont les œuvres ment, cela ne gêne personne qu’une kiosque à glaces Questionnant m’émeuvent». Agnès Jaoui a donc in- femme soit nue pour vendre une voiture sur l’esplanade inlassablement vesti une salle du parcours permanent ou un yaourt... Dans cette autre salle, Marcel Duchamp la place de du Musée des beaux-arts de Rouen, fai- j’ai donc eu envie de mettre ensemble (devant le Musée l’œuvre d’art et sant un clin d’œil au film «Le Goût des des nus d’hommes surtout pour faire des beaux-arts), de l’objet ainsi autres». Les visiteurs y retrouvent des réfléchir, réagir». Agnès Jaoui s’est le temps d’une que leur état, séquences du film, le tableau visible ainsi prêtée à une collection d’œuvres soirée. Cabane à Simon Nicaise dans ces scènes et des œuvres prove- sur la thématique du nu masculin issues glaces ou musée invite le public, nant de la collection personnelle de la aussi bien du parcours permanent que de sculptures en consommant comédienne. des réserves. L’ensemble réuni propose éphémères, les ces œuvres - L’homme nu par Agnès Jaoui. «J’ai ainsi aux visiteurs de s’interroger sur la chefs-d’œuvre peu banales, à eu envie de réfléchir sur le fait de pas- confiscation du regard de la femme sur antiques et participer de leurs ser de la position d’être regardé à celle la représentation de la nudité masculine classiques s’y existences et de de regarder. Dans l’histoire de l’art, on dans l’histoire de l’art. transforment leurs disparitions. ARTS MAGAARZTISNME An°G9A9Z-INEovne°m1b0r1e--MDaécrsem- Abrveri2l 2001156 6633

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Parlons-en ! LE TEMPS DES COLLECTIONS© Musées de la Ville de Rouen, agence Albatros © Musées de la Ville de Rouen / C. Lancien, C. Loisel Claude Monet, Nature morte au faisan. Alexandre Evariste Fragonard, Jeanne d’Arc sur le bûcher, 1824. Les autres projets tions récentes ou des œuvres sorties des Puget partagea sa carrière entre Mar- réserves. Si certains enrichissements ré- seille, Toulon et Gênes où il s’affirma La «salle d’actualité», qui ouvre le par- cents sont au cœur des projets du «Temps comme l’un des maîtres de la sculpturecours des collections permanentes, pré- des Collections» (dans les salles consa- baroque. Pour son château de Vaudreuil,sente des pièces entrées depuis peu dans crées à Jeanne d’Arc, à la famille Du- Claude Girardin, conseiller-secrétairele patrimoine des musées, des restaura- champ ou au Musée de la céramique...), du roi et ami du surintendant Fouquet, ce nouvel espace accueille certaines des lui commanda l’Hercule que l’on peutEN PRATIQUE acquisitions les plus significatives de ces voir au musée. Ce projet permet d’évo- dernières années, comme les pendants quer les conditions de cette importanteMUSÉE DES BEAUX-ARTS sur l’histoire de Héro et Léandre de Ful- découverte et de mettre en perspec-Esplanade Marcel-Duchamp, chran-Jean Harriet, offerts en 2014 par tive cette sculpture spectaculaire avec76000 Rouen un donateur anonyme. Ce lieu permet d’autres œuvres de Puget.Tél. : 02.35.71.28.40 aussi au public de mesurer la grande - Le Greco/Modigliani : Face à face.www.rouen-musees.fr diversité des domaines récemment Le prêt exceptionnel du Chevalier àPrix : 5 € environ enrichis. Parmi les œuvres exposées la main sur la poitrine consenti par le revenues de restauration, signalons le musée madrilène du Prado est l’occa-MUSÉE DE LA CÉRAMIQUE grand Portrait du comte d’Herbouville sion de confronter ce portrait, réalisé par1, rue Faucon ou 94, rue Jeanne de Gabriel Lemonnier, accroché pour la Le Greco vers 1580, à l’une des œuvresd’Arc, 76000 Rouen première fois depuis plus de 2 siècles à majeures des collections rouennaises,Tél. : 02.35.07.31.74 côté de celui de son épouse, ou encore le Portrait de Paul Alexandre devant unhttp://museedelaceramique.fr des étuis rouennais en ivoire de cartes à vitrage, qu’Amedeo Modigliani achèvePrix : 3 € environ jouer du XVIIIème siècle. en 1913. - Corps fragmentés. Le Musée des - Ressusciter Louis XV : le siècle desMUSÉE LE SECQ DES beaux-arts de Rouen abrite un cabinet Lumières vu par Lemonnier. Le peintreTOURNELLES de dessins d’une richesse exception- Anicet-Charles-Gabriel LemonnierRue Jacques-Villon, 76000 Rouen nelle. Au fil de ce parcours, le cabinet (1743-1824) exposa au Salon de 1814Tél. : 02.35.88.42.92 accueille un ensemble d’œuvres prove- un tableau appartenant à la collection dehttp://museelesecqdestournelles.fr nant du Frac Haute-Normandie et du l’ancienne impératrice Joséphine. CettePrix : 3 € environ MuMa du Havre centré autour du corps œuvre, dont le musée de Rouen possède fragmenté, dans des représentations an- une réplique, a été la première tentative ciennes et contemporaines. d’évoquer par la peinture le siècle de - Pierre Puget : un séjour en Norman- l’Encyclopédie et des salons littéraires. die. Peintre, sculpteur, architecte, à Au-delà de la valeur documentaire de l’instar des plus grands artistes, Pierre l’œuvre, le projet s’attache à montrer 64 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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© Musée Le Secq des Tournelles ©Musée Le Secq des Tournelles Michel Mann, Coffret, Allemagne, XVIIème. Lanterne magique, seconde moitié du XVIIIème. Joseph-Marie Vien, Allégorie du Temps, © Musées de la Ville de Rouen / C. Lancien, C. Loisel vers 1755, esquisse, huile sur carton. son ambition créatrice, qui participe au nemuse et une viole de gambe acquise l’École de Rouen est ainsi revisitée par début du XIXème siècle à l’élaboration de récemment. la mise en œuvre d’un accrochage inédit relations nouvelles entre l’art, la littéra- - L’étrange goût du Docteur Barnes : et insolite : une sélection d’objets issus ture et l’histoire. Un accrochage inédit. Le Musée des du musée Le Secq des Tournelles vient - Jeanne d’Arc et ses peintres. En beaux-arts propose d’éveiller les visi- ponctuer les murs présentant les chefs- écho à l’ouverture de l’Historial Jeanne teurs à l’étonnant accrochage conçu par d’œuvre impressionnistes, offrant un re- d’Arc, le Musée des beaux-arts a amé- le grand collectionneur Albert C. Barnes gard renouvelé sur l’art de la ferronnerie nagé une salle consacrée aux interpréta- dans les salles de l’institution qui portent et le courant impressionniste. tions artistiques suscitées par l’histoire son nom. La salle dédiée aux œuvres de de la Pucelle d’Orléans. C’est dans ce Marie SiMonnetti nouvel espace que sont exposées 2 ac- quisitions récentes : une Jeanne d’Arc sur le bûcher d’Alexandre Évariste Fra- gonard (1824) et un portrait rétrospectif d’Étienne Pasquier par Granet (1839). On mesure combien l’héroïne a inspiré diverses images : bergère visionnaire pour Léon Bénouville (1859), pathé- tique victime conduite au supplice dans la mise en scène d’Isidore Patrois (1867) ou vierge guerrière dans le beau tableau aux accents symbolistes du Britannique George William Joy (1895). - Sonates en camaïeu de bleu. Riche de plus de 5.000 pièces, le Musée de la céramique de Rouen dresse un panora- ma complet de la faïence rouennaise du XVIème siècle à la fin du XVIIIème siècle, et en expose les plus beaux fleurons, dont 2 carreaux en faïence de grand feu inédits, représentant un joueur de cor- ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 65

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Décoder Paul Gauguin AUTOPORTRAIT À L’AURÉOLEPeintre postimpressionniste, chef de file de héros auréolé comme un saint et s’entoure des élémentsl’École de Pont-Aven et inspirateur des Nabis, de la damnation. L’arabesque menaçante du serpentGauguin a peint de nombreux autoportraits, enroulé, les pommes de la tentation, le contraste violentsymboles de ses questionnements. des aplats rouge et jaune cernés de noir incarnent plus encore cette profonde dichotomie. L’expression intério-Gauguin s’adonne tardivement à la peinture. risée et énigmatique d’un visage à l’aspect satanique, Après avoir été marin et employé chez un noyé dans la saturation du jaune, vient se confronter à agent de change, il a 38 ans lorsque, influencé ces trois références chrétiennes qui évoquent le péché par les impressionnistes notamment Pissarro, originel et sa rédemption. il choisit de se consacrer à son art. Après unevie sociale bien rangée, l’artiste prend le pas sur le père «Vous connaissez depuis longtemps ce que j’ai voulude famille et sa vie bascule. Ces difficultés matérielles établir : le droit de tout oser», écrira-t-il. Manifestel’amènent à Pont-Aven en 1886, un «petit trou pas cher». autobiographique, ce tableau, comme d’autres de sesSensible aux paysages et à l’effet de la lumière, il y peint autoportraits, est le symbole de sa solitude d’artiste no-de magnifiques tableaux et découvre également l’art sacré vateur, en rupture avec la société et la civilisation occi-breton, qui nourrit évidemment ses recherches plastiques. dentale. Dans cette caricature, véritable portrait-charge,Pour comprendre ses nombreux autoportraits, il faut relier Gauguin «s’amuse» de sa propre image, un portrait iro-cette «découverte» du divin aux sacrifices que l’homme a nique chargé d’allusions : l’auréole indique-t-elle quesacrifié pour son art, notamment sa vie familiale, au point Gauguin se voit comme le saint-héros des arts ? Lesd’être renié par sa femme, et professionnelle, ses toiles ne pommes, symboles du paradis perdu, signifient-elleslui rapportent guère d’argent. Incompris, celui qui n’a pas que Gauguin est «déchu» parce qu’il a voulu possé-de son vivant la reconnaissance escomptée révèle à travers der la connaissance ? Le serpent, animal des devins,ses autoportraits une personnalité composite et énigma- confirme-t-il que le peintre détient le «savoir» pictural ?tique, capable de plonger dans «les élans de joie ou les De cette œuvre émane une personnalité éprise d’idéalplus mortels abîmes». et d’absolu à la recherche de réponses. Jusqu’au bout, ses toiles s’interrogeront, jusqu’à l’une de ses œuvres Un portrait ironique chargé d’allusions majeures, D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?, peinte en 1898, qu’il considère lui-même Dans une lettre de 1888, Paul Gauguin exprime ainsi son comme son testament pictural.credo artistique : «Un conseil, ne copiez pas trop d’aprèsnature, l’art est une abstraction, tirez-la de la nature en Marie SiMonnettirêvant devant, et pensez plus à la création qu’au résultat.C’est le seul moyen de monter vers Dieu en faisant commenotre divin Maître, créer». Ainsi, l’œuvre Autoportrait à l’auréole, peinte en 1889,également appelée Autoportrait au halo, plutôt provo-cante, porte toute l’ambivalence du peintre. Il se désigne en UNE TOILE PROVOCANTE Autoportrait à l’auréole, peinte en 1889, également appelée Autoportrait au halo, porte toute l’ambivalence du peintre qui sedésigne en héros auréolé comme un saint et s’entoure des éléments de la damnation.66 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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© National Gallery of Art PORTRAIT PLEIN D’IRONIE Entre l’arabesque menaçante du serpent enroulé et les pommes de la tentation, symboles du paradis perdu, un Gauguin auréolé d’un «savoir» pictural condamné à la «damnation» pour avoir tout sacrifié à son art. LA COULEUR «Comment voyez-vous cet arbre ? Vert ? Mettez-donc le plus beau vert de votre palette ! Et cette ombre ? Plutôt bleue ? Ne craignez pas de la peindre aussi bleue que possible !», écrit-il. Ici, le contraste violent des aplats rouge et jaune cernés de noir incarnent plus encore cette profonde opposition chère à Gauguin.Paul Gauguin, Autoportrait à l’auréole, 1889, huile sur toile, 79,2 x 51,3 cm. UN STYLE CARACTÉRISTIQUE Le modelé et la perspective cèdent le pas à des formes plates, simplifiées, fortement soulignées de noir, les couleurs brillantes ne sont pas tout à fait naturelles. L’expression intériorisée et énigmatique d’un visage à l’aspect satanique, noyé dans la saturation du jaune, vient se confronter à ces trois références chrétiennes qui évoquent le péché originel et sa rédemption. ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 67

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Décoder William Turner PLUIE, VAPEUR, VITESSEPeintre anglais spécialiste du paysage, véritablement moderne», il n’a jamais renié son admira-William Turner (1775-1851), à travers cette tion pour les maîtres anciens : Claude Le Lorrain, Nicolastoile, rend hommage à l’invention majeure Poussin, Watteau, Canaletto, Rembrandt, Titien.du siècle qui fit la gloire de l’Angleterre : lechemin de fer. La perspective atmosphériqueAcadémicien à la Royal Academy de Londres Si William Turner voyage dans toute l’Angleterre, en où il enseigne la perspective, ce contempo- France, en Italie et aux Pays-Bas, il reste attaché à sa ville rain de Constable, qui expose son premier natale, Londres, sa principale source d’inspiration. Toute tableau à 21 ans, acquiert une large renommée sa vie, il y observe les transformations de l’industrialisa- de son vivant par son talent mais aussi ses tion. Cette fascination se retrouve dans de nombreuses20.000 œuvres. Topographe de formation, c’est au paysage toiles où Turner réussit à faire ressortir toute la poésie dequ’il s’intéresse, multipliant voyages et prises de notes. Il ce phénomène. Pluie, vapeur et vitesse est un hommage àexcelle dans l’aquarelle, cette technique lui permettant de l’invention majeure du siècle qui fit la gloire de l’Angle-transcrire rapidement les effets des phénomènes atmosphé- terre, le chemin de fer, et plus particulièrement à la ligneriques observés et ressentis. Une problématique que l’artiste qui reliait Londres à Bristol en 4 heures. Turner a pris cereprend dans ses huiles, bouleversant l’image du paysage train peu de temps avant de peindre sa toile, un jour de«académique». Turner s’attache à rendre «la matérialité tempête. Le ciel était voilé et les flammes qui s’échap-de la lumière et la sensibilité de sa vision». Il privilégie les paient de la chaudière de la locomotive éclairaient sou-grands espaces, les transparences, la fluidité, la dissolution dainement l’espace. Captivé par ce spectacle grandiose,des formes. Reconnu comme «le premier peintre d’Europe l’artiste dépeint l’instant précis où le train, lancé à pleine allure, traverse le pont de Maidenhead sur la Tamise. L’angle de vue inhabituel, la vivacité du feu qui sort de la chaudière, la pénombre enfumée qui descend des nuages et se mêle à la vapeur que crache la locomotive et surtout la liberté avec laquelle Turner traite son sujet sont autant de facteurs de surprise pour le public de l’époque. La réa- lité s’estompe, les formes se fondent dans des espaces noyés dans une lumière tamisée. L’artiste n’opère que par suggestions. Ruskin, critique d’art et spécialiste de Turner, raconte que l’artiste «utilisait des pinceaux assez courts, une palette malpropre, presque contre la toile, il semblait peindre avec ses yeux et le nez autant qu’avec la main. Naturellement, il se reculait souvent pour juger de l’effet». De nombreux glacis recouvrent la surface de la toile et LUMIÈRE ET CHEMIN DE FER UN CIEL LONDONIENLa locomotive vient vers le spectateur. Des touches incandescentes Particulièrement brumeux, le ciel évoque le climat anglais et laà l’avant de la machine suggèrent la chaudière chauffée à blanc. façon si personnelle du peintre de représenter la lumière. Ici, ilLa lumière irradie du paysage, elle le fait vibrer de toutes parts, utilise du bleu violacé et du blanc, une gamme de tons froids, parconcourant ainsi à l’effet recherché : la représentation d’un instant opposition aux ocres du viaduc et le sol.rapide, fulgurant. Cette idée de vitesse est encore accentuée parl’imprécision même des wagons.68 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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William Turner, Pluie, vapeur, vitesse, 1844, huile sur toile, 91 x 121,8 cm. estompent les lignes et les éléments du paysage. Il s’agit là d’une vision propre UN FLOU… ARTISTIQUE à Turner et de son innovation picturale que les impressionnistes lui reconnaîtrontDe nombreux glacis recouvrent la surface de la toile et estompent les lignes et les éléments du d’ailleurs : la perspective atmosphérique.paysage, notamment le pont de briques, le fleuve, qui se distingue à peine du ciel. Les tracés jaune Turner compose avec ses couteaux et sesd’or relient les deux espaces, amplifiant l’effet de profondeur de la composition en exaltant la pinceaux les opacités et les transparences,lumière. une gestuelle que l’on distingue par les empâtements successifs. Il joue ici sur le contraste des couleurs primaires et com- plémentaires. Il utilise du bleu violacé et du blanc pour le ciel et l’eau, gamme de tons froids, et des ocres plus ou moins soutenus pour le viaduc et le sol, gamme de tons chauds. L’unité picturale repose sur les tracés jaune d’or qui relient les deux espaces en amplifiant ainsi l’effet de profondeur de la composition et en exal- tant la lumière. Marie SiMonnetti ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 69

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Décoder Camille Claudel L’IMPLORANTECamille Claudel est très certainement l’une ternité de son travail, veut asseoir sa réputation et n’ac-des plus talentueuses élèves de Rodin. cepte plus de laisser croire que certaines sont l’œuvre dePourtant, elle reste longtemps dans l’ombre Rodin ou de son inspiration. En mal de reconnaissance,du sculpteur avant d’être reconnue pour son elle se sépare progressivement de son maître dans lesgénie. Avec L’Implorante, elle s’affirme et années 1890, lui qui ne se résout pas à quitter Rose Beu-lève le voile sur sa relation tumultueuse avec ret, sa première maîtresse et compagne qui le soutientle maître. depuis ses débuts. Tourmentée, la jeune femme s’en- ferme alors dans son atelier, donnant naissance en 1894Aujourd’hui reconnue pour son œuvre, parti- à L’Implorante. Cette création annonce déjà leur rupture culièrement juste, intense et rayonnante, Ca- définitive de 1898. Cette œuvre représente en effet une mille Claudel s’est difficilement affranchie femme à genoux, les mains levées, qui semble implorer de l’influence de son mentor, Auguste Ro- du regard et retenir quelque chose ou quelqu’un. din, tant dans la sphère privée que sur lascène artistique. Longtemps jugée en référence à Rodin, L’Implorante est conçue pour intégrer un ensembleson œuvre se révèle pourtant originale. Sa puissance créa- plus vaste intitulé L’Âge mûr, constitué de 3 person-trice est telle qu’elle fascine et inspire même son maître... nages. Dans la première version en plâtre, le person-qui devient son amant. Passionnée de sculpture depuis nage central est encore hésitant. Comme démembré,son enfance, Camille Claudel, née dans une famille bour- il oscille entre le personnage de gauche, une vieillegeoise en 1964, s’y consacre pleinement à 17 ans, s’ins- femme, représentant le passé, et une jeune femme àtalle à Paris en 1882 pour entrer à l’Académie Colarossi terre, à genoux, qui tente de le retenir, symbolisant leoù elle suit d’abord l’enseignement d’Alfred Boucher puis présent et la jeunesse. Dans cette première version,d’Auguste Rodin. Impressionné par la force de son travail, l’homme au centre pose encore une main sur L’Implo-ce dernier l’intègre à son atelier comme praticienne où la rante. Dans la version suivante, en bronze, il n’estsculptrice travaille alors plusieurs années au service de son plus question d’une menace, la rupture est franche.mentor... et aux dépens de sa propre création. L’homme symbolisant Rodin ne touche plus L’Implo- rante, Camille, et initie son mouvement vers la vieille La séparation : l’âge de l’affirmation femme, Rose Beuret. Le vide entre les mains de L’Im- plorante et de l’homme constitue d’ailleurs le centre La fusion entre le couple d’artistes est telle qu’il est par- de la sculpture, symbolisant le déchirement, l’arrache-fois difficile de distinguer les créations du maître et celles ment qui désunit la jeunesse et l’âge mur dans lequelde l’élève, un véritable frein pour l’émergence de la sculp- l’homme a basculé.trice. La jeune femme, qui peine à se faire attribuer la pa- Cette femme à genoux, première pièce réalisée, porte déjà en germe l’œuvre de Camille Claudel, et son style si particulier, comme si l’artiste s’était enfin résolue à lais- ser partir son maître, Rodin (et son influence artistique), LE RENONCEMENT Loin d’afficher une posture dynamique et forte, la jeune femme est représentée à genoux, comme soumise, et suppliante. Ainsi représentée, elle annonce la volonté de Camille Claudel de retenir Rodin, son maître et amant, mais surtout son incapacité totale à y parvenir.70 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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LE VISAGE DE LA RENAISSANCE Ce petit visage très rond, presque primitif, doté de larges narines et de lèvres charnues, annonce les prémices de la renaissance de Camille Claudel en tant qu’artiste. Dans le style, cette sculpture est très proche des Causeuses et de La vague. MATERNITÉ SOUS-JACENTE Avec ce ventre légèrement bombé, Camille Claudel se serait représentée enceinte de Rodin, dont elle portait l’enfant, avant de faire le choix de renoncer à cette maternité. L’Implorante, qui représente la jeunesse et la vie, porterait donc à l’intérieur un trésor, un message caché, invisible à une simple lecture de la sculpture en surface.Camille Claudel, L’Implorante, 1893-1905.vers cette vieille femme, Rose Beuret, liée, à genoux. Cette superbe, cette or- DES MAINS TENDUESici l’allégorie de la mort. L’Implorante, gueilleuse... Et savez-vous ce qui s’ar-figure du renoncement contraint, est rache à elle en ce moment même ? C’est Dans cette seconde version en bronze, lesun tournant dans l’œuvre de Camille son âme», écrit Paul Claudel, son frère, mains du personnage ne sont plus positionnéesClaudel. Elle marque la naissance de déjà conscient des tourments destruc- dans un mouvement de repos sur l’épaule del’artiste à part entière, mais aussi l’ère teurs dans laquelle sa sœur se débat... et quelqu’un. Ici, elles sont à la fois tendues etde la solitude et de la folie qui la guette. qui la mènera à sa perte. agrippées, comme si la jeune femme essayait«Ma sœur Camille, implorante, humi- dans ce mouvement plein de désarroi de retenir Élise Forestier quelqu’un. ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 71

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Décoder Paul Cézanne MONT SAINTE- VICTOIRE ET VIADUCDE LA VALLÉE DE L’ARCPeint plusieurs dizaines de fois par Paul danne, un petit village près d’Aix. Passionné et inspiré parCézanne, la montagne Saint-Victoire est pour ce qui l’entoure, il passe ses journées à peindre en atelierl’artiste un personnage à part entière. Symbole ou en plein air. «On n’est ni trop scrupuleux, ni trop sin-de son enfance, Cézanne est captivé par la cère, ni trop soumis à la nature ; mais on est plus ou moinsfaçon dont la montagne capte la lumière. maître de son modèle, et surtout de ses moyens d’expres- sion», écrit-il dans une lettre à Émile Bernard, en 1904.Peintre postimpressionniste, Paul Cézanne (1839 -1906) n’exécute rien qui n’est conforme à ses Une montagne… «sacrée» sentiments. Il s’évertue à transposer la sensation visuelle dans une construction purement plas- Figure emblématique de la région, la montagne Sainte- tique. Son influence fut capitale sur l’art moderne Victoire est l’une de ses principales sources d’inspiration.puisqu’il est considéré comme le précurseur du cubisme. Sa forme étonnante qui met en évidence les bouleverse-Fasciné par les œuvres de Delacroix et Courbet, Cézanne ments géologiques de la région, les légendes qui entourenttraduit d’abord ses angoisses dans ce qu’il appelle sa «ma- le massif, l’histoire, le folklore en ont fait une montagnenière couillarde» : couleurs épaisses et sombres travaillées «sacrée». Cézanne y explore quelques principes pictu-au couteau. Cette manière s’atténue dans les natures mortes raux en réaction à l’impressionnisme dominant. «Les– exécutées au pinceau –, où commencent à s’exprimer les choses sans bornes de la nature m’attirent… Je procèderelations des formes et de l’espace. Puis, Cézanne aborde très lentement, la nature s’offrant à moi très complexe, etle motif, peignant des paysages audacieusement composés. les progrès à faire incessants». Il ne cesse d’imaginer la montagne en même temps qu’il la peint. Il ne limite pas En 1872, Cézanne s’installe avec femme et enfant à Au- sa vision à ce qu’il aperçoit lorsqu’il a hissé son chevaletvers-sur-Oise où il peint aux côtés de Pissarro. C’est durant entre les pins. Ce qu’il voit ? La lumière du moment etcette période qu’il apprend la peinture en plein air, plantant l’ensemble des vues accumulées dans sa mémoire.son chevalet sur les bords de l’Oise et de la Seine. Sa palettes’éclaircit. Sa touche devient plus fine et plus précise. En En toute saison et dans différents styles, Cézanne im-1874 puis en 1877, il expose avec les Impressionnistes. Mais mortalise plus d’une soixantaine de fois cette montagne,face à l’accueil mitigé de son travail, il redescend en 1882 les différentes versions étant dispersées dans différentsdans sa Provence natale, d’abord à l’Estaque, puis à Gar- musées du monde. Entre 1882 et 1885, il peint plusieurs tableaux dans lesquels la montagne Sainte-Victoire, à l’est À LA BROSSE d’Aix-en-Provence, apparaît au fond du vaste panorama de la vallée de l’Arc. Le tableau Mont Sainte-Victoire Au premier plan, des pins et Viaduc de la Vallée de l’Arc est l’un des quatre peints verts. En arrière-plan, la de la colline de Bellevue, le domaine de son beau-frère montagne Sainte-Victoire Maxime Conil. On n’y découvre qu’un paysage, l’artiste dans un dégradé de a éliminé histoire, anecdote pittoresque et même per- blancs sur fond de ciel sonnages. Il tente de transcrire non ce qu’il voit mais ce bleu. Le peintre laisse qu’il ressent, de construire un espace nouveau, non pho- voir les touches de sa tographique, mais pictural, affranchi de la perspective peinture déposée à la traditionnelle. Chaque touche concentre vision plastique brosse. et sensations. Les formes des arbres, des maisons, de la montagne elle-même tendent à se géométriser... c’est le début du cubisme... Séverine Germain-Guéroult72 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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© Metropolitan Museum of Art, New YorkPaul Cézanne, Mont Sainte-Victoire et Viaduc de la Vallée de l’Arc (1882-1885), huile sur toile, 65,4 x 81,6 cm. EN RYTHME RELATIONS PLASTIQUESLes coups de pinceau sont posésrégulièrement, en touches brèves, selon un Espace unifié, équilibre desrythme égal sur la totalité du tableau, ce lignes, des masses et desqui unifie la surface et permet une lecture couleurs.simultanée de l’arrière et du premier plan. VUE DOMINANTE UN SEUL PLANLe tableau est peint depuis le flanc d’une La branche semble encastrée pluscolline qui domine la vallée de l’Arc, un que placée devant et au-dessus delieu suffisamment haut pour surplomber la vallée. Certains coups de pinceau,également une maison au premier plan qui articulent les branches entrequi, elle-même, domine la plaine. elles, ont été recouverts par ceux qui définissent les champs, de sorte que le premier plan et l’arrière-plan paraissent occuper un seul et même plan. ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 73

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Tout savoir sur... MODIGLIANI MODIGLIANI, PORTRAITISTE DE LA BOHÈME PARISIENNE Tour à tour peintre et sculpteur, libre et indé- SMK Photo-Copenhague, National gallery of Denmark pendant, Modigliani côtoie le «Tout Paris» au début du XXème siècle, sans jamais adhé- rer à aucun courant artistique. Ses portraits d’anonymes ou de célébrités du monde pari- sien restent aujourd’hui encore inclassables.D’origine italienne, c’est à Paris que Modigliani laisse exploser son talent. Fils de marchands très cultivés, auprès desquels il s’initie très jeune à la philosophie et à la littérature, il se découvre dès l’adolescenceune passion pour l’art, plus particulièrement pour le nu.Il s’inscrit donc dès 1902 à la Scuola Libera di Nudode l’académie des Beaux-Arts de Florence, avant depoursuivre son apprentissage aux Beaux-Arts de Venise.Son départ pour Paris en 1906, capitale avant-gardiste,marque le début d’une vie de peintre bohème, qui tente dedécouvrir de nouvelles manières d’exprimer son art, touten restant fidèle à sa singularité.LaM Un Italien à Paris Jeanne-Bathilde Lacourt, Débarqué sur la célèbre Portrait de l’artiste en costume de Pierrot, 1915, huile conservatrice d’art moderne place Montmartre, le jeune sur carton, 43 x 27 cm. du LaM, et commissaire artiste d’à peine 20 ans ren- de l’exposition «Amedeo contre le cercle du Bateau- précis», explique Jeanne-Baltide Lacourt, conservatrice Modigliani, L’œil intérieur». Lavoir, dirigé par Picasso, d’art moderne du musée du LaM à Villeneuve-d’Ascq, et dont les membres ne et commissaire de l’exposition «Amedeo Modiglia- sont autres que Max Jacob, ni, L’œil intérieur». Rapidement, il pose ses valises Guillaume Apollinaire, à Montparnasse où il côtoie les artistes de la Ruche, Soutine... Tous deviennent ses amis proches. «Il s’in- tègre, et s’identifie à ces artistes tout en restant un peu éloigné car il s’est toujours considéré comme différent, et ne voulait pas s’insérer dans un courant 74 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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© Musée d’art moderne / Roger ViolletCariatide, vers 1913-1914, crayon graphite, lavis d’encre et pastel sur papier, 53 x 43,8 cm. ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 75

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Tout savoir sur... MODIGLIANIModerna Museet, Stockholm – Donation d’Oscar Stern, 1951 Sotheby’s / Art Digital Studio-Collection particulière, États-Unis Femme assise à la robe bleue, 1918-1919, huile sur toile, Portrait de Roger Dutilleul, juin 1919, huile sur toile 92 x 60 cm. 100,4 x 64,7 cm. À découvrir au LaM célèbre atelier fondé par le sculpteur épaisse, comme dans L’étude du nu Alfred Boucher et fréquenté par Cha- assis et le Portrait de Maud Abrantes. Du 27 février entre sculpture gall, Brâncuşi, Léger... Continuant de Influencé par Cézanne, il simplifie les au 5 juin 2016, antique et extra- travailler avec le cercle du Bateau-La- volumes et allège la matière. Le Joueur le Musée d’art occidentale, voir, Modigliani ne se revendique d’au- de violoncelle est complètement impré- moderne, d’art sa pratique cun groupe. «Toujours entre les deux, il gné du peintre provençal, tant avec contemporain fondamentale ne choisit pas réellement son camp. On ses fines modulations de bleu qu’avec et d’art brut du portrait, peut dire qu’il est sur tous les fronts». la souplesse harmonieuse des plans. Il de Lille permet et la relation s’inspire ensuite du cubisme et de la d’en savoir plus singulière qui lie Ses premières peintures parisiennes période bleue de Picasso. Naît alors sur Modigliani, son œuvre au sont inspirées de l’art d’Henri de Tou- un style qui lui est propre, caractérisé à travers collectionneur louse-Lautrec, des peintres fauves, par des formes allongées, quelquefois l’exposition Roger Dutilleul, des préraphaélites. Son domaine de déformées, et des visages ovales. «Amedeo propriétaire prédilection reste le portrait et les nus Modigliani, de 30 de féminins, dont certains, exposés, sont L’art de tailler la pierre L’œil intérieur». ses tableaux menacés de saisie pour outrage public L’occasion de ainsi que de à la pudeur. De 1906 à 1908, on recon- C’est à la Ruche que Modigliani ren- comprendre nombreux naît dans ses travaux des tendances ex- contre le sculpteur Constantin Brâncuşi. son approche dessins. pressionnistes avec des traits pronon- Le peintre est tellement marqué par cés, des couleurs sombres et une pâte 76 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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Philip Bernard – Donation Geneviève et Jean Masurel. LaM,Villeneuve-d’Ascq © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Adam Rzepka Nu assis à la chemise, 1917, huile sur toile, 92 x 67,5 cm. Tête rouge, 1915, huile sur carton, 54 x 42,5 cm. l’œuvre de l’artiste hongrois qu’il et des divinités égyptiennes du grand idéale, en restant fidèle à la personna- consacre sa production à la sculpture musée parisien, pour les attitudes et les lité des modèles». Son penchant pour de 1910 à 1914. On retrouve ainsi les positions de ses sculptures : des figures l’humanité se révèle dans ses œuvres : caractères formels essentiels de l’art de agenouillées, des jambes de profil, un portraits de ses compagnes, de ses amis Brâncuşi dans les têtes, les cariatides buste de trois quarts. Atteint depuis son et d’anonymes vivants près de lui. Mo- et les bustes en pierre de Modigliani. adolescence par une maladie pulmonaire, digliani fait ressortir une beauté abs- «Nous ignorons si cette rencontre est il ne supporte plus la poussière engen- traite, synthèse de son idéal formel et venue avant ou après ses sculptures. drée par sa nouvelle activité. Sa rencontre de son expérience du modèle. Marqués Ils échangent et travaillent ensemble, avec Paul Guillaume, marchand et collec- par sa période de sculpture, ses por- Brâncuşi est un vrai soutien», explique tionneur d’art moderne, le conforte dans traits sont généralement construits sur la jeune conservatrice. Comme lui, il le choix de revenir à la peinture. Il tire le même mode : des personnages vus taille directement la pierre et s’inspire cependant de cette expérience un goût de face, assis, les mains croisées, avec du même idéal de pureté intemporelle. pour la simplification des formes, que une attention portée sur le visage. Des Beaucoup de similitudes ressortent de l’on retrouve dans ces dernières œuvres, fonds unis et indéfinis démarquent le leurs œuvres : des tailles brutes, l’allon- comme le Nu assis à la chemise (1917) et corps. Sans ascendance ni descendance gement ou l’aplatissement du visage, le Jeune Homme en blouse bleue (1918). directes, son art lui est propre. «Il fait une géométrisation des traits et un une synthèse de beaucoup de formes, cou plus étiré. Pratiquement toutes ses Affirmation de techniques et de styles différents. Sa figures laissent un sentiment d’inachè- d’un style atypique pluralité est reconnue et appréciée. Il vement, souvent écorchées et grossière- cherche le plus harmonieux pour créer ment sculptées. Lorsqu’il reprend la peinture, Modi- sa figure idéale. En quelque sorte, il gliani se consacre à un seul thème : la propose une synthèse de toutes les L’art cycladique (3300 à 2000 av J.- figure humaine. «Il n’est pas intéressé religions de l’art», conclut la conser- C) qu’il découvre au Louvre est une des par le paysage ou la nature morte. Ce vatrice. Une singularité pourtant peu sources communes avec Brâncuşi. Il qui le passionne, c’est l’humanité. Il conforme à l’esprit de son siècle. traite la figure de manière plus stylisée. Il veut dégager de son travail une beauté s’inspire des reliefs de l’Égypte antique Margaux Lidon ARTS MAGAARTZSINMEAnG°9A9Z-INNEonve°1m0b1re- -MDaércse-mAbvrreil22001156 7777

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L’art dans la vieBANDE DESSINÉE Sur les traces de Lucky LukeEn 2016, Lucky Luke fête ses 70 ans. Lucky Comics 2015Pour commémorer l’événement, la Citéinternationale de la bande dessinée Tumulte à Tumbleweed, détail de la planche 23b, 1953.et de l’image présente une expositionrétrospective consacrée à l’œuvre de très vite comme un maître du dessin. À 20 ans, alors qu’ilMaurice de Bevere (1923-2001), dit se destine à faire du dessin animé, il est embauché chezMorris. Dupuis qui cherche des dessinateurs pour le journal Spi- rou. Passionné de Western et de dessin animé américain,Le temps d’une exposition, replongez dans l’univers des westerns, revolvers, brigands Lucky Comics et cow-boys inventé par le génial dessinateur Lucky Comics belge. Inauguré lors du dernier Festival de la Bande Dessinée à Angoulême, «L’Art de Morris et Goscinny. Sur la piste des Dalton, détailMorris» (du 28 janvier au 18 septembre 2016) offre une de la planche 1.occasion unique, pour les amateurs de bandes dessinéesautant que pour le grand public, de découvrir plus de 150planches et dessins originaux de Morris. La plupart jamaismontrés au public, la famille de l’auteur ayant reçu pourconsigne de ne jamais les révéler... Entre dessin animé et BD Inspiré par Hergé, formé par Jijé aux côtés de Franquin, Morris s’affirme L’ART DE MORRIS Jusqu’au 18 septembre 2016, Musée de la Bande Dessinée d’Angoulême 10h-18h (du mar au vend), 14h-18h (sam, dim & jours fériés), jusqu’à 19h en juillet et août. Prix : 7 € environ www.bdangouleme.com www.citebd.org78 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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il crée Lucky Luke en 1946, héros flegmatique sans Lucky Comicspeur et sans reproche qui tire plus vite que sonombre. «Il lui consacrera toutesa vie et aura la chance dele voir transformé en des-sin animé, son rêve detoujours», raconte Sté-phane Beaujean, com-missaire de l’expositionà Angoulême. Installé aux États-Unis pendant plusieursannées, Morris côtoieles auteurs du maga-zine Mad et donnealors à ses histoiresune dimension paro-dique. «C’est là aussiqu’il pense ses BD entermes de page et nonplus en termes de case»,commente StéphaneBeaujean. La dimensionparodique est renforcée,dès le milieu des années 50, parla présence de René Goscinny, qui,pendant plus de 20 ans, signe les scénariosde la série. Ensemble, les deux auteurs font secroiser des événements historiques et des banditspatibulaires, et ils mettent en scène des personnagesinoubliables : Jolly Jumper, la fidèle monture du héros,mais aussi Rantanplan, le chien policier le plus bête àl’ouest du Pecos, sans oublier quatre frères en escalieraussi méchants qu’idiots – Joe, Jack, William et AverellDalton –, qui restent, pour le plus grand bonheur du lec-teur, les ennemis éternels de Lucky Luke. Les raisons d’un succès Dès le début, le cow-boy remporte un vif succès. Le wes-tern est un genre à la mode dans les années 1950-1960,et l’Amérique fait fantasmer. En outre, l’éditeur Dupuisinsiste pour que ses albums soient brochés, c’est-à-direrecouverts de couvertures souples, moins chères et plus Lucky ComicsCanyon Apache, détail de la planche 28. faciles à vendre en supermarché. Ce qui n’empêchera pas les ventes d’exploser lorsque Morris obtiendra des albums cartonnés en quittant Dupuis pour Dargaud en 1967. Aujourd’hui encore, Lucky Luke reste un héros trans- ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 79

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L’art dans la vie LUCKY LUKEgénérationnel – l’un des plus célèbres dans l’histoire de par la qualité, tout simple-la bande dessinée. Depuis 70 ans, 300 millions d’albums ment, de l’écriture de Mor-de la série ont été vendus, et les aventures du cow-boy ris. Il a un très grand senssolitaire ont été traduites en 29 langues. «Il est difficile de la mise en scène : trou-d’expliquer la longévité de Lucky Luke autrement que ver le bon angle de caméra, la bonne perspective, la manière de dynamiser l’ac- tion... Et ses personnagesLucky Comics sont très bien campés, à la fois dans la parodie et par- faitement crédibles», com- mente Stéphane Beaujean. «Son succès tient aussi Stéphane Beaujean, dans son style, qu’on peut commissaire de l’exposition qualifier de désinvolte et «L’Art de Morris». très codifié. Excellent tech- nicien, il n’en fait jamais la démonstration dans ses dessins. Il y a dans son trait une forme d’épure, de synthèse, de rapidité qui donnent une impression de facilité. Parallèlement, son dessin est très Recherche personnelle de Morris. Les Cousins Dalton, détail de la planche 30, 1957.80 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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Lucky Comics Il y a dans son trait Lucky Comics une forme de synthèse, de rapidité, qui donnent une Lucky Luke contre Cigarette Caesar, détail de la planche 17. impression de facilité. du trait et le talent hors du commun du créateur de Lucky Luke. «Lorsque nous avons eu les planches originalescodifié : un arbre restera un arbre, un rocher un rocher, sous les yeux, ce fut une totale redécouverte. Nous avonsun poteau un poteau... il les répètera comme ça à l’infini voulu montrer à quel point Morris a été un précurseur,pendant 60 volumes, créant un univers extrêmement ras- construisant un langage intéressant, et s’était ancré danssurant pour le lecteur». l’histoire de la bande dessinée franco-belge». En résulte un ensemble exceptionnel, un trésor inestimable de la Un trésor enfin révélé bande dessinée, que le visiteur est invité à découvrir. Les commissaires de l’exposition, Stéphane Beaujean L’exposition est accompagnée d’un appareil critique suret Jean-Pierre Mercier, ont retenu, parmi les milliers de l’œuvre et l’esthétique de Morris, et montre les multiplespages dessinées par Morris et conservées à Bruxelles par facettes de son art par la présentation de journaux rares,la famille de l’auteur, 150 planches et dessins originaux d’esquisses et de manuscrits provenant des collections duparticulièrement remarquables qui montrent l’évolution Musée de la bande dessinée ou de prêts de particuliers. Sont également présentés des posters, des photos et desLucky Comics figurines, ainsi que des interviews de Morris provenant des fonds de l’Institut national de l’audiovisuel. Louise Roumieu ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 81

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Rendez-vous au...© defrance.de Caumont Centre d’Art, un hôtel si particulier À une trentaine de kilomètres de Marseille, © Caumont Centre d’Art, photo A. Agoudjian au cœur d’Aix-en-Provence (13), à deux pas du cours Mirabeau, Caumont Centre d’Art est devenu la nouvelle institution culturelle qui fait battre le cœur de la ville. Inauguré le 6 mai 2015, Caumont Histoire d’une renaissance Sophie Aurand-Hovanessian, directrice de la Centre d’Art met les Beaux-Arts programmation culturelle des expositions de à l’honneur, à travers sa program- À l’origine de l’Hôtel de Caumont, Caumont Centre d’Art. mation culturelle, avec, chaque construit dans le tout nouveau quartier année, deux importantes exposi- Mazarin sorti de terre en 1646, le mar- des Bâtiments du roi, de lui dessiner tions temporaires dédiées aux grands quis de Cabannes, François Rolland des plans qui se démarquent des autres noms de la création, de l’art ancien à de Réauville. Ce second président à la hôtels particuliers du quartier. La pre- nos jours. L’occasion de faire découvrir Cour des comptes d’Aix-en-Provence mière pierre est posée en 1715. Faute dans un écrin somptueux, classé monu- souhaite un hôtel particulier digne de sa de moyen, le bâtiment passe ensuite ment historique depuis 1987, le génie fonction. Il demande donc à Robert de artistique auquel le lieu a déjà goûté. Cotte, intendant et premier Architecte 82 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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© S. Lloyd © S. Lloyd Robert de Cotte, premier Architecte des Bâtiments du roi dessine les plans de l’Hôtel de Caumont. Il imagine pour le bâtiment une façade qui impose le statut social propre à la noblesse. Elle présente un harmonieux mélange entre un style parisien, marqué par son classicisme, et un style aixois, plus baroque, à l’accent provençal. L’escalier est considéré dès sa création comme un élément décoratif de premier ordre, visible même depuis l’extérieur de la bâtisse. L’élégante ferronnerie de l’escalier est composée de volutes de feuilles d’acanthe où se distinguent les «R» imbriqués de la famille Rolland de Réauville.© S. Lloyd © S. Lloyd Le parterre du jardin haut est formé par une pelouse ponctuée de buis Le jardin bas est entouré d’une double haie formée de chênes verts boules et dessinée en compartiments géométriques autour d’un bassin et d’ifs encadrant une broderie de buis, dont le tracé trouve son circulaire au milieu duquel trône un rocher d’où jaillissent des jets inspiration dans le dessin originel de Robert de Cotte pour l’Hôtel de d’eau, comme sur les deux fontaines du cours Mirabeau. Caumont. La fontaine des Trois-Tritons vient fermer la perspective. entre les mains de la famille de Bruny, et des fossiles. L’Hôtel des Bruny est ville d’Aix-en-Provence en 1964, deve- puis en 1772 entre celles de Jean-Bap- alors le théâtre de fêtes et soirées mémo- nant le Conservatoire national de danse tiste Jerôme, collectionneur, botaniste rables où toute la bonne société aixoise Darius Milhaud. Après une nouvelle et membre de l’académie de peinture de se donne rendez-vous. La Révolution mise en vente, Culturespaces devient Marseille. Dès le XVIIIème siècle et pour française marque un coup d’arrêt. Puis, propriétaire en 2010. En juillet 2013, le la première fois, l’Hôtel de Caumont, le somptueux monument passe encore programme de restauration débute, su- devenu Hôtel de Bruny, fait la promo- de main en main au cours de l’histoire, pervisée par la DRAC, la Conservation tion des arts. Son propriétaire rassemble perdant progressivement de son faste. régionale des monuments historiques et dans son hôtel aixois de nombreuses l’Architecte des Bâtiments de France. œuvres d’art mais aussi des minéraux Après avoir bénéficié de quelques res- L’intérieur retrouve sa distribution taurations, la bâtisse est rachetée par la ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 83

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Rendez-vous au... CAUMONT CENTRE D’ARTTurner s’invite à Caumont Centre d’Art pièce attenante, le salon de musique, espace entièrement dédié à la pratiquePour sa prochaine grande © SBury Art Museum, Greater Manchester UKexposition, l’incroyable instrumentale qui joue un rôledemeure prête ses murs William Turner, Calais Sands at Low Water, central dans la vie sociale de laà celui qui est considéré Poissards Collecting Bait, 1830, huile sur toile, haute société de l’époque. Le par-comme le précurseur de cours mène ensuite à la premièrel’impressionnisme, Joseph 68,8 x 103,8 cm, Bury Art Museum. salle dédiée aux expositions tem-Mallord William Turner poraires, puis à la seconde, au 2ème(1775-1851), qui règne du peintre à travers les époques et étage du bâtiment. Au cours de cesans conteste dans le au gré de ses voyages de Londres au voyage dans le temps, l’Hôtel depaysage de la peinture Yorkshire, de la France à l’Italie. Caumont propose de découvrir unanglaise du XIXème siècle. paysage artistique exceptionnelEn partenariat avec la qui vient encore émerveiller leTate Britain de Londres et visiteur dans son itinéraire.le Turner Contemporaryde Margate, l’exposition Caumont, unpropose de redécouvrir l’art centre à partde Turner à partir de sesexplorations et recherches à Concevoir une programmation diver-partir de la couleur. Regroupant sifiée avec une constante exigence deenviron une centaine de qualité et d’innovations sont au cœurpeintures et aquarelles, dont des préoccupations de Sophie Aurand-des ensembles réunis pour Hovanessian, directrice de la program-la première fois, le parcours retrace mation culturelle des expositions. «L’artles évolutions subtiles de la palette de l’exposition doit bouger et ouvrir de nouveaux horizons aux visiteurs. Inno-d’origine, telle que l’avait conçue l’ar- illustration de l’architecture française ver pour surprendre, pour développerchitecte Robert de Cotte, et les décors de du XVIIIème siècle. Le rez-de-chaus- des approches différentes afin d’appro-gypseries sont restitués avec soin. Enfin, sée de la bâtisse accueille désormais le fondir la connaissance artistique, tellesdes documents d’archives permettent le Café Caumont, où les différents salons sont nos ambitions culturelles. Cau-réaménagement des jardins comme à donnent l’occasion aux visiteurs souhai- mont Centre d’Art est plus qu’un simplel’époque. En mai 2015, l’Hôtel de Cau- tant se restaurer d’une immersion dans lieu d’exposition, c’est un espace oùmont devenu Caumont Centre d’Art est le XVIIIème siècle. Le rez-de-chaussée l’art vibre». Véritable lieu d’émulationfin prêt à ouvrir ses portes. donne aussi accès aux jardins haut et bas, culturelle et artistique, ce centre veut dont les plans portent le goût classique de promouvoir la création sous toutes ses Une plongée dans l’époque : tracés géométriques soignés, formes. «Caumont Centre d’Art est un le XVIIIème siècle perspectives ouvertes, jets d’eau... autant lieu à part pour Aix-en-Provence. Outre de codes des jardins dits «à la française». ses jardins, sa visite combine une pro- D’une surface de 2.500 m², l’Hôtel grammation d’expositions très éclec-de Caumont s’étend sur 3 niveaux. Par Au premier étage de la demeure, la tique et une immersion dans le plus purl’ampleur de sa conception, sans équiva- visite commence avec la chambre de style du Siècle des Lumières à traverslent à Aix-en-Provence, par ses propor- Pauline de Caumont, héritière de l’hôtel ses salons historiques. C’est aussi unetions harmonieuses et le classicisme de particulier en 1796. Cette pièce évoque programmation de cartes blanches quisa façade, il représente une magnifique la jeunesse heureuse de la noble aixoise, animent la vie du lieu tout au long de et l’intimité au XVIIIème siècle. Dans la l’année, un film sur Cézanne projetéLe Café Caumont offre © S. Lloydaux visiteurs de se © S. Lloydrestaurer dans l’un dessalons de la propriété.Rénovés à partir dedocuments d’époque,ces salons historiquestéléportent les amateursd’art et de cuisinegourmande dans le milieuaristocratique aixois duXVIIIème siècle... pour undépaysement total.84 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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© S. Lloyd© S. Lloyd À l’époque, dans les demeures du quartier Mazarin, la présence de pièces spécialisées, habituellement réservées à la haute noblesse et au château princier, reflète le haut niveau social des propriétaires. L’Hôtel de Caumont dispose donc de son salon de musique, haut lieu de sociabilité. La chambre de Pauline de Caumont témoigne de la redécouverte de l’intimité du XVIIIème siècle avec l’apparition des alcôves et des boudoirs. Les fastes de de Versailles laissent place à une vie plus confortable, où le luxe se mêle à la douceur de vivre. C’est aussi le triomphe du style rocaille très présent dans cette chambre. © S. Lloyd tous les jours, un café res- c’est ainsi que nous nous ouvrons à la taurant et une librairie boutique pour photographie dès l’automne 2016, avec, accueillir les visiteurs 7j/7. Les salons à partir d’octobre, l’exposition “Mari- historiques, qui peuvent être visités lyn”, sous l’œil des photographes. Le toute l’année, restituent avec justesse le dénominateur commun de toutes ces cadre de vie des familles aristocratiques manifestations reste le désir de renou- aixoises ayant façonné ce lieu». veler le regard sur les moments clés de l’histoire de l’art». Sophie Aurand- Pour ses manifestations, le centre voit Hovanessian revendique un lieu à part, les choses en grand. «Chaque année, résolument différent de ce qui existe : nous présentons 2 expositions tempo- «Nous faisons la démonstration que le raires d’envergure internationale. Après concept de “Centre d’Art’’ peut rimer “Canaletto” à l’été 2015, suivi des “Col- avec autre chose que “contemporain’’. lections du Prince de Liechtenstein” C’est aussi l’occasion d’allers-retours (Rubens, Cranach, Vigée-Lebrun...), passionnants entre la création d’au- nous présentons “Turner” à partir de jourd’hui et l’art des siècles passés». mai 2016. Mais notre programmation se veut ouverte à toutes formes d’art, et Élise Forestier ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 85

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L’Art en voyage Moscou, européen de l’artEn moins de deux décennies, Moscou est devenue Ville ancienne et jeune à laune place de choix pour le marché de l’art, mais fois, Moscou grandit et sesurtout une belle vitrine pour les créations transforme... restant une vraiecontemporaines. ville russe par son essence, dont l’histoire millénaire est 86 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 conservée dans son architecture, et dont la perle a toujours été et reste encore

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carrefour Verticalisation de la villecontemporain À l’évocation de cette nouvelle architec- ture verticale de Moscou, on se souvient d’abord des «gratte-ciel staliniens» qui ont déterminé la physionomie de la capitale russe dans les années d’après-guerre. Sept gratte-ciel érigés dans les années 40-50, devenus un exemple brillant du style dit de l’empire soviétique de l’après-guerre, incarnent dans leur forme architecturale la puissance et la volonté inébranlable du peuple soviétique, symbolisent la victoire sur le fascisme et le grand avenir de l’URSS. Dans les années 60-80, la construction de gratte-ciel a été poursuivie. Beaucoup d’entre eux ont considérablement surpassé en hauteur les gratte-ciel staliniens mais leur conception est basée sur des principes tout à fait différents. On peut citer les hôtels Intourist et Kosmos, érigés dans les styles moderne et postmoderne, le bâtiment de la mairie de Moscou (ancien bâtiment du Conseil d’entraide économique), l’institut des installations hydrauliques Guidroproekt à Volokolamskoyé chaussée, l’ensemble hôtelier Izmaïlovo, La maison du tourisme... Depuis la fin du XXème siècle, on voit apparaître des immeubles dont le style et la symétrie des formes en gradins reprennent celles des anciens gratte-ciel soviétiques. L’art contemporain prend position Persona non grata pendant des décennies, l’art contemporain a aujourd’hui une place de choix dans la capitale russe, après avoir connu des années noires, au milieu des années 70, les bulldozers détruisant les œuvres contemporaines exposées clan- destinement dans des appartements, les caves... faute de lieux «officiels» pour les accueillir. Aujourd’hui, grâce à l’achar- nement d’artistes et au soutien financier de riches oligarques, dont le milliardaire Roman Abramovitch, expositions, biennale internationale mais surtout nouveaux lieux d’expression mettent en avant la création contemporaine. Fondé en 2003, chapeauté par l’archi- tecte Serguei Dessiatov, et installé depuis 2009 dans les bâtiments de l’ancienneaujourd’hui le Kremlin. Créée par le une nouvelle image de la capitale. La usine Monomètre, le centre de design etgénie des architectes italiens et le travail ville recèle de demeures majestueuses, d’architecture Artplay est désormais leimmense des maîtres russes, la perfec- à l’image du domaine de Kouskovo, lieu le plus branché de la ville. Grâce à sation de la composition du Kremlin et le un ensemble composé du monument vocation multifonctionnelle, qui rassembletriomphe réservé à chaque élément ont d’architecture et du parc du XVIIIème des professionnels de l’architecture, duinspiré des architectes du XXème siècle siècle, véritable spécimen unique de la design, de l’urbanisme, dexepl’oisnigtiéonni,er•ie•e•tqui ont créé les 7 gratte-ciel, donnant culture des manoirs russes. du meuble, il combine ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 87

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L’Art en voyage MOSCOU, CARREFOUR EUROPÉEN DE L’ART CONTEMPORAIN 54 9 6 A1 81 Le Kremlin 2 Galerie Tretyakov L’histoire du Kremlin est liée à l’histoire de la capitale et à la transformation C’est le plus grand musée d’art russe dansde Moscou. En 1990, l’ensemble d’architecture et d’art du Kremlin de Moscou et le monde. La collection du marchand et industrielde la place Rouge a été inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. En 1991 a été moscovite Pavel Mikhaylovitch Tretyakov (1832-réorganisé le musée d’État «Kremlin de Moscou». Son ensemble comprend : le 1898), mécène et collectionneur de la peinture russe,palais des Armures, la cathédrale de l’Annonciation, la cathédrale de l’Archange est à son origine. L’histoire du musée commence enSaint-Michel, la cathédrale de l’Assomption, les Chambres du Patriarche, l’église 1856 quand P.M. Tretyakov a acheté ses premiersde la Déposition de la robe de la Très Sainte Vierge, le clocher d’Ivan le Grand, la tableaux.place des Cathédrales, la collection «Archéologie du Kremlin de Moscou». 10, ruelle LavroutchinskyOuvert de 10h à 17h Ouvert de 10h à 18h (sf lun.), de 10h à 21hTarif : à partir de 250 roubles (à partir de 3 € environ) (jeu, ven & sam.)www.kreml.ru Tarif : 450 roubles (4,80 € environ) http://www.tretyakovgallery.ru/88 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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1 3 2 7B103 Musée des beaux-arts Pouchkine DR Actuellement, la collection du musée comprend plus de 640.000pièces. À l’époque soviétique, les fonds du musée se sont complétés desoriginaux des collections privées nationalisées et de celles des autresmusées, notamment de l’Ermitage (Saint-Pétersbourg), mais aussidu musée Roumiantsev (qui se trouvait à Saint-Pétersbourg jusqu’en1925 sur la base de la collection privée des comtes Roumiantsev), duKremlin, du Musée historique. Tous les travaux des auteurs européensde la galerie Trétiakov ont été donnés au Musée des beaux-arts. Ainsi, lemusée, qui n’avait que des copies, s’est transformé en musée de chefs-d’œuvre de l’art mondial, un des plus riches du monde. Les perles dumusée ? Les œuvres des impressionnistes et des postimpressionnistesreçues des 2 collections privées de Serguey Tschoukin (plus de 220toiles) et de Ivan Morozov (140 toiles presque).Ouvert de 11h à 20h (sf lun.)12, rue VolkhonkaTarif : 300 roubles (3,5 € environ)http://www.arts-museum.ru••• cinéma, ateliers avec du shopping Centre de culture moderne privé créé espaces d’exposition. Enfin, pour ceux par M. et Mme. Abramovitch en 2008, qui sont plus conventionnels et préfèrentet d’autres activités commerciales. Une le Garage est inspiré de l’histoire des des œuvres originales de grands maîtres,parfaite combinaison entre l’art contem- lieux. En effet, dans les années 20, sous comme Salvador Dalí ou Pablo Picasso,porain et le monde qui l’entoure ! On y le régime soviétique, le bâtiment initial direction le Musée d’art contemporainvient pour voir de belles créations mais était utilisé comme garage à bus. Après (MMOMA). Fondé en 1999, ce lieuaussi pour flâner, découvrir les nombreux avoir déménagé en 2011 au parc Gorki, conserve en son sein près de 2.000 œuvres.meubles, objets dernier cri ou créations il est aujourd’hui l’un des plus grandsvestimentaires. Séverine Germain-Guéroult ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 89

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L’Art en voyage MOSCOU, CARREFOUR EUROPÉEN DE L’ART CONTEMPORAIN 4 Musée d’art moderne 5 Centre d’art Étant un des plus énergiques acteurs de la vie artistique de Moscou, contemporain M’ARS le Musée d’art moderne est toujours en train de diversifier et d’élargir laDR sphère de ses activités et dispose actuellement de 3 salles d’exposition. Le Cet établissement, qui fait partie de l’Association bâtiment principal abrite les collections permanentes et des expositions M’ARS, a pour axe principal la réalisation de grands temporaires. Quant à l’édifice, il s’agit d’une ancienne propriété moscovite projets internationaux dans le domaine de l’art d’un riche industriel et commerçant de l’Oural, M. Goubine, érigée en moderne. Sur sa surface de 2.000 m2 se tiennent des 1793, d’après le projet de l’illustre architecte M. Kazakov. Le 2ème espace expositions des classiques russes et étrangers de l’art d’exposition occupe un bâtiment à 4 étages, construit sur le projet de D.S. moderne et des jeunes artistes, mais aussi des master- Markov en 1913 pour la Société des architectes de Moscou et aux frais de classes, des cours, des séminaires et des conférences. ses membres. À l’époque soviétique, l’immeuble appartenait à l’Union Les expositions, qui unissent sujets, genres, styles et des artistes de Moscou et abritait des expositions des jeunes peintres et humeurs diamétralement opposés, se déroulent aussi des ateliers. La 3ème salle, la galerie Zourab, a servi dans les années 60 bien dans le bâtiment de l’Association M’ARS que d’atelier à Zourab Tsereteli lui-même. dans les locaux des autres musées, galeries, salles Ouvert de 12h à 20h (sf le dernier lun. de chaque mois) d’exposition russes et étrangers. Depuis sa création, 25, rue Petrovka plus de 1.500 expositions ont vu le jour en Russie Tarif : 500 roubles (6 € environ) et à l’étranger. www.mmoma.ru Ouvert de 12h à 22h (sf lun.) 5, rue Pushkarev 6 Musée historique d’État Tarif : 550 roubles (6,50 € environ) http://centermars.com/ L’exposition permanente présente 7 Nouvelle galerie près de 22.000 objets. Tretyakov Toute l’histoire de la Russie, à partir de Petite sœur de la l’histoire ancienne galerie Tretyakov, jusqu’au début du cette galerie plus ХХème siècle, est pré- récente expose sentée au public sur des œuvres russes 3 étages. Pour voir modernes. Des ta- l’exposition entière, bleaux et créations il faut faire presque d’artistes du XXème 3 km ! Alors, si vous siècle sont présents. comptez observer les La collection est objets exposés pendant variée et intéres- 1 minute, il vous faudra passer 360 heures dans le musée, soit 15 jours et sante : réalisme 15 nuits. Les objets qui ne sont pas entrés dans l’exposition permanente soviétique, avant- et restent dans les fonds du musée sont visibles sur les écrans. Souvent, gardiste russe, ce sont les objets dont le contenu n’est pas moins intéressant que leurs suprématisme... aspects extérieurs. 10, Krymsky Val 1&2, place Rouge Ouvert de 10h à 18h30 (sf lun.) Ouvert de 10h à 18h (sf mar. & 1er lun. de chaque mois) Tarif : 300 roubles (3,60 € environ) Tarif : 350 roubles (4,20 € environ) www.tretyakovgallery.ru www.shm.ru90 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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8 Artplay centre de design LES GALERIES et d’architecture A Centre d’art moderne Vinzavod Le centre Vinzavod est un lieu unique qui réunit les galeries d’art moderne russe les plus connues, avec une surface totale de 20.000 m2. Sur ce territoire énorme se situe un complexe deIl y a plusieurs années, Artplay s’est installé dans constructions anciennes, quil’un des anciens espaces industriels de la capitale. Ilabrite désormais de jeunes galeries moscovites, des abrite 3 salles d’exposition etateliers d’artistes, des cafés, bars et librairies, un clubmusical, une école de design, un cinéma, un atelier 11 galeries : la galerie d’artd’art pour enfants et bien d’autres choses encore.10, rue Nizhnyaya Syromyatnicheskaya contemporain XL, fort appréciéeOuvert de 11h à 21hTarif : entrée libre par les experts ; la galerie d’art actuel Aidan, une des galeries les pluswww.artplay.ru provocatrices de Moscou ; M&J Guelman, la plate-forme d’art radical ; la galerie Regina, la galerie de l’avant-garde russe classique ; Proun et l’Atelier Nr. 2, les galeries de photo Pobeda, Photographer.ru et FotoLoft. ru, ainsi que des studios de design, des ateliers artistiques, le magasin conceptuel Cara&Co, l’École de stylisme PERSONA, un art-café et une librairie. 4ème rue Syromiatnicheskiy per Ouvert de 12h à 20h (sf lun.) Musée Tarif : entrée libre Vladimir-Mayakovsky9 www.winzavod.ru Situé dans le B Maison Centrale des Peintres quartier de La Maison Centrale des Peintres (MCP), qui a ouvert ses portes en Kitaï-gorod, ce musée retrace la 1979, est le plus grand centre d’exposition de toute la Russie. Au cours vie tourmentée d’un des plus des dernières décennies, la MCP est devenue un lieu «sacré» pour étonnants artistes russes du début plusieurs générations de Moscovites, un des symboles de la vie culturelle du XXème siècle.Le musée rend hommage à sa créativité et présente de la ville, y compris pour les invités étrangers. L’espace d’exposition duson univers déjanté.3/6, passage Lioubianki centre est divisé en 27 salles qui abritent 60 galeries. Ainsi, depuis saOuvert de 10h à 17h (sf mer. & dernier ven. du mois)Tarif : 180 roubles (2,20 € environ) création, la MCP a accueilli pas moins de 30 millions de personnes !www.mayakovsky.info Les archives comptent 46.000 œuvres de peinture, de sculpture, d’art graphique, décoratif et appliqué. 10/14, rue Krymsky Val Ouvert de 11h à 20h (sf lun.) Tarif : 100 roubles (1,20 € environ) www.cha.ru10 Garage Museum P183, GRAFFEUR ENGAGÉ Inauguré en 2008, ce centre de culturecontemporaine, est ouvert aux amateurs d’art contem- Surnommé le Banksy russe, dontporain. La programmation présente des stars de la il revendique l’inspiration,jeune génération de la scène internationale avant- l’artiste russe P183, décédé engarde et des artistes de la peinture du XXème siècle. 2013 à tout juste 30 ans, avait9/32, rue Krymsky Val choisi les murs de la ville pourOuvert de 10h à 11h exposer son travail. Une fillettePrix : 400 roubles (4,80 € environ) accroche des boules de Noël àhttp://garagemca.org des fils barbelés, de grands yeux noirs scrutent les passants de derrière un mur, des caméras de vidéosurveillance s’ornent de mitraillettes... L’artiste, résolument anti-Poutine, a ainsi égrené aux quatre coins de la ville des œuvres à forte connotation politique. ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 91

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Arts & Business Nature morte, attribuée à Fernand Léger. Nu couché au chat, attribué à Max Pechstein.Faux, escroqueries, maniles arnaques de l’artLes sommes en jeu dans le marché de l’art, d’art, qui a travaillé pendant près de 10 ans pour la famille dude plus en plus importantes, éveillent les milliardaire russe, a pourtant pignon sur rue. Il était notammentconvoitises… et les plus bas instincts. Plongée partie prenante du projet d’ouverture d’une antenne à Singapourdu côté obscur. par la Pinacothèque de Paris. Yves Bouvier a été mis en examen, soupçonné de revoir à la hausse le prix réel demandé par lesL es escroqueries arrivent rarement sur la place vendeurs de tableaux de grands maîtres (Picasso, Modigliani, publique : les «dupés», vexés et soucieux de pré- Gauguin, Degas, Léonard de Vinci…), empochant la différence, server leur réputation, préfèrent souvent que la estimée à 500 M€, en plus de sa commission de 2%. Yves chose reste secrète. Et les «dupeurs» apprécient Bouvier a été également mis en examen pour recel, suite à une tout autant la discrétion. Mais un domaine comme plainte pour vol de Catherine Hutin-Blay, la fille de Jacquelinel’art se prête bien à des petits (ou moins petits) arrangements Picasso, dernière épouse du peintre. Le marchand d’art suisseavec la morale et la légalité. aurait acheté en 2010, «en toute bonne foi», selon lui, 2 gouaches et 58 dessins à l’encre sur papier à un intermédiaire se disant L’art de l’arnaque mandaté par un trust appartenant à Catherine Hutin-Blay, pour un montant d’environ 10 M€. À voleur, voleur et demi ? En 2015, Yves Bouvier, P-DG de Natural Le Coultre, sociétéfamiliale suisse spécialisée dans l’entreposage et les services Scandale des manuscritspour œuvres d’art, grand locataire des Ports francs de Genève,vastes entrepôts en zone franche non taxée, et financeur unique L’arnaque est parfois nettement plus sophistiquée. Ainsi,d’un projet de «microville artistique» sur l’île Seguin, à Bou- Gérard Lhéritier, fondateur de la société d’achat et de ventes delogne-Billancourt, est inculpé pour escroquerie à l’encontre manuscrits Aristophil, a été mis en examen pour «escroqueried’Andrey Rybolovlev, président de l’AS Monaco. Le marchand en bande organisée», suite à la mise en redressement judiciaire de l’entreprise. L’idée était alléchante : proposer à des inves- tisseurs de devenir propriétaires en indivision de manuscrits92 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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pulations… Tableau rouge avec chevaux, attribué à Heinrich Campendonk.Hommage à Moussorgski, par Wolfgang Beltracchi. Les tableaux ausside Proust, Saint-Exupéry… Gérard Lhéritier se présentait Rien de nouveau sous le soleil. En 2012, une escroquerie du mêmecomme un défenseur du patrimoine littéraire, avec la création type a été révélée par les enquêteurs de la brigade financière ded’un Musée des lettres et des manuscrits (parrainé par Patrick la police judiciaire de Paris. La société Marble Art Invest (MAI)Poivre d’Arvor), mais faisait surtout miroiter un rendement de proposait à des particuliers d’investir leurs précieuses économies8% garanti et un fort potentiel de plus-value à la revente. Un dans l’achat de tableaux contemporains, qui devaient ensuite êtrediscours bien rodé qui a convaincu plus de 18.000 particuliers revendus avec une plus-value reversée aux multiples propriétairesde miser quelque 800 millions d’euros dans le projet. En fait, des œuvres. Les commanditaires de cette escroquerie, qui promet-Aristophil avait tout d’un système pyramidal… les sortants taient un taux de rentabilité de 16% par an, avaient mis en placeétant payé avec l’argent des nouveaux entrants. Un montage un réseau d’apporteurs d’affaires, de courtiers et de négociantsà la Madoff, qui ne pouvait, évidemment, que s’effondrer. d’œuvres d’art, pour démarcher les investisseurs, mais aussi les artistes chargés de réaliser les tableaux, naturellement sans être payés comptant. Cerise sur le gâteau, une alléchante promesse de déductions fiscales au titre des dons de mécénat… Les escrocs auraient ainsi réussi à convaincre plus de 300 victimes, empochant plus de 2 millions d’euros à titre personnel. Question de valeur Ces différentes arnaques, comme la production de faux, tombent naturellement sous le coup de la loi. Mais le marché de l’art est aussi le lieu de «petites magouilles», pas totalement illégales, mais qui peuvent se révéler fort préjudiciables pour les acheteurs. La cote d’un artiste s’établit selon différents critères, comme le montant des ventes réalisées auprès du public par les galeries, les marchands d’art, entre particuliers ou lors d’enchères publiques. La cote des ventes aux enchères publiques, dont les résultats sont archivés depuis plus d’un siècle, a une valeur reconnue par l’ensemble du marché. Les opérations consistant à effectuer des rachats pour ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 93

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Arts & Business Faire appel aux professionnels pour éviter les déconvenuesHarold Hessel, Ange et qui, ayant été enterré permettent une comparaison logiques renforçant la mora-commissaire-priseur diplômé, à Rome, fut acheté 200 ducats plus aisée des prix et tendent lité de la profession. Ainsi, laexpert généraliste, spécialiste par le cardinal Riario di San à une homogénéisation assez souscription à une assurancechez Expertissim Giorgio qui le croyait antique. généralisée des marchés. civile professionnelle y est obligatoire et garantit l’expertLes arnaques sont-elles Comment peut-on manipuler Quels sont les périodes en cas de mise en cause de sanombreuses dans le monde la cotation ou le prix d’une ou les types les plus risqués ? responsabilité. Par ailleurs, lesde l’art ? œuvre ? tribunaux, les douanes, l’Assem- HH : À l’heure actuelle, nous blée plénière des compagniesHarold Hessel : Le marché de HH : Les techniques de mani- sommes souvent confrontés à d’assurance et le Conseil desl’art est sujet, comme tous les pulation et de maquillage sont des fausses verreries de Gallé, ventes volontaires agréent desautres marchés, aux arnaques, les plus diverses : fabrication de productions modernes en pro- experts et leur confèrent un sta-escroqueries et contrefaçons. meubles à partir de morceaux venance des pays de l’Est. Il tut propre. La loi du 11 févrierCes escroqueries ne datent de bois anciens, peinture sur faut également se méfier des 2004 précise que l’expert estpas d’hier… Au XVIème siècle, une toile et un châssis ancien, faux bronzes et des fausses solidairement responsable avecquand on se met à nouveau à réutilisation de moules pour porcelaines en provenance de le commissaire-priseur pour cecollectionner les antiquités, les couler des bronzes afin de faire Chine qui abondent désormais qui relève de son activité. Il neamateurs recherchent des petits passer des productions modernes sur le marché. La prudence est peut estimer ni mettre en venteobjets de fouille, intailles ou pour des objets anciens… En ce de rigueur et il est recommandé un bien lui appartenant, non plusmédailles, et, pour répondre à qui concerne la cotation d’une aux amateurs de faire appel à que se porter acquéreur pourcette demande, on fabrique des œuvre, nous sommes face à une des professionnels du marché de son propre compte d’un bienfaux en quantité. La production question plus complexe. En l’art qualifiés : experts, galeristes dans les ventes aux enchèresde petits bronzes antiquisants effet, il n’est pas envisageable réputés, commissaires-priseurs publiques auxquelles il apportecommence à la fin du XVème de considérer qu’il existe un afin d’éviter les déconvenues. son concours. Un expert, commesiècle et s’intensifie au XVIème «juste prix» car il existe plu- un commissaire-priseur, engagesiècle, et Venise concurrence sieurs marchés : le prix prati- Existe-t-il un risque sa responsabilité pendant uneFlorence dans cette activité. La qué dans une salle des ventes d’être confronté à de fausses durée de 10 ans à compter depremière vente célèbre d’un ne sera pas le même que celui expertises ? la vente de l’objet. Ainsi, enfaux est celle d’un Cupidon pratiqué dans une galerie ; pas France, le domaine de l’expertisedormant sculpté par Michel plus que le prix pratiqué à Paris HH : En France, les experts se est encadré, ce qui garantit une et NewYork pour le même objet. sont regroupés en organisations certaine forme de sécurité des Toutefois, la numérisation de syndicales professionnelles. transactions sur le marché de l’économie et le développement Celles-ci contrôlent l’activité l’art et des antiquités. croissant des ventes sur Internet de leurs membres et imposent le respect de règles déonto-Le faucheur bleu, attribué à Heinrich Campendonk. «faire monter une cote» passent donc rarement inaperçu. En revanche, les ventes de gré à gré, qui représentent envi-94 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 ron 50% du marché de l’art mondial, sont moins encadrées. Qu’elles soient réalisées directement auprès des artistes, via des galeries ou entre particuliers, les prix de ses ventes sont nettement plus fluctuants. Nombre d’œuvres se négocient à des prix élevés en galeries ou auprès des marchands d’art, alors qu’elles n’obtiendraient pas les mêmes niveaux en ventes aux enchères. Le rapport, très important, peut être de 2 à 10, parfois plus. Certains professionnels ou collectionneurs peuvent alors être tentés d’entretenir la hausse de la valeur d’un artiste, par le biais de rachats successifs, jusqu’à trouver un acheteur crédule. La déception risque d’être grande lorsque celui-ci cherche à son tour à revendre son bien et encore plus s’il décide de le mettre aux enchères. Car si les prix flambent pour les œuvres d’exception dans les événements les plus importants, ce n’est pas le cas pour les produits plus courants. Et il y a un effet «boule de neige» lorsqu’une toile ou une sculpture ne trouve pas preneur à sa mise en vente. LioneL Dupré

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Un faussaire de génieSa vie est un roman. Wolfgang Faussaires à plusieurs centaines de toiles, Wolfgang BeltracchiBeltracchi vient de publier son de génie. contrefaisant une centaine deautobiographie, juste à sa sortie Autoportrait, peintres ! À son procès, plus de paradis fiscaux et expertisesde prison, en octobre dernier. En par Helene et 140 experts, marchands d’art, contradictoires. Libéré en octobre2011, il est reconnu comme l’au- Wolfgang commissaires-priseurs ont été dernier, à 64 ans, Wolfangteur de plus de 70 fausses œuvres Beltracchi appelés à la barre. L’occasion Beltracchi est devenu une véritableattribuées à Fernand Léger, Hein- (éditions L’Arche). d’entrevoir les dessous du marché star internationale, qui a mêmerich Campendonk, Derain, Van de l’art, à la transparence toute fait son apparition dans un épisodeDongen ou Max Ernst, vendues travaillé, j’ai fait des relative, entre dessous de table, des «Simpson». Et, désormais,plusieurs millions à des collection- tas de recherches commissions versées dans les il signe ses tableaux, qui se vendentneurs, comme Daniel Filipacchi. dans les livres d’art – tout de même – entre 20.000Il s’est notamment beaucoup et les catalogues». et 150.000 €.inspiré des catalogues de la gale- La justice verra lesrie d’Alfred Flechtheim, mort à choses d’un autreLondres en 1937 après avoir fui le œil : jugé à Cologne, il écoperégime nazi en 1933, repérant les d’une lourde peine : six annéesœuvres réputées disparues et les d’emprisonnement – il n’en ferafaisant renaître sous son pinceau que 4, en régime de semi-libertéexpert. Pourtant, Beltracchi ne – et une amende de 9 millionsse voit pas vraiment comme un d’euros, sans oublier le rem-faussaire : «Je tiens à dire que je boursement des acheteurs qui sen’ai pas fait de copies. J’ai créé sont fait connaître, pour près dedes œuvres en m’inspirant du 20 millions d’euros. En 40 ans destyle des artistes. J’ai beaucoup carrière, on estime sa productionLe marché de l’art contemporain est manipuléQuel est le parallèle entre le publicitaires, est entouré de ses sont modestes, le bon côtoie le Aude de Kerros, peintre etmarché de l’art contemporain amis collectionneurs cooptés pire, et l’absence d’évaluation graveur, auteur de L’impostureet les marchés financiers ? et prêts à entrer dans le jeu de cultivée a pour conséquence un de l’art contemporain (éditons la spéculation. Il entretient les effondrement progressif de la va- Eyrolles)Aude de Kerros : À partir du meilleures relations du monde leur intrinsèque de l’art proposé àmilieu des années 90, le mar- avec l’État qui légitime ses choix la vente. La fermeture du système médiatiquement. Elles tâchentché de la création actuelle s’est en les exposant dans les lieux du atteint un paroxysme en France. de trouver les meilleurs artistesscindé en 2, lorsque le «concept» pouvoir et du grand patrimoine. La peinture y est condamnée par et de les défendre sur le longa été érigé en mot d’ordre. Deux Ce marché truqué accapare par l’État lui-même. Son autoritaire parcours que suppose une véri-types de marchés sont alors appa- son spectacle toute la visibilité et gouvernance de la création n’a table création. Et il existe aussirus : l’un, purement financier, les circuits d’argent, rejetant dans autorisé que le concept, 30 ans un public de connaisseurs culti-l’autre, fantomatique en raison l’ombre les marchés ouverts. durant. Le marché intérieur a été vés, mais souvent aux moyensde son absence de visibilité. profondément perturbé par une limités, qui achètent des œuvres Ce fonctionnement opaque sorte de concurrence déloyale de qualité mais plus abordables,Quelle est la cause du manque conditionne-t-il le reste du marché ? et un accaparement des lieux par exemple des gravures ou desde transparence du marché ? prestigieux, des médias, des sculptures en tirages limités, à AdK : Le marché dit des artistes mécènes et des collectionneurs. l’abri des manipulations des mar-AdK : Le marché international «émergents» soutenu par un pre- Bon nombre d’artistes français chés. Des amateurs, se sentantde l’art contemporain est carac- mier réseau composé d’écoles renommés vivent grâce à des concernés par la valeur d’unetérisé par un fonctionnement d’art, de galeries et d’institutions, galeries hors de France. œuvre, peuvent ainsi souteniren circuit fermé, sécurisant la sous-tend ce système fermé. À un artiste qui apparaît peu ouvaleur. Les œuvres aux formats New York, les candidats à la Est-il possible de sortir pas sur les marchés. Ce cas degéants, principalement concep- cooptation par les réseaux «finan- de cette dualité ? figure a concerné, par exemple,tuels, réservés aux hyper-riches, ciers» ont 4 ans pour y entrer. S’ils le peintre Balthus pendant laatteignent des prix pharamineux. échouent, mieux vaut changer AdK : Heureusement, des ga- dernière partie de sa vie.Le collectionneur dominant, d’activité ! Pour le reste, une leries de bon niveau existentégalement propriétaire d’une grande quantité d’œuvres est toujours. Elles pratiquent leFondation, d’une maison de proposée de manière anarchique, soutien de courants divers etvente, de galeries, de médias ou dispersée et multiforme. Les prix importants bien qu’invisiblesde sociétés acheteuses d’espaces ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 95

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UNE PASSION, DES MétiErSAdmISSION POSt-bAc | AdmISSIONS PArAllèlES | mbA SPécIAlISéSMarché DE l’art Et ingéniEriE culturEllEDEVEnEZ Journées Portes Ouvertes Paris› Chef de projet culturel Mercredi 23 mars 2016› Agent d’artistes Mercredi 11 mai 2016› Acheteur d’art Bordeaux› Commissaire d’exposition Samedi 5 mars 2016› Galeriste Mercredi 11 mai 2016› Organisateur de festivals concours d’entrée salons/foires d’art... Samedi 12 mars 2016 Samedi 2 avril 2016icart Paris icart Bordeaux icart new York61, rue Pierre Charron 8 parvis des Chartrons, 16W 61st Street75008 PARIS 33074 BORDEAUX NY 10023 - USA01 53 76 88 22 05 56 44 56 22 +1 212 261 1708icart.fr établissement reconnu par le Ministère de la Culture et de la Communication Titre certifié par l’état, RNCP niv II

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©Ushio and Noriko Shinohara ©Yves Bresson / Collection du muséeUshio shinohara, Oiran, 1968. Plexiglas et acryliqUe sUr toile,183.5 x 183.5 cm, mUseUm of contemPorary art tokyo. günter BrUs Die SOnne hat ihre haare, gefärbt, 1987, mUsée d’art moderne et contemPorain de saint-étienne métroPole. Région par région, les plus bellesL’agendamanifestations artistiquesshary Boyle, King CObra, 2010 ÎLE-DE-FRANCE DE SÈVRES À PARIS… P.98[coBra royal]. Porcelaine émaillée et OUEST D’ALENÇON À LA ROCHE-SUR-YON… P.100dorée, 28 x 36 x 26 cm. collection NORDantoine de galBert, Paris. CENTRE DE CHANTILLY AU HAVRE… P.101noël garrigUes, PalavaS, hUile EST DE CHARTRES À MEYMAC… P.102sUr carton, 1925. DE VILLEURBANNE À METZ… P.103 SUD-EST SUD-OUEST DE MONTPELLIER À SÈTE… P.104 DE BORDEAUX À TARBES… P.105 MONDE DE PHILADELPHIE À VIENNE… P.106

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Agenda MPAORNISD-ÎLEE-DE-FRANCE De Sèvres àPARIS-ÎLE-DE-FRANCE PARIS IER traversée de l’œuvre Klee pratique l’ironie selon Numéro d’inventaire : Mas.1653 de l’un des artistes les plus une démarche qui trouve Jusqu’au 12 Juin emblématiques du son origine dans le premier Goltzius, HenDrik (1558- XXème siècle, figure romantisme allemand. 1616), Portrait en buste de Tissus inspirés – singulière de la modernité : Centre Pompidou Johan dideringh, crayons De Pierre Frey Paul Klee. Il s’agit de la Place Georges Pompidou couleur, 40,3 x 31,3 cm. première rétrospective 75004 Paris À travers un parcours importante présentée en 11h-21h (sf mar.) au XVIIIème siècle, tiré de chronologique retraçant France depuis l’exposition Prix : 14 € environ son précieux fonds de 80 années de création, de 1969 au Musée Tél. : 01.44.78.12.33 dessins. D’Anton van Dyck œuvres et savoir-faire national d’art moderne. www.centrepompidou.fr définissant l’esprit et le Réunissant environ regard de Pierre Frey sont 250 œuvres, provenant PARIS VIÈME ainsi mis en lumière. Cette du Zentrum Paul Klee, présentation inédite de tissus Berne, des plus grandes Jusqu’au 15 avril et de papiers peints côtoie collections internationales et non seulement les collections de collections particulières, Portraits permanentes du musée, cette rétrospective pose un mais également des travaux nouveau regard sur l’œuvre Les Beaux-Arts de Paris d’artistes contemporains de Klee. Elle met en présentent un exceptionnel réunis en exclusivité pour évidence la façon dont panorama du portrait l’occasion. Ces derniers dessiné, de la fin du XVIème permettent de se rendre compte de l’impact PARIS VIÈME considérable de Pierre Frey sur les pratiques artistiques Du 11 mars au 1er mai actuelles. En célébrant l’histoire et l’identité de cette Jannis Kounellis maison, cette exposition plonge le visiteur dans les À la Monnaie de Paris, Kounellis part de Monnaie de Paris renaisse de ses coulisses du métier d’éditeur ses recherches et de l’importance cendres en 2017, ce sont les salons de tissus d’ameublement et essentielle de l’énergie pour réaliser un XVIIIème siècle du bord de Seine qui de papiers peints afin de projet libérateur des pulsions créatives qui deviennent incandescents. Les matériaux révéler ses sources animent cette institution. Au cœur de la que Kounellis utilise dans ses œuvres sont d’inspiration et ses méthodes dernière manufacture de Paris, l’artiste les messagers de thématiques culturelles, de production. interpelle tous les sens du visiteur et pose sociales et économiques autant que de la question de l’importance du processus l’Histoire, du temps et de la mémoire. de fabrication d’une œuvre ouverte. Un procédé qui n’est pas lié à un produit fini Monnaie de Paris, 11, quai de Conti mais au flux continu de l’inspiration qui permet de révéler la fonction collective 75006 Paris de l’art. Avant que la fonderie de la 11h-19h (sf jeu. 22h) Tél. : 01.40.46.56.66 www.monnaiedeparis.fr Courtesy de l’artiste Musée des arts décoratifs Jannis kounellis, «Kounellis écrit avec le feu», 1969, vue De l’exposition «lux 107, rue de Rivoli perpetua», kamel mennour, paris, 2012. 75001 Paris 11h-18h (sf lun.), 11h-21h (jeu.) Prix : 11 € environ Tél. : 01.44.5559.02 www.lesartsdecoratifs.fr PARIS IVÈME Du 6 avril au 1er août Paul Klee, l’ironie de l’œuvre Le centre Pompidou propose une nouvelle98 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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Paris…à Hyacinthe Rigaud, de Cat. 73 ©RMN-Grand Palais/Philippe Fuzeauprésente un ensemble Gustave moreau, JuPiter et 11h-20h (sf lun.), 11h-22h SÈVRESDumonstier à Gian Coll. Fernando d’Almeida d’œuvres – peinture, sémélé, variante, Huile sur (mar.)Lorenzo Bernini, les photographie, vidéo et toile, 149 x 110 cm, paris, Prix : 10,50 € environ Du 9 mars au 15 Juindessins exécutés par les dessin – réalisées par musée Gustave moreau. Tél. : 01.42.18.56.50plus grands artistes l’artiste des années 60 à http://fondation.cartier.com CERAMIX - Art eteuropéens, croquis, nos jours, dans lesquelles le et la couleur. Céramique, deébauches ou œuvres à corps enregistre, occupe et Musée national Gustave PARIS XVIÈME Rodin à Schüttepart entière, révèlent définit l’espace. Elle a une Moreau, 14, rue del’intimité de leur rapport dimension rétrospective, La Rochefoucauld Du 24 mars au 16 mai Sèvres – Cité de laavec le sujet et mettent en rassemblant les différentes 75009 Paris céramique, La maisonlumière leur méthode phases du travail de 10h-12h45 / 14h-17h15 Double je artisans rouge à Paris et led’élaboration et leur vision l’artiste, depuis ses (sf mar.), 10h-17h15 (ven, d’arts et artistes Bonnefanten Museum àrespectives du portrait. premières œuvres datant sam & dim.) Maastricht (Pays-Bas)Beaux-Arts de Paris du milieu des années 60 Prix : 6 € environ Après «L’Usage des formes», présentent CERAMIX, unCabinet des dessins Jean jusqu’à ses productions Tél. : 01.48.74.38.50 en 2015, le palais de événement à l’ambitionBonna – Palais des études les plus récentes. www.musee-moreau.fr Tokyo manifeste à nouveau internationale. Grâce aux14, rue Bonaparte son intérêt pour les liens prêts de prestigieuses75006 Paris Jeu de Paume Paris PARIS XIVÈME entre les artisans d’art, les institutions muséales13h-18h (sf sam & dim.) designers et les artistes (Museo InternazionalePrix : 3 € environ 1, place de la Concorde Jusqu’au 5 Juin plasticiens avec cette della ceramica deTél. : 01.47.03.50.83 exposition conçue d’après Faenza, du Stedelijkwww.beauxartsparis.fr 75008 Paris Fernell Franco, une nouvelle écrite Museum à Hertogenbosch Cali Clair Obscur spécialement par le jeune et Amsterdam, Victoria & PARIS VIIIÈME 11h-19h (sf lun.), 11h-21h et déjà célèbre auteur de Albert Museum de La Fondation Cartier pour romans policiers Franck Londres, le Petit Palais, Jusqu’au 22 mai (mar.) l’art contemporain Thilliez. Partant du postulat Orsay, centre Pompidou à présente la première prétextuel qu’un artisan Paris) et de collectionneursHelena Almeida, Prix : 10 € environ rétrospective européenne d’art, un artiste… et un passionnés, 250 oeuvresCorpus consacrée à Fernell criminel ont cette même de 100 artistes issus de Tél. : 01.47.03.12.50 Franco, figure majeure fascination obsessionnelle 25 nationalités mettent enPintura habitada [peinture et pourtant méconnue du détail, l’exposition lumière les relations entreHabitée], 1976, Helena www.jeudepaume.org de la photographie plonge dans le quotidien et art et céramique aux XXèmealmeiDa, pHotoGrapHie noir latino-américaine. l’intimité des métiers d’art, et XXIème siècles. Ce sujetet blanc, acrylique, PARIS IXÈME Photojournaliste de tout en racontant l’intrigue est traité pour la première40 x 30 cm. profession, Fernell Franco policière imaginée par fois dans une grande Jusqu’au 25 avril réalise en parallèle un Franck Thilliez. amplitude chronologiquePeu connue en France, travail personnel expressif À la différence d’une et géographique.Helena Almeida est Gustave Moreau dédié à la précarité et aux scénographie traditionnelle,considérée comme l’une – Georges Rouault. contrastes urbains de Cali, celle de l’exposition Sèvres – Cité de lades plus grandes artistes Souvenirs ville où il a vécu et travaillé représente les ateliers ainsicontemporaines d’atelier presque toute sa vie. que les lieux de vie de céramique, 2, place de laportugaises. Sa longue L’exposition réunit plus de deux artisans d’art, et lecarrière lui a permis de Présentée au sein de la 140 photographies issues décor d’une scène de Manufactures’imposer comme l’une maison familiale de l’artiste de 10 séries différentes crime.des figures majeures de devenue musée en 1903, réalisées entre 1970 et Palais de Tokyo, 13, avenue 92310 Sèvresla performance et de l’art cette exposition, qui s’est 1996, et met en lumière du Président Wilsonconceptuel dès les d’abord tenue au Japon en l’importance du travail de 75016 Paris 10h-17h (sf mar.)années 70, notamment par 2013, a pour ambition Fernell Franco au sein de 12h-00h (sf. mar.)des participations aux d’éclairer ce que furent les la riche scène artistique de Prix : 10 € environ Prix : 8 € environgrandes manifestations années d’apprentissage de Cali qui émerge au début Tél. :internationales telles que Georges Rouault à l’École des années 70. 01.81.97.35.88 Tél. : 01.46.29.22.00les Biennales de Venise de des Beaux-Arts dans Fondation Cartier www.1982 et de 2005. l’atelier de Gustave pour l’art contemporain palaisdetokyo. www.sevresciteceramique.frL’exposition «Corpus» Moreau, mais aussi de 261, boulevard Raspail com/ mieux comprendre les 75014 Paris préceptes sur lesquels sHary boyle, King cobra, 2010 [cobra royal]. Moreau, professeur libéral, porcelaine émaillée et Dorée, 28 x 36 x 26 cm. fonda son enseignement. collection antoine De Galbert, paris. Organisée en 5 sections – «Dans l’atelier de Gustave Moreau», «Paysage. Entre rêve et réalité», «Pécheresse, courtisane, fille», «Visions du sacré» et «L’amour de la matière, l’imagination de la couleur» –, l’exposition met en lumière ce qui unit les deux peintres sur le plan artistique, afin de confronter leur vision du paysage, de la femme, du sacré, et de faire apparaître leur fascination commune pour la matière ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 99

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Agenda MOUOENSDT E D’Alençon à La Roche-sur-Yon… ANGERS ALENÇON ©Charles Fréger Du 5 mars au 3 juillet Du 8 mars au 22 mai Les textiles du Nil Traditions bretonnes Les musées d’Angers se sont À travers l’exposition «Bretonnes, photographies de enrichis au cours de leur histoire grâce à des Charles Fréger», le Musée de la dentelle d’Alençon généreuses donations, mais aussi au hasard de propose de découvrir une large sélection de découvertes archéologiques. Ainsi, l’ancien musée des clichés composée d’une soixantaine de portraits Antiquités, aujourd’hui musée Jean-Lurçat, et, surtout, de femmes vêtues de leurs costumes traditionnels. le musée Pincé, conservent un remarquable ensemble L’objectif ? Faire émerger une réflexion sur l’identité de textiles coptes, qui confirme la place de et la transmission d’un héritage culturel. Ces première importance qu’occupe la ville dans le problématiques sont au cœur du projet scientifique paysage national de l’art textile. L’exposition «Étoffes et culturel du Musée des beaux-arts et de la dentelle, du Nil» montre la rareté et la qualité de cette collection, écrin d’un patrimoine dentellier d’une richesse dont les pièces sont dans un extraordinaire état de exceptionnelle, soucieux de valoriser un savoir-faire conservation. Il s’agit aussi d’apporter un éclairage ancré dans la tradition, mais également vivant et nouveau à l’histoire de ces fragments, c’est-à-dire à contemporain. l’histoire de ceux qui les ont inventés et ont concouru au Musée des beaux-arts 10h-12h / 14h-18h (sf lun.) développement, à l’orée du XXème siècle, d’une véritable et de la dentelle, cour Prix : 3,05-4,10 € environ coiFFe de l’aven. enseMBle de «coptomanie» en Europe. Carrée de la Dentelle Tél. : 02.33.32.40.07 céréMonie. pays De l’aVen, Musée Jean-Lurçat et de 61000 Alençon la Tapisserie contemporaine www.ville-alencon.fr région De Fouesnant, 1940. 4, boulevard AragoOUEST 49100 Angers shim moon seup, The Domaine de Kerguéhennec artistique. Si elle aboutit ©Collection Musée des beaux-arts ©Domaine de Kerguéhennec,10h-18h (sf lun & mar.), tous PresenTaTion, 2015, pierre 56500 Bignan souvent à la mort vertueuse de Dole, cl. Henri Bertand photo Stéphane Cuissetles jours à partir du 2 mai et arbuste. 12h-18h (sf lun & mar.) du héros, elle marque aussi Prix : 3-4 € environ Prix : gratuit le début d’un dialogue entre Tél. : 02.41.24.18.48 les années 70 d’explorer les Tél. : 02.97.60.31.84 morts et vivants dans www.musees.angers.fr propriétés des matériaux et la www.kerguehennec.fr l’au-delà. L’exposition mise en équilibre des «Visages de l’Effroi» a pour BIGNAN contraires. Il ne s’agit pas ici LA ROCHE- objet, à travers une réunion de présenter une rétrospective SUR-YON d’œuvres françaises souvent Du 6 mars au 5 juin de l’artiste mais plutôt un inédites, de montrer le choix d’œuvres des années Du 19 mars au 19 juin passage d’une violence La Corée s’expose 90 à 2000, appartenant au dramatique et maîtrisée à la au Morbihan corpus The Presentation. Le romantisme fin du XVIIIème siècle vers une Ses installations agissent noir et fantastique forme française du L’exposition «Shim Moon sur la perception de romantisme fantastique et noir. Seup» est le point de départ l’environnement. Elles sont En marge de la vertu du Musée de La Roche-sur-Yon du projet collaboratif entre la principalement faites de bois, héros exalté par l’art de la rue Jean-Jaurès Corée et le Morbihan, de pierre, d’eau, de métal et fin du XVIIIème siècle, le 85000 La Roche-sur-Yon l’occasion de découvrir le peuvent rappeler les jardins sentiment romantique 13-18h (du mar au sam.) travail de l’un des principaux de méditation coréens. Les émerge en France en Prix : gratuit acteurs de l’art contemporain notions d’énergie, de tension plongeant ses racines dans Tél. : 02.51.47.48.35 coréen, qui n’a cessé depuis et d’équilibre sont d’ailleurs un mal-être, symptomatique www.ville- essentielles dans son art. d’une époque troublée. Les larochesuryon.fr artistes traversent un siècle fait de bouleversements et jean-pierre-Victor de désenchantements qui les huguenin amènent à repenser, voire à redéfinir, la finalité de leur (1802-1860), art. Le néoclassicisme des scène du Massacre grands maîtres porte une esthétique où la violence des innocenTs, s’impose comme une BusTe de FeMMe, caractéristique du discours 1838, ronDe- bosse, plâtre, Dole, musée Des beaux-arts.100 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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Agenda NORDDe Chantilly au Havre… CATEAU- Marc Domage ©Adagp, Paris 2015 artistique des XIXème et XXèmeCAMBRÉSIS siècles liées à l’histoire de ses collections et venues Du 30 aVril chercher au Havre et sur les au 18 septembre côtes normandes la source de leur inspiration. Dans leVincent Barré cadre du 3ème festival Normandie Impressionniste,Le musée départemental c’est au tour d’Eugène Boudin (1824-1898),Matisse du Cateau- peintre de l’estuaire par excellence, de faire l’objetCambrésis accueille une d’une grande rétrospective. Avec un ensemble de 325exposition consacrée au œuvres (peintures, dessins, aquarelles, gravures), letravail de Vincent Barré, MuMa conserve la 2ème plus grande collection au mondeartiste plasticien, sculpteur, de cet artiste. Provenant en grande majorité du fondsarchitecte et urbaniste. Ici d’atelier du peintre, donné par son frère en 1900, laplus qu’ailleurs, c’est la annette messager, Fashion odyssex, 2014. collection s’est encoreconfrontation avec des enrichie au XXème et début du XXIème siècle grâce à desœuvres qui se sont très tôt CALAIS acquisitions et de nouveauxinscrites dans son regard : dons et legs. Musée d’art modernecelles de Giacometti et, à jusqu’au 15 mai André Malraux – MuMatravers lui, l’art funéraire 2, boulevard Clemenceauégyptien, de Matisse, de Dessus Dessous – Annette 76600 Le HavreMiró. «C’est un moment de Messager 11h-18h (sf mar.), 11h-19h (sam & dim.)retour sur ce qui m’a Le Musée des beaux-arts et la Cité de la Tarif : 5 € environconstruit, dans ma pratique dentelle et de la mode de Calais ont proposé Tél. : 02.35.19.62.62de sculpteur, de dessinateur à l’artiste Annette Messager d’investir leurs lieux www.muma-lehavre.fret d’architecte, mais plus d’exposition permanente et temporaire. Marquéelargement comme artiste. dès son plus jeune âge à la fois par le monument THOUROTTELa sculpture de Matisse m’a des Bourgeois de Calais, qu’elle venait voir ensaisi dans sa robustesse, sa famille, et, tout au long de sa carrière, par le Du 31 mai au 18 juinfranchise d’attaque, son textile, particulièrement le tulle, Annette Messagerétrange façon d’être à la ré-envisage sa matière première et la réactualise Pascal Catry –fois frontale et en spirale, dans des lieux chargés d’histoire. Sculptures de zincfigurée et architecturée»,affirme ainsi Vincent Barré. Musée des beaux-arts, 25, rue Richelieu Témoin écologique des agressions ou caresses dontMusée départemental 62100 Calais il nous protège, le zinc, en vieillissant, en inscrit lesMatisse du Cateau- 10h-12h / 14h-18h (sf lun & dim. matin) traces sur sa peau. Dans l’homme comme dans leCambrésis, palais Fénelon Prix : 4 € environ métal, Pascal Catry cherche le meilleur, le plus sensible et,Place du Commandant- Tél. : 03.21.46.48.40 dépeceur, nous le propose, avec sobriété et délicatesse.Richez Grâce à son talent, cette matière déjà riche devient la59360 Le Cateau-Cambrésis plaque photographique de nos paysages intérieurs.10h-18h (sf mar.) Médiathèque municipale de Thourotte, place Saint-Prix : 5 € environ Gobain, 60150 Thourotte 12h-20h (mar.), 9h-12h /Tél. : 03.59.73.38.00 Prud’hon donnés en 1886 études aux crayons noir et 13h30-18h (mer.), NORD 13h30-18h (ven.), 9h12h /http://museematisse.lenord.fr par Henri d’Orléans, duc blanc sur papier bleu. 13h30-18h (sam.) Prix : gratuit d’Aumale (1822-1897) à Château de Chantilly, musée Tél. : 03.44.90.61.26CHANTILLY l’Institut de France avec son Condé, galerie de Psyché château de Chantilly. Cette 7, rue du ConnétableDu 23 mars au 26 juin collection – l’une des plus 60500 Chantilly importantes avec celles du 10h-18hPierre-Paul Louvre et du Musée des Prix : 17 € environPrud’hon beaux-arts de Dijon – provient Tél. : 03.44.62.62.64 pour l’essentiel des collections www.musee-conde.frLe musée Condé conserve du marquis Maison (1226 dessins et 4 tableaux de dessins et 2 tableaux achetés LE HAVRE en 1868) et du comte Dejean Du 16 aVril (1 tableau et 13 au 26 septembre dessins acquis en 1881), complétées Eugène Boudin, en 1876 par l’achat l’atelier de à la vente Marcille la lumière de La Philosophie, un dessin pour l’hôtel Après Dufy, Friesz, Signac,pierre-paul pruD’hon (1758-1823), de Lannoy. Ces Pissarro, de Staël, le MuMale TrioMPhe de BonaParTe ou la Paix, chefs-d’œuvre sont continue d’explorer lesmusée conDé, chantilly. pour la plupart des grandes figures de la scène ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 101

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Agenda MCEONNTRDEEDe Chartres à Meymac… CHARTRES MOULINS Jusqu’au 30 Juin Du 9 avril au 18 septemBre Camille Marcille : Barockissimo ! Les Arts Florissants en scène un illustre acteur chartrain pour le ©CNCS musée atys, 1987, patrice cauchetier, salle D’exposition «costumer le pouvoir», 2013. À l’occasion du bicentenaire de la L’exposition évoque l’incroyable inventivité ont été joués sur les plus grandes scènes naissance de Camille des Arts Florissants, celle d’un «baroque françaises, l’Opéra national de Paris, Marcille, ancien toujours plus baroque» avec près de l’Opéra-Comique, le Théâtre des Champs- conservateur du musée mais 150 costumes de scène provenant de Élysées, le Théâtre du Châtelet, le Théâtre aussi collectionneur et différentes productions. Elle met également de Caen, le Festival international d’Aix-en- artiste, le Musée des en scène reproductions de maquettes de Provence, dans de prestigieux festivals et beaux-arts présente décors et de costumes, photographies, aussi à Vienne, à Madrid ou à New York. quelques œuvres, dont une extraits de films, le tout en musique ! On Centre national du costume de scène partie sortie des réserves, à admire tout autant l’art et l’originalité travers une exposition des costumiers que l’audace et l’esprit (CNCS), quartier Villars d’aventure des Arts Florissants, passant du dossier. Les visiteurs tonnelet Louis XIV aux plumes des Incas ou route de Montilly, 03000 Moulins peuvent découvrir ou au travesti haute couture ! Les nombreux redécouvrir ce spectacles évoqués dans cette exposition 10h-18h collectionneur, érudit, peintre et Prix : 6 € environ conservateur du musée de Tél. : 04.70.20.76.20 Chartres. En mai, un éclairage tout www.cncs.fr particulier permet de voir encore en fin d’année 2016. artistes, peuplés de d’Amérique du Nord et du davantage de tableaux L’exposition est organisée enCENTRE 3 grands chapitres : La ville questions, de fantômes et de Sud, cette exposition ©Yves Bresson / Collection du muséeliés à ce personnage. saisie en tant qu’espace, Les Musée des beaux-arts habitants et les réflexions rêves, en empruntant le interroge l’héritage culturel alternatives. 29, Cloître Notre-Dame Abbaye Saint-André, Centre chemin le plus intime et le de nos sociétés, du Moyen d’art contemporain, place 28000 Chartres du Bûcher, 19250 Meymac plus spontané des moyens Âge au symbolisme, du 14h-18h (sf lun.) 10h-12h30 / 14h-18h (sf lun, Prix : 5 € environ d’expression artistique : le maniérisme au romantisme, mar & dim.) du 1er novembre Tél. : 05.55.95.23.30 www.cacmeymac.fr dessin. Regroupant les du baroque au surréalisme. au 30 avril, 10h-18h (dim.) du 1er novembre au 30 avril SAINT-PRIEST- œuvres d’artistes majeurs Le visiteur peut ainsi EN-JAREZ Prix : 3,40 € environ d’Europe, d’Afrique, découvrir les dessins et Du 5 mars au 5 Juin Tél. : 02.37.90.45.80 œuvres de Günter Brus, Intrigantes MEYMAC Incertitudes Dennis Oppenheim, Jan Du 20 mars au 19 Juin Dans la continuité des Fabre et Jim Dine, de expositions collectives Made in Séoul thématiques de ces dernières grandes figures de l’art années, cette exposition Dans le cadre de «l’Année explore la question du doute contemporain qui France-Corée» initiée par et de l’incertain. Le visiteur l’Institut Français, le Centre est invité à parcourir les côtoient de plus jeunes d’art contemporain de «royaumes intérieurs» des Meymac s’est associé avec artistes d’horizons divers l’ArtSpace Boan 1942 à Séoul pour proposer un comme Pierre Seinturier, regard croisé sur la création contemporaine. Ce Lee Bul, Sandra printemps 2016, une exposition est ainsi Vásquez de la Horra et organisée à Meymac, avec de jeunes artistes coréens. Jana Gunstheimer. Une exposition organisée par le Centre d’art MAMC+ Saint-Étienne contemporain de Meymac avec des artistes français Métropole, rue Fernand aura également lieu à Séoul Léger, 42270 Saint-Priest-en-Jarez Tél. : +33 (0)4.77.79.52.52 Günter Brus Die Sonne hat ihre Fax : +33 haare, gefärbt, 1987, musée D’art (0)4.77.79.52.50 www.mamc-st-etienne.fr moDerne et contemporain De mamc@agglo-st-etienne. saint-étienne métropole.102 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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Agenda ESTDe Villeurbanne à Metz… ERSTEIN empreinte d’une signification QUETIGNY Entrepôt 9, 9, boulevard de sociale et culturelle. l’Europe, 21800 Quetigny Jusqu’au 15 mai Avertissement : une partie de Jusqu’au 14 septemBre 15h-19h (mer, ven & sam.) l’exposition est déconseillée Prix : gratuitFernando Botero au moins de 14 ans. Collection d’art Tél. : 03.80.66.23.26– Collection Musée Würth, Z.I. Ouest contemporain www.entrepot9.frWürth et prêts de Géotec Rue Georges Besse VILLEURBANNELe musée Würth présente Entrepôt 9, à proximitéune riche sélection d’œuvres 67158 Erstein immédiate de Dijon, Du 12 mars au 8 maidu peintre et sculpteur accueille la collection d’artcolombien Fernando Botero. 10h-17h (sf lun.), 10h-18h (dim.) contemporain du bureau Le temps deCet ensemble, issu de la d’études Géotec. l’audace et decollection Würth et de Prix : 6 € environ Rassemblée dans le cadre l’engagementl’atelier de l’artiste, couvre du mécénat par sonune période allant des Tél. : 03.88.64.74.84 dirigeant François Dans le cadre de laannées 60 jusqu’à Barnoud, cette collection 5ème édition de l’expositionaujourd’hui. L’exposition www.musee-wurth.fr compte des collages, triennale de l’Adiafaborde différentes peintures, dessins, «De leur temps», l’IACthématiques chères à photographies, vidéos et présente un nouvell’artiste : la tauromachie, le sculptures. Parmi les 30 instantané des collectionscirque, l’Amérique latine, la artistes français et françaises d’artnature morte ou les étrangers représentés, on contemporain à travers uneréférences à l’histoire de peut citer Daniel Buren,l’art. Dans toutes ses Balthasar Burkhard, Courtesy de l’artiste et galerie Jérôme Poggi, Parisœuvres, le comique, voire la Christo, Erró, Bernardsatire, la dispute à la Frize, Philippe Gronon,tristesse. La sérénité Simon Hantaï, Bertrandapparente qui s’en dégage Lavier ou encore Andresest fragile et souvent Serrano. METZ céDrick eymenier, the anSwer, 2016. Jusqu’au 5 septemBre sélection d’œuvresSublime–Les tremblements du monde acquises depuis 2012. Constituant un panoramaÀ travers près de 300 œuvres, EST unique des achats récents des collectionneursfilms et documents, complétés ©Adagp, Paris 2015 Art ©Holt-Smithson Foundation / français, cette exposition Adagp, Paris, 2015 pour Robert Smithson témoigne de leur vitalité etpar les fonds de musées de leur passion pour l’art «de leur temps». L’Institutinternationaux – Arts Council, d’art contemporain place cette nouvelle édition sousBritish Museum, centre Pompidou, le signe de l’audace et de l’engagement, et renvoieMusée national d’art moderne, à ce qui le caractérise : outil de création,le Fonds Maurice & Katia Krafft, d’expérimentation et de recherche, également dotéCinémathèque française, BNF, d’une collection, dont la création et la productionNevada Art Museum, Museum constituent les fondements. Institut d’art contemporainof Modern Art, New York… –, 11, rue Docteur Dolard 69100 Villeurbannel’exposition interroge de façon 14h-18h (sf lun & mar.) 13h-19h (sam & dim.)inédite le renouveau de cette Prix : 6 € environ Tél. : 04.78.03.47.00notion de sublime dans un http://i-ac.eucontexte contemporain et ses ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 103filiations avec le XVIIIème siècle,en rassemblant les œuvres d’unecentaine d’artistes du mondeentier, de Léonard de Vinci à anonyme, avalanche, milieu xixème siècle.Richard Misrach en passant parWilliam Turner, Agnes Denes Centre Pompidou-Metz, 1, parviset Lars von Trier. L’exposition révèle la des Droits-de-l’Homme, 57020 Metzpersistance de notre fascination pour 10h-18h (sf mar.)la «nature trop loin», selon l’expression Prix : à partir de 7 € environde Victor Hugo, et la continuité d’une Tél. : 03.87.15.39.39iconographie du Sublime. www.centrepompidou-metz.fr

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Agenda MSUODN-EDSETDe Montpellier à Sète… LES BAUX-DE- SÈTE ARLES PROVENCE jusqu’au 22 mai 2016 jusqu’au 5 juin Du 4 mars 2016 au 8 janvier 2017 Providence, IMAGO, Portrait Fracas psychédélique en et photographie Chagall, Songes Nouvelle-Angleterre dans les collections d’une nuit d’été du Réattu leif golDberg, Bad Rasta dReam, monotype, Les Carrières de Lumières 33 x 24,57 cm. Après «Oser la aux Baux-de-Provence photographie en 2015», poursuivent leur aventure L’exposition «Providence» montre le travail, explosif exposition qui célébrait le artistique avec une cinquantenaire de la exposition multimédia et saturé, de plusieurs artistes issus de cette petite collection photographique, inédite consacrée à Marc le Réattu poursuit la mise en Chagall (1887-1985). capitale de l’État du Rhode Island. La plupart des valeur de son fonds avec Numérisés et projetés sur les un accrochage thématique 4.000 m² des Carrières, les œuvres, récentes, ou produites à l’invitation du consacré au portrait. Tous chefs-d’œuvre les plus les aspects du genre ont été évocateurs de l’artiste musée, explorent des trajectoires aux connexions explorés : portrait officiel, dialoguent avec le visiteur, portraits de célébrités, pour une expérience multiples. Quelques figures, parfois grotesques, portrait social et novatrice et spectaculaire. ethnologique, portrait Les thèmes universels toujours mutantes, se tiennent à l’intersection de documentaire, scientifique, comme l’amour, la famille, familial, autoportrait, les racines, le paysage, le plusieurs champs de force, qu’ils soient sonores ou portrait fictif… Mais à quel cirque, la guerre, la musique moment un portrait se déploient avec chromatiques. Héritiers, certains malgré eux, d’un photographique devient-il effervescence sur le sol, les une œuvre parois et les piliers des imaginaire monstrueux (les écrivains fantastiques d’art ? Carrières, qui se L’identité transforment alors en Edgar Allan Poe et H.P. Lovecraft ont laissé leur du modèle gigantesques cimaises peut (durée : 40 minutes). empreinte dans l’imaginaire local) et pionniers participer Les Carrières de Lumières de sonSUD-EST Route de Maillane d’une certaine forme d’activité souterraine, ces statut et 13520 Les Baux-de-Provence parfois a 10h-18h (9h30-19h30 en artistes sont aussi musiciens, auteurs de comics contrario juillet-août) c’est son Prix : 11 € environ ou éditeurs de fanzines. La variété des formes ignorance http://carrieres-lumieres.com même qui qu’ils produisent fonctionne comme un réseau en fait une MONTPELLIER œuvre d’art… À travers une aux entrées multiples, parcouru par une énergie sélection dans ses jusqu’au 22 mai collections, le musée Réattu électrique, tour à tour destructrice et fondatrice. aborde ce thème «YOD» – Carole incontournable qui pose de Benzaken Musée international des 31 mars, 9h-19h, du nombreuses questions sur ses modalités mêmes Née à Grenoble en 1964, arts modestes, 23, quai 1er avril au 30 septembre (pratique intime/pratique Carole Benzaken développe artistique, portrait posé/ une œuvre de réflexion Maréchal de Lattre de Prix : 5,50 € environ portrait instantané). Elle autour de l’image et de ses permet également de mettre Tassigny, 34200 Sète Tél. : 04.99.04.76.44 en avant les recherches vue D’atelier, portrait formelles, développées par aux magnolias. 10h-12h/14h-18h (sf [email protected] certains photographes (usage du flou, lun.), du 1er octobre au www.miam.org déformations, cadrage…) en tant que tentatives de se ©David Bordes, Courtesy Galerie Nathalie, formes de représentation. et religieuses, le travail de défaire du visage comme Obadia, Paris/Bruxelles Si la peinture y tient un rôle Carole Benzaken devait sujet de la photographie. prépondérant qui l’identifie rencontrer l’écrin du Carré auprès du grand public, elle Sainte-Anne (église Musée Réattu, 10, rue du a su multiplier des pratiques néogothique désacralisée à diverses telles que le dessin, la fin des années 80) tant Grand Prieuré, 13200 Arles la vidéo ou le verre, à travers pour ses dimensions formelle le vitrail notamment, dans un que spirituelle. 10h-18h (sf lun.) rapport constant aux questions de lumière. Carré Sainte-Anne Centre Prix : 8 € environ Passionnée par les textes fondateurs de l’Ancien d’Art, 2, rue Philippy, 34000 Tél. : 04.90.49.37.58 Testament et par les interrogations métaphysiques Montpellier www.museereattu.arles.fr 11h-13h / 14h-19h (sf lun.) Prix : gratuit Tél. : 04.67.60.82.11104 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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Agenda SUD-OUESTDe Bordeaux à Tarbes… BORDEAUX CARCASSONNE jusqu’au 23 mai jusqu’au 14 maiPlace à La peinture hautel’hédonisme en couleur !L’exposition «Bacchanales Noël Garrigues appartient à une noël garrigues, Palavas, huilemodernes ! Le nu, l’ivresse génération d’artistes encore marquée sur carton, 1925.et la danse dans l’art par un certain classicisme, mais occultéefrançais du XIXème siècle» par la force et la nouveauté de Picasso, sériculture) avec une véritable empathieréunit plus de 130 œuvres Matisse et les premiers abstraits. Sa pour leurs acteurs.issues pour l’essentiel de production fait pourtant montre d’un réel Musée des beaux-arts de Carcassonnecollections publiques talent et d’une personnalité évidente. 1, rue de Verdun, 11000 Carcassonnefrançaises (musée du Son œuvre personnelle témoigne de 10h-12h / 14h-18h (sf dim & lun.)Louvre, musée Rodin, Petit qualités de coloriste, de luministe aussi, Prix : gratuitPalais, Bibliothèque tant il se plaît à traduire les effets du soleil Tél. : 04.68.77.73.70nationale de France, dans les nuages et sur la mer, ou ceux www.carcassonne.frMusées des beaux-arts de du vent dans les frondaisons. Son travailLille, Rouen, Strasbourg, est chargé de décors importants duNantes, Toulouse…). département : théâtre de Carcassonne,Abordant toutes les mairie de Trèbes, église de Lespinassière.techniques et toutes les Il s’intéresse aussi aux activités spécifiquesdisciplines des arts visuels de sa région (vendanges, pêche et– peintures, sculptures, arts SUD-OUESTgraphiques – mais aussi la jeune âge, ne cesse de charles Despiau, Femme nue ©Musée Massey la création contemporainedanse, le théâtre, l’opéra, remplir ses cahiers de ©Musée Despiau-Wlérick/allongée vue de ¾ Face,(impressionnisme,le cinéma, cette exposition croquis. À l’occasion du Ville de Mont-de-Marsansanguine / mm 119 /nabisme, fauvisme,souhaite porter un nouveau 70ème anniversaire de sa collection musée expressionnisme,regard sur les arts du XIXème mort, les 25 œuvres©Bordeaux, Musée des beaux-Despiau-Wlérick. abstraction…), il aborde,siècle et du début du XXème issues de son atelierart/Frédéric Deval en effet, tous les genres.siècle en plongeant le parisien et présentées au TARBES Cette exposition sevisiteur dans l’univers visuel musée à travers consacre à une thématiquemais aussi musical de cette l’exposition «Charles jusqu’au 30 mai qu’il affectionne, le portraitépoque foisonnante. Despiau, œuvres et notamment le portraitGalerie des Beaux-Arts graphiques» mettent en Henri Borde et des gens qu’il côtoyait,Place du Colonel Raynal lumière le geste maîtrisé à ses contemporains des gens de la région.33000 Bordeaux travers différentes techniques Musée Massey11h-18h (sf mar.) comme la sanguine, la mine Le musée Massey consacre Jardin MasseyPrix : 3,50-6,50 € environ de plomb et le crayon une exposition à Henri Rue Achille JubinalTél. : 05.56.96.51.60 bistre. Des figures libres aux Borde, originaire de 65000 Tarbeswww.musba-bordeaux.fr lignes à peine esquissées Tarbes. Ce peintre est 10h-12h / 14h-17h (sf mar.) aux dessins dont les formes certainement l’un des plus Prix : 2,50-5 € environWilliam-aDolphe sont modelées comme ses marquants du Tél. : 05.62.44.36.95bouguereau, Bacchante, sculptures, cet ensemble département, tant par son www.musee-massey.com1862, huile sur toile. graphique témoigne de la art que l’influence qu’il variété de son art. exerce sur plusieurs PoRtRait d’aline vivés, MONT-DE- L’exposition présentée dans générations d’artistes. 1938, huile sur toile. MARSAN le Cabinet d’arts graphiques Son œuvre, qui couvre la du musée Despiau-Wlérick première moitié du XXème jusqu’au 30 avril est aussi bien un hommage siècle, se nourrit de l’étude à l’artiste qu’un hymne à la des maîtres classiques,Le coup de beauté féminine. sans pour autant négligercrayon de CharlesDespiau Musée Despiau-WlérickSculpteur de talent reconnu, 6, place Margueritele Montois Charles Despiauest aussi un grand de Navarredessinateur qui, dès le plus 40000 Mont-de-Marsan 10h-12h / 14h-18h (sf lun & mar.) Prix : gratuit Tél. : 05.58.85.90.02 www.montdemarsan.fr ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 105

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Agenda MONDE De Philadelphie BILBAO ©Werk : BalthusBRUXELLESRIEHEN/BÂLEbalthus schulFreie Woche, ©2016,The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc./ la semaine des quatre jeudis, Jusqu’au 2 octobre VEGAP. Photo : Bill JacobsonJusqu’au 22 mai Jusqu’au 8 mai 1949, 97,7 x 83,8 cm, Frances lehman loeb artMONDE Andy Warhol Daniel Buren ©DB-Adagp Paris Un monde center, vassar, college, décrypté investit la Belgique foisonnant PoughkeePsie. et coloré andy Warhol, Ombres Artiste français de en doute l’objectivité et (shadOws, 1978-79), renommée internationale, La Fondation Beyeler ouvre cultive son propre style «d’un dia art Foundation, Daniel Buren est connu l’année 2016 sur la 1ère autre modernisme», à l’écart vue de l’installation au dia : pour ses interventions rétrospective du XXIème siècle de l’émergence de tous les beacon, à beacon, in situ, souvent éphémères, consacrée en Suisse à mouvements d’avant-garde, neW york. caractérisées par la l’œuvre polymorphe, pleine y développe ses thèmes les présence d’un motif d’imagination et débordante plus importants : le paysage Le musée Guggenheim récurrent constitué d’une de couleurs de Jean dans des polarités Bilbao présente Ombres alternance de bandes Dubuffet. L’exposition «Jean contrastantes entre structures (1978-79) d’Andy Warhol. blanches et colorées. Dubuffet – Métamorphoses urbaines et nature pastorale, Cette monumentale œuvre Difficile dès lors de lui du paysage» présente une le portrait entre sa forme d’art se compose de 102 consacrer une rétrospective centaine d’œuvres du classique et sa composition panneaux sérigraphiés de classique. Le palais des peintre et sculpteur français, figurative et le nu féminin. grand format qui renvoient Beaux-Arts de Bruxelles véritable maître de Son style, systématiquement à des explorations d’Andy propose donc une réponse l’expérimentation, qui a structuré, qui ne laisse Warhol sur l’abstraction, au originale à cette donné de nouvelles jamais place au moindre moyen de la caractéristique problématique avec impulsions à la scène expressionnisme, dévoile palette aux couleurs vives et l’exposition «Une Fresque» artistique de la seconde une aura mystérieuse, gaies qui caractérise une conçue comme une moitié du XXème siècle. Parmi archaïque et étrange aussi grande partie de son traversée visuelle et les travaux exposés, on peut qui lui est particulière. œuvre. Tout au long des temporelle au cours de voir la spectaculaire œuvre Cette exposition le présente murs de la salle se laquelle le plasticien d’art total Coucou Bazar, comme un artiste en dehors succèdent en alternance le instaure un dialogue entre une installation spatiale des normes, qui utilise des positif et le négatif des son travail et des œuvres avec des costumes nuances subtiles pour créer «ombres». Malgré leur de plus de 100 artistes des partiellement animés. une harmonie froide et apparence répétitive, la XXème et XXIème siècles qui Fondation Beyeler, énigmatique qui lui est méthode «mécanique» ont marqué son propre propre. d’Andy Warhol est, en fait, parcours artistique : Paul Baselstrasse 101, CH-4125 Bank Austria Kunstforum entièrement manuelle. Un Cézanne, Fernand Léger, Wien, Freyung 8 / 1010 trait important des Ombres Pablo Picasso, Jackson Riehen / Bâle, Suisse Vienne, Austriche réside dans l’impossibilité Pollock, Sol LeWitt, Pierre 10h-19h (sf ven.) de reproduire cette Huyghe… Une œuvre 10h-18h (sf mer.) Prix : 4-10 € environ soi-disant «reproduction», spécifique, sous la forme Tél. : +43.1.537.33.26 ce qui remet en cause d’un film réalisé par Prix : 20-25 € environ www.kunstforumwien.at l’esthétique du plagiat l’artiste, propose aussi un d’Andy Warhol et rend son vaste panorama de ses Tél. : + 41.61.645.97.00 BARD, VALLÉE projet essentiellement travaux des années 60 D’AOSTE pictural. à nos jours. www.fondationbeyeler.ch Musée Guggenheim Bilbao BOZAR Palais Jusqu’au 2 Juin Avenida Abandoibarra, 2 des Beaux-Arts VIENNE 48009 Bilbao, Espagne 23, rue Ravenstein L’art baroque 10h-20h (sf lun.) 1000 Bruxelles Jusqu’au 19 Juin à l’honneur Prix : 7,50-13 € environ 10h-18h (sf lun.) Tél. : + 34.944. 35.90.00 10h-21h (jeu.) L’œuvre de Le fort de Bard, bijou www.guggenheim-bilbao.es Prix : 12-14 € environ Balthus d’architecture récemment Tél. : +32.2.507.83.89 réhabilité en centre d’art et www.bozar.be La Bank Austria Kunstforum de culture d’envergure Wien consacre une internationale, expose avec Photo-souvenir : sha-KKei ou rétrospective au peintre Golden Age plus de 100 emprunter le paysage, travail in Balthasar Klossowski, plus chefs-d’œuvre issus de la situ, ushimado (JaPon), connu sous le nom de novembre 1985. détail. Balthus. Cette présentation réinscrit son travail dans les différents courants qui l’ont influencé : sa confrontation avec la première renaissance italienne (quattrocento), ses travaux dans le milieu du surréalisme, et de la nouvelle objectivité entre la France, les régions germanophones et l’Italie, puis ses préoccupations pour l’art d’Asie orientale. Balthus, qui ne met jamais106 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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à Vienne… PHILADELPHIE ©Ushio and Noriko Shinohara BRUXELLES Jusqu’au 15 mai ushio shinohara, Oiran, 1968. Plexiglas et acrylique sur toile, 183.5 x Jusqu’au 29 mai 183.5 cm, museum oF contemPorary art tokyo. Zoom sur le pop art Le néoplasticisme 2600 Benjamin Franklin Parkway Prix : 18,50 € environ en images Le Philadelphia Musuem of Art avec l’exposition «International Pop» Philadelphia, PA 19130 Tél. : 215.763.8100 victor servranckx, Opus 11 propose une vue générale sans (ciné), 1920, gouache sur précédent de cet important 10h-17h (sf lun.), 8h45-17h (mer & ven.) www.philamuseum.org PaPier, collection Privée. mouvement qui explore le pop art, phénomène mondial formé par des Cette exposition offre, artistes du monde entier. Cet pour la première fois en événement présente des peintures, Belgique, un aperçu de sculptures, assemblages, l’œuvre de l’artiste installations, gravures et films de néerlandais Theo van près de 80 artistes, issus de Doesburg, figure de collections privées et publiques proue du mouvement internationales. Elle offre ainsi une artistique De Stijl et moteur nouvelle vision intrigante sur ce sujet de l’avant-garde vu et revu qui semble si familier. Elle européenne. L’œuvre propose d’appréhender le pop art multidisciplinaire de cet à travers un regard élargi à l’écart alter ego artistique de Piet de lectures habituelles qui attribuent Mondrian est présentée communément cette histoire d’un des dans son contexte, chapitres les plus significatifs de l’art c’est-à-dire parmi les contemporain à des figures importants courants majeures américaines comme Andy artistiques internationaux Warhol et Roy Lichtenstein. Avec dans lesquels van une thématique qui passionne les Doesburg était impliqué. foules, le musée a l’assurance L’exposition d’enchanter un vaste public et kaléidoscopique présente d’étoffer sa compréhension de ce Theo van Doesburg mouvement si populaire. comme un artiste visionnaire et une©Hohenbuchau Collection on Permanent Loan to les plus importantes et met à l’honneur la diversité, capoeira. De quoi se personnalité fascinante. Liechtenstein.The Princely Collections,Vienna complètes d’art baroque l’exubérance et l’énergie mettre à l’heure Toutes les facettes de son en Europe du Nord, de la culture brésilienne. brésilienne ! œuvre multidisciplinaire retraçant l’âge d’or de la Pendant 7 mois, des Musée olympique sont abordées. Le visiteur peinture flamande et manifestations d’envergure découvre quelque hollandaise des XVIIème et rythment la vie du musée : quai d’Ouchy 1 140 peintures, dessins, XVIIIème siècles. expositions d’artistes photographies, revues, Fort de Bard, 11020 (AO) contemporains, cariocas, 1006 Lausanne, Suisse publications, meubles, Italie carnaval, nuit blanche, maquettes et vitraux de 10h-18h (du mar au ven.), avant-première européenne 10h-18h (du 15 octobre au Theo van Doesburg et de 10h-19h (sam & dim.) de films brésiliens et 1er mai), 9h-18h (du 2 mai ses contemporains. Prix : 8-9 € environ championnat d’Europe de BOZAR Tél. : + 39.0125.833811 au 14 octobre, sf lun.) Palais des Beaux-Arts www.fortedibard.it 23, rue Ravenstein Prix : gratuit 1000 Bruxelles LAUSANNE 10h-18h (sf lun.) Tél. : +41.21.621.65.11 10h-21h (jeu.) Jusqu’au 25 sePtembre Prix : 12-14 € environ www.olympic.org/musee Tél. : +32.2.507.83.89 Cap sur Rio www.bozar.be Peter van der croos, ©Adenor Gondim estuaire avec navires «Cap sur Rio» est un hOllandais, huile sur bois, programme inédit proposé adenor gondim, syncrétisme. 55 x 44 cm. par le Musée olympique de Lausanne. Il démarre en collection Hohenbuchau du plein Carnaval de Rio et prince du Liechtenstein, atteint son paroxysme en autour de Jordaens, été avec les 2 semaines Rubens, Brueghel… Cet des Jeux. Cet événement ensemble rassemblé par les époux Renate et Otto Fassbender depuis les années 70, fascinés par le naturalisme des peintres et leur maîtrise technique, est l’une des collections privées ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016 107

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Shopping ELLES AFFICHENT LA COULEUR Des tennis qui sortent de l’ordinaire tout en restant classiques. Twins For Peace. Basket bleu blanc rouge. 70 € environ. DE LA TOILE, AU UN VERRE POIGNET EN TERRASSELaiton doré et porcelaine figent les Que serait la capitale sans ses petits félins tout droit sortis du cafés, ses bistrots et ses brasseries ?tableau. Nach Bijoux. Cuff bracelet Coucke. Torchon à chat. 114 € environ. carreaux Vichy. 7,80 € environ. Ça, ! c’est Paris Source intarissable d’inspiration pour Chagall et tant d’autres, la Ville Lumière reste la capitale incontestée de la création. Louise RoumieuTOUCHE POUDRÉETout le savoir-faire du tapissier dansun petit carré de douceur. Iosis.Coussin Mademoiselle. 75 € environ. JE SUIS CARTE VINTAGE TRICOLORE De si grands Aux lignes monuments, sur un si tendues et petit plateau, 38 x 16 classiques, cm. Orval Créations. ce modèle Petit plateau 100% existe aussi mélamine alimentaire. bien en 14,60 € environ. fauteuil qu’en canapé. CARTE POSTALE Marie’s À BOIRE Corner. Pour siroter une bière ou Fauteuil. un diabolo menthe, comme À partir de à la terrasse d’un bistrot. 1.296 € Maisons du Monde. Chope environ. Paris. 2,59 € environ.108 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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Courrier des lecteursVous nous avez écrit... SAINT JEAN-BAPTISTE DE OLAFUR ELIASSON À VERSAILLES DE VINCI Personnellement, je suis ravi qu’Olafur Eliasson succède à Anish Kapoor en tant qu’invité Un petit mot juste pour informer vos lecteurs qu’ils du château de Versailles. J’ai été profondément choqué par les propos de l’artiste britannique ne peuvent plus admirer le Saint Jean-Baptiste quant à son œuvre Dirty Corner : «Le vagin de la reine qui prend le pouvoir». On peut aimer de Léonard de Vinci. Ce tableau est parti en la controverse tout en respectant un lieu, un patrimoine... et une invitation ! J’espère que l’artiste restauration. danois saura se montrer plus digne. Anna B. Jacques A. Anna, saviez-vous que cette œuvre, avec La Depuis 2008, le château de Versailles invite, en effet, un créateur à prendre possession des Joconde et la Sainte Anne, fait partie des trois espaces et jardins. Il y a eu Jeff Koons, Xavier Veilhan, Takashi Murakami, Bernar Venet, Joana Vasconcelos, peintures que Léonard a emporté en France en 1516 Giuseppe Penone, Lee Ufan et... le très controversé Anish Kapoor. De juin à novembre, c’est l’artiste scandinave, lorsqu’il répond à l’invitation de François 1er. Le connu pour ses installations spectaculaires (Weather project à la Tate Modern de Londres, New York City Waterfalls Saint Jean-Baptiste n’a pas été restauré depuis 1802 à Manhattan et Brooklyn...), qui investit le parc et les espaces du château. Rassurez-vous, Olafur Eliasson s’est montré et les vernis oxydés obscurcissent la croix et la peau très enthousiaste à l’idée de travailler l’ancienne demeure des rois de France : «Le château et ses jardins sont si riches de de bête que porte Saint Jean-Baptiste. «Nous allons sens et d’histoire, de politique, de rêve, de vision, c’est un défi exaltant de créer une intervention artistique qui modifie le redonner une lisibilité à la composition en procédant sentiment des visiteurs et offre un point de vue contemporain sur cet héritage fort», a-t-il affirmé. à un allègement de certaines couches de vernis», a indiqué Sébastien Allard, directeur du département CENSURE... des peintures. Est-il exact qu’Artcurial a censuré une œuvre sous la pression d’Israël dans une vente au profit de ATTENTATS ET CULTURE Reporters sans frontières ? Pourquoi ? Après les attentats de novembre, la France Samuel G. est-elle toujours le 1er pays de destination touristique ? Les touristes sont-ils revenus chez nous pour découvrir La vente aux enchères «d’Artistes à la une», prévue le 27 janvier chez Artcurial au profit de l’association notre culture, notre patrimoine, nos musées... ? RSF, avait pour objectif de défendre la liberté d’expression dans le monde par la vente d’une quarantaine de «Unes» de Libération revisitées par des artistes, exposées les 12 et 13 décembre au palais de Tokyo. Dans un courrier Catherine L. adressé fin décembre à la maison de vente, l’ambassade d’Israël en France a pointé du doigt la Une imaginée par Ernest Pignon-Ernest comme offensante. L’artiste, figure de l’art urbain, avait dessiné Marouane Barghouti, homme Pas encore... C’est pourquoi Laurent Fabius, politique et chef militaire palestinien, avec cette légende : «En 1980, quand j’ai dessiné Mandela, on m’a dit que c’était ministre des Affaires étrangères et du un terroriste». L’ambassade d’Israël s’est indignée qu’Artcurial mette aux enchères un portrait qui puisse comparer Développement international, a présenté l’opération Nelson Mandela, une grande figure internationalement reconnue, à «un projet terroriste et à chercher à faire croire «Le Grand Tour» en janvier dernier. «Alors que que Marouane Barghouti était un homme de paix». À chacun de juger... l’année 2015 a vu notre pays et de nombreux citoyens, amateurs de liberté et de musique, dessinateurs et CHANGER LE MONDE passants de Paris, meurtris en leur cœur, il est essentiel de rappeler que la France sans la culture ne serait pas Dans un prochain numéro, j’espère que vous consacrerez un article au peintre et respectée, aimée, visitée comme elle est», a-t-il déclaré. sculpteur suisse Gottfried Honegger récemment décédé. Espérons que cela saura convaincre les touristes. Éric F. STATUES VOILÉES «Avec Gottfried Honegger disparaît l’un de nos artistes les plus novateurs», a déclaré Fleur Il est honteux que Matteo Renzi, pour qui Pellerin, avec raison ! De ses premiers tableaux-reliefs dans les années 50 jusqu’au tableau- art, culture et identité sont pourtant indissociables, espace plusieurs décennies plus tard, Honegger n’a cessé de repousser les codes de l’art. L’été dernier, ait pu emballer dans des caisses des statues le centre Pompidou avait proposé une rétrospective de ce créateur, dans laquelle il affirmait son antiques du Musée du Capitole afin de ne pas intention de «changer le monde». Cette exposition concentrée sur les créations réalisées entre 1999 «choquer» le président iranien, Hassan Rohani, lors et 2001 permettait de mesurer l’évolution de l’approche artistique d’un précurseur de l’art concret de sa visite officielle ! non figuratif. Nous ne manquerons pas de parler de cet artiste hors norme. Emilio Z. UN PREMIER MUSÉE PALMYRE BLUES … comme si la nudité de marbre pouvait EN MARTINIQUE Je voudrais réagir à la tribune de choquer ! Une question cependant : cela Frédéric Taddeï dans votre dernier numéro... et suffira-t-il à faire un rempart contre le terrorisme ? Pourquoi ne parlez-vous jamais d’Aimé je m’interroge : les trésors de Palmyre, en Syrie, Césaire et des son Campus caribéen des arts de doivent-ils faire l’objet d’une attention supérieure POUR NOUS Fort-de-France, qu’il a créé pour promouvoir les à celle dont jouissent les habitants menacés par ÉCRIRE... artistes locaux ? les tirs de roquette ? Par mail : Étienne S. Kamel B. [email protected] Effectivement, Aimé Césaire (1913-2008) a Évidemment, non ! C’est du moins notre avis. créé le Campus caribéen des arts en 1984, où La vie humaine prime sur toute autre chose... Par courrier : s’est ouverte depuis fin janvier, à l’Habitation Clément, N’oublions pas que ce sont les hommes, justement, l’exposition consacrée à Hervé Télémaque, peintre et qui ont construit ces trésors. Et on espère que leur ARTS MAGAZINE plasticien d’origine haïtienne. L’occasion pour ce lieu destruction inspirera d’autres hommes, d’autres d’inaugurer également les nouvelles salles imaginées artistes. 15, rue Girard par l’architecte Bernard Reichen : 1.000 m², dont 600 de salles d’exposition, et une bibliothèque renfermant 93100 Montreuil quelque 10.000 livres sur la Martinique et les Caraïbes. Enfin un véritable musée d’art en Martinique ! 112 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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ABONNEZ-VOUS Offre spéciale 296 NUMÉROS On ne vous avait jamais parlé d’art comme ça… €P O U R S E U L E M E N T www.artsmagazine.fr 25%SOIT Mars-Avril 2016 - N°101 DE RÉDUCTION EXPOSSélection L’ŒaCIovLoanmEnt Ntmd-giesaCpnrOatdrleIeuNss du printemps FLraédcéhrriocnTiqAuDeDdEeÏ LUSCurKleYs trLaUceKs dEe L 16009 - 101 - F: 7,50 - RD éLt’aEViItXSI-TiEPl uRnE«SaSrtIdOéNgéNnIéSréM»?E boMhpèoOmrterDapIitaGirsitLseIieAdneNnleaI Bel/Lux : 7,90€ - Dom/s : 7,90€ - Cal/s : 950 CFP - Port.Cont : 7,90€ - Mar : 70 Mad - Can/s : 11,99 $CAD AàCLgeoRnloTlèeeuscmetJinpoa,snopsdua,ei rs ul«DaEnMeNaréeniTpsniRovœeinEtluasTBevtiIrouàEenrsN»esnont cdcMoVaenOrOltr’eeSaYmfCroAtpOuoGrUraEin LTaA3LèEmeNT GdDeiimuDseetnilsnliaoan Bulletin d’abonnement à retourner sous enveloppe affranchie, accompagné de votre règlement à :ARTS MAGAZINE - Abopress - 19, rue de l’Industrie - BP 90 053 - 67400 Illkirch - Tél. : 03.88.66.86.10 - e-mail : [email protected], je profite de l’offre «Spéciale rentrée» et je m’abonne à ARTS MAGAZINE pour :6 numéros pour 29 € seulement, au lieu de 39 €, soit 25 % de réduction12 numéros pour 52 € seulement, au lieu de 78 €, soit 33 % de réductionMes coordonnéesNom : - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Prénom : - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -Adresse : - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -Code postal : - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Ville : - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -E-mail : - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - @ - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -Je choisis de régler par :Chèque bancaire ou postal à l’ordre de ARTS MAGAZINE SignatureCarte bancaireN° : Expire fin :Cryptogramme (les 3 derniers chiffres au dos de votre carte) :*Prix de vente au numéro en France métropolitaine 6,50 €. Pour l’étranger, nous consulter. Offres valables 2 mois. Après enregistrement de votre abonnement, vous recevrez votre 1er numéro de ARTS MAGAZINE dans un délai de 4 à 8 semaines environ.Si vous n’êtes pas satisfaits, nous vous rembourserons immédiatement les numéros restants à servir sur simple demande. Conformément à la loi Informatique et Libertés du 6 janvier 1978 : le droit d’accès, de rectification, de suppression et d’oppositionaux informations vous concernant peut s’exercer auprès du Service Abonnements. Sauf demande formulée par écrit à l’adresse ci-dessus, les données peuvent être communiquées à des organismes extérieurs.

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France2 L’œil en coin de Frédéric Taddeï Comment les avant-gardes ont disparuE nseignante-chercheuse à l’École normale supé- nus la norme à partir de la fin du XIXème siècle, que se sont rieure, Béatrice Joyeux-Prunel vient de publier dressées les avant-gardes suivantes : fauvistes, cubistes, ex- Les avant-gardes artistiques, 1848-1918 chez Fo- pressionnistes, abstraits, futuristes... Aujourd’hui, c’est l’art lio. Pour nous qui sommes privés d’avant-gardes contemporain qui tient le haut du pavé. Or, celui-ci prétend depuis presque un demi-siècle, il est intéressant qu’il n’est pas un genre, ni une esthétique particulière, maisde revenir à ce qui fut leur âge d’or, afin de comprendre de l’art «contemporain», l’art d’aujourd’hui, la peinture et laquel bois elles se chauffaient et pourquoi elles ont disparu. sculpture étant renvoyées à l’art d’hier. Comment voulez- vous être plus moderne que l’art d’aujourd’hui ? Pour être une avant-garde, rappelle Béatrice Joyeux-Prunel, il faut être en rupture avec la norme artistique Comme le montre Béatrice Joyeux-Prunel, l’histoirede son temps. Cette veine contestataire va se renouveler des avant-gardes est une histoire transnationale. Lesrégulièrement des années 1850 aux avant-gardistes avaient recours à l’étran-années 1960, puis se tarir. En effet, ger pour s’opposer aux institutionsc’est dans des contextes particuliè- Depuis 30 ans que l’art nationales, jouant d’une capitale contrerement fermés à l’innovation que se contemporain règne une autre, d’une tradition contre l’autre.forment les avant-gardes. Or, depuis sur les arts plastiques, C’est désormais impossible. New York,30 ans que l’art contemporain règne Londres, Paris, Berlin, Shanghai, Tokyosur les arts plastiques, la transgres- la transgression est aiment exactement la même chose etsion est devenue la norme et elle devenue la norme. encensent les 100 mêmes artistes...est très vite légitimée par l’institu- Difficile d’enfreindre les Béatrice Joyeux-Prunel insiste égale-tion. Difficile d’enfreindre les règles règles quand il n’y a plusquand il n’y a plus de règles… ment sur le fait que les avant-gardistes, de règles… pour marquer leur rupture avec les codes On a tendance à croire de nos établis, se servaient de la représentationjours que les premiers à se com- du nu et de la sexualité. Les trois meil-porter comme des avant-gardistes ont été les impres- leurs exemples étant, pour la période 1848-1918, Manet (Lesionnistes, mais non, ce furent les réalistes : Courbet Déjeuner sur l’herbe et Olympia), Matisse (Nu bleu, Sou-d’abord, qui fit scandale au Salon de 1850 avec Un enterre- venir de Biskra) et Picasso (Les Demoiselles d’Avignon).ment à Ornans, Manet Mais, là encore, com-ensuite, qui expose son ment se faire remarquerDéjeuner sur l’herbe dans un domaine oùau Salon des refusés de toute la pornographie1863 et Olympia à celui du monde est devenuede 1865. Les impres- disponible sur Internet,sionnistes ne viennent où tout a été montré etqu’après, en 1874. Il où plus rien ne choqueest d’ailleurs intéres- personne ?sant de noter que si lesmodernes (les réalistes Et voilà commentet les impressionnistes) nous en sommes ar-se sont dressés contre rivés à cette situa-l’académisme (celui tion inédite où ce quides classiques et de est considéré commeleurs descendants, les l’avant-garde, c’estpompiers, qui tenaient l’art institutionnel,le haut du pavé), c’est l’art établi, et où lescontre ces mêmes mo- véritables avant-gardesdernes, qui étaient deve- Édouard Manet, Olympia, 1863, 130,5 x 190 cm. n’existent plus.114 ARTS MAGAZINE n°101 - Mars - Avril 2016

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Grand Palais Liste au 22/01/2016 | * nouveaux participants31 mars - 3 avril 2016La Corée à l’honneurwww.artparis.com Art moderne + contemporain SECTEUR GÉNÉRAL : 110 Chancery Lane Gallery (Hong Kong) | A. Galerie (Paris) | A2Z Art Gallery (Paris) | ABC-ARTE (Gênes) * | AD Galerie (Montpellier) | Galerie ALB - Anouk Le Bourdiec (Paris) | Allegra Nomad Gallery (Bucarest) | Analix Forever (Genève) | Andrea Ingenito Contemporary Art (Naples, Milan) * | Galerie Andres Thalmann (Zurich) | Archiraar Gallery (Bruxelles) | Galerie Arts d’Australie • Stéphane Jacob (Paris) | Boxart (Verona) * | Galerie Cédric Bacqueville (Lille) | Helene Bailly Gallery (Paris) | Bailly Gallery (Genève) * | Galerie Géraldine Banier (Paris) | baudoin lebon (Paris) | Beautiful Asset Art Project (Beijing) | Galerie Françoise Besson (Lyon) | Galerie Binôme (Paris) | Bogéna Galerie (Saint- Paul-de-Vence) | Galerie Jean Brolly (Paris) | Galerie Pierre-Alain Challier (Paris) | Galerie Charlot (Paris) | Galerie D.X (Bordeaux) | Galerie Da-End (Paris) | De Primi Fine Art (Lugano) | Eduardo Secci Contemporary (Florence, Pietrasanta) | Eric Linard Edition (La Garde-Adhémar) * | Flowers Gallery (Londres, New York) | Galerie Pascal Gabert (Paris) * | Galeria Miquel Alzueta (Barcelona) * | Galerie 8+4 (Suresnes) | Galerie Cinéma Anne-Dominique Toussaint (Paris) * | Galerie Faider (Bruxelles) * | Galerie Claire Gastaud (Clermont-Ferrand) | Gimpel & Müller (Paris, Londres) | Galerie Hoffmann (Friedberg) * | Galerie Thessa Herold (Paris) | Galerie Ernst Hilger (Vienne) | HUBERTY & BREYNE GALLERY (Bruxelles, Paris) | ifa gallery (Bruxelles, Shanghai) * | Intersections (Singapour) | JanKossen Contemporary (Bâle, New York) | Kálmán Makláry Fine Arts (Budapest) | Klein Sun Gallery (New York) * | Galerie Koralewski (Paris) | Galerie Pascal Lansberg (Paris) * | L’Agence à Paris (Paris) | Galerie l’antichambre (Chambéry) * | LA BALSA ARTE (Bogota) * | Galerie La Ligne (Zurich) | Galerie Lahumière (Paris) | Galerie Alexis Lartigue (Paris) | Galerie Claude Lemand (Paris) | Galerie Françoise Livinec (Paris) | Galerie Françoise Paviot (Paris) * | Galerie Maria Lund (Paris) | Galerie Marie Hélène de La Forest Divonne (Paris) | Mario Mauroner Contemporary Art (Vienne, Salzbourg) | Mazel Galerie (Bruxelles) * | Galerie Lélia Mordoch (Paris, Miami) | Galerie NeC nilsson et chiglien (Paris) | Galerie Nathalie Obadia (Paris, Bruxelles) | OTCA - OMER TIROCHE CONTEMPORARY ART (Londres) * | ON/gallery (Beijing, Hong Kong) | Galerie Oniris - Florent Paumelle (Rennes) | Galerie Paris-Beijing (Paris, Beijing) | Galerie Pascaline Mulliez (Paris) | Galerie Najuma (Marseille) | Galerie Hervé Perdriolle (Paris) * | Galerie des petits carreaux (Paris, Saint-Briac) | Galerie Photo12 (Paris, Los Angeles) * | Galerie Polad-Hardouin (Paris) | Progettoarte elm (Milan) | Galerie Rabouan Moussion (Paris) | Rebecca Hossack Art Gallery (Londres, New York) | J. 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